Des montagnes de déchets dans les rues de Beyrouth. Photo AFP/Joseph Eid
Mercredi 9 septembre, le gouvernement libanais a approuvé un plan destiné à mettre fin à la crise des déchets qui avait transformé les rues de Beyrouth en décharges en plein air et avait provoqué des grandes manifestations pendant plus d’un mois (à voir dans cette vidéo de BBC). Le plan, qui a été défini par le ministre de l’agriculture libanais Akram Chehayeb comme « soutenable et sûre » (à lire dans le New York Times), prévoit le transfert de la responsabilité de la gestion des déchets aux municipalités, et l’ouverture de deux nouvelles décharges dans le pays. Cette ouverture s’inscrit dans le cadre d’un processus de décentralisation des structures de collecte et d'enlèvement des déchets.
Un pays déchiré par les tensions internes
La crise des déchets avait débuté en juillet, quand la décharge de Naameh, à l’extérieur de la capitale, avait été fermée. Aujourd’hui, cette crise est désormais devenue un symbole des dysfonctionnements de l’Etat libanais, mis à genoux par une classe politique sourde aux besoins primaires des citoyens, de l’électricité à l’eau, de la santé à l’éducation. Le gouvernement est divisé en deux coalitions confessionnelles avec des lignes et des buts politiques divergents: la partie chiite du 8-mars, menée par le mouvement Hezbollah, et la faction sunnite du 14-mars, sous la guide du mouvement Courant du future. Cette polarisation politique et le manque de dialogue empêchent toute prise de décision et maintiennent le pays au point mort.
L’impasse politique et institutionnelle est amplifiée par la vacance du poste présidentiel, qui dure désormais depuis le mois de mai 2014. L’absence d’élections depuis 2009 a mené le Parlement à prolonger son mandat deux fois.
Les protestations continuent
Dans ce climat d’insécurité extrême, l’adoption du plan de sortie à la crise des déchets ne suffit pas à arrêter les protestations des citoyens. Ils ne peuvent plus faire confiance à un gouvernement miné par les divisions internes et souhaitent une véritable révolution populaire. Selon Al Jazeera, au moins 5 000 personnes de tout le Liban ont rejoint le centre de la capitale mercredi soir pour crier leur rage contre la corruption et l’incapacité des politiques à résoudre les difficultés du pays.
La campagne de protestation You Stink (« vous puez »), née de la colère de la population pour l'absence de gestion des débris, est progressivement devenue un moyen pour dénoncer les dysfonctionnements politiques. Durant les derniers mois, elle a connu un succès sans précédent. De milliers de citoyens indignés ont rejoint le mouvement, en prenant la décision courageuse de sortir du climat de désenchantement générale qui paralyse le pays. Habib Battah, journaliste et bloggeur auprès de Beirut Report, montre dans son tweet les actions de protestation.
Protestors are taking over the streets #youstink pic.twitter.com/ZXroDIZKnz
— Habib Battah (@habib_b) 9 Settembre 2015
Aussi le bloggeur Joey Ayoub offre un témoignage des manifestations dans les rues de Beyrouth.
View of the protest uploaded on the #طلعت_ريحتكم page. #Lebanon #Beirut pic.twitter.com/Ln41JPGOBp
— Joey Ayoub جووي أيوب (@joeyayoub) 9 Settembre 2015
Des conflits entre les forces de l’ordre et le mouvement antigouvernemental ont déjà eu lieu, comme en témoigne cet article du New York Times.
Anna Riva