La sécurité des athlètes est redevenue un sujet au cœur des préoccupations dans une saison comptant déjà une trentaine de blessés. Alors que les championnats du monde débutent à Saalbach (Autriche), la fédération internationale de ski (FIS) cherche des solutions pour répondre aux inquiétudes des skieurs.
Vendredi 24 janvier, le dossard numéro 5 ne s’élance pas pour la descente de Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), étape comptant pour la coupe du monde de ski alpin. Pourtant, celle qui le porte, Ester Ledecká, skieuse et snowboardeuse tchèque, n’est pas blessée. La championne olympique de Super G en 2018 n’a pas pu prendre le départ, choquée par la chute de sa compatriote Tereza Nova lors de l’entraînement. Victime d’un œdème cérébral, la skieuse de 26 ans est depuis plongée dans un coma artificiel.
Ce grave accident intervient dans un hiver particulièrement marqué par les blessures et les chutes. Rien que dans le clan français, Cyprien Sarrazin (hématome intracrânien), Blaise Giezendanner (rupture du ligament croisé du genou droit) et Alexis Pinturault (fracture du plateau tibial du genou droit) se sont gravement blessés et ont dû mettre fin à leur saison. La blessure du premier, en décembre à Bormio (Italie), avait entraîné de vives réactions de la part de la délégation tricolore. “Ils ne savent rien faire d'autre que préparer des pistes dangereuses”, avait fustigé le descendeur français Nils Allègre au micro d’Eurosport avant d’ajouter, “ils ne méritent pas les Jeux olympiques”, la piste accueillant la descente des Jeux de Milan-Cortina en 2026. La qualité de la neige sur le bas de la “Stelvio” a également été pointée du doigt par plusieurs skieurs.
Airbag, casque…les pistes de la FIS
À Saalbach, où se déroulent les Mondiaux de ski alpin jusqu’au 16 février, la FIS s’est emparée du sujet en organisant deux réunions de travail sur le thème de la sécurité.
Plusieurs pistes sont envisagées par la fédération comme imposer la veste Airbag - le dispositif est censé être obligatoire depuis cette année mais plusieurs skieurs ont eu le droit à des exemptions - ou encore améliorer la résistance des casques. Dans un entretien accordé à l’AFP, Johan Eliasch, président de la FIS et candidat en lice pour la présidence du CIO (Comité international olympique), s’est exprimé sur le sujet. Le Suédois de 62 ans souhaite “minimiser” et “atténuer” les dangers des courses mais a également rappelé les risques que présente le ski alpin. “Ce n’est pas quelque chose de nouveau, certaines années il y a plus d’accidents que d’autres. Ce qui est clair, c'est qu'avec l'introduction de nouvelles technologies, une plus grande coopération avec l'industrie et une plus grande attention dans ce domaine, nous pouvons certainement apporter de grandes améliorations”, a-t-il expliqué.
Lindsey Vonn, légendaire skieuse américaine de 40 ans, est présente en Autriche six ans après ses derniers mondiaux. Victime de plusieurs chutes dans sa longue carrière, l’Américaine a constaté l’évolution de la pratique de son sport. “Il y a eu de nombreux changements au cours de ma carrière, du moins au niveau du matériel, et nous allons toujours plus vite qu'avant. Une solution simple consiste à changer la piste, à éloigner chaque virage d'un mètre ou deux et à tourner davantage, cela va nous ralentir de 5 ou 10 km/h”, a proposé la championne olympique de descente de Vancouver en 2010. En attendant de potentielles annonces, les skieurs sont attendus en Autriche pour 14 jours de compétitions. Des Mondiaux sans doute riches en surprise avec les absences de nombreux favoris.
Gustave Pinard
Edité par Abel Berthomier