L’ex-président de la Bolivie qui avait démissionné le 10 novembre sous la pression populaire a annoncé lundi 3 février sa candidature au Sénat alors qu’il ne peut se présenter à l’élection présidentielle de son pays.
Evo Morales vient de se porter officiellement candidat au Sénat bolivien. Photo UNIS Vienna CC BY-NC-ND 2.0 / Flickr
Evo Morales continue de s’accrocher à la politique. L’ancien président bolivien, actuellement en exil en Argentine, figure en tête de liste du Mouvement vers le socialisme (MAS) dans la région de Cachambaba au sud du pays, pour être élu au Sénat bolivien lors des élections législatives qui se dérouleront le 3 mai.
L’ancien président ne pourra en revanche participer au scrutin présidentiel qui se déroulera le même jour car Jeanine Anez, la présidente par intérim du pays, a promulgué le 24 novembre une loi interdisant d’exercer trois mandats électifs de suite. Evo Morales en comptabilisait déjà à deux. C'est donc l'ancien ministre de l'Économie, Luis Arce, qui a été désigné par le MAS pour la course présidentielle.
Un bilan économique positif
L’ancien président avait quitté le pouvoir le 10 novembre sous la pression populaire avant de fuir le pays, au Mexique, puis en Argentine. En 2016 il avait notamment perdu un référendum constitutionnel lui permettant de briguer un quatrième mandat. Il était finalement passer outre après une décision du Tribunal constitutionnel. Sa réélection le 20 octobre a marqué le début des contestations car des fraudes et irrégularités ont été pointés du doigt par des observateurs internationaux et par l’opposition. Il avait alors dû faire face à de nombreuses manifestations émaillées de violences avant d’être contraint de démissionner après avoir été lâché par l’armée et la police.
En dépit de ces protestations, son bilan reste plutôt positif lors de ses treize années de pouvoir. La nationalisation des sociétés de production d’hydrocarbures a permis de financer des programmes sociaux et de faire baisser l’extrême pauvreté de 38 % à 15 %. Le chômage a réduit de moitié pour s’établir à 4,5 %, un salaire minimum passé de 60 dollars à 310 dollars et selon le FMI, un PIB multiplié par 4, passant de 9 à 37 milliards entre 2006 et 2019. Premier président indigène du pays, la lutte contre la discrimination a été l’un de ses cheval de bataille et les inégalités sociales ont baissé malgré des discriminations toujours présentes.
Toujours poursuivi pour sédition et terrorisme
Reste qu’Evo Morales est toujours poursuivi pour « sédition et terrorisme » et ses chances de pouvoir rentrer en Bolivie libre sont faibles. Un peu avant l’officialisation de sa candidature, l’ancien président en exil en Argentine avait assuré que les autorités cherchaient à empêcher sa candidature en menaçant ses avocats chargés de l’habiliter auprès du tribunal électoral
Ce dernier doit désormais examiner si les candidatures remplissent les conditions légales. Avec le lancement de la campagne, « une étape décisive du processus électoral et de la consolidation de la paix commence en Bolivie », a salué Jean Arnault, envoyé spécial de l'ONU pour la Bolivie.
Victor Boutonnat