Pour la première fois depuis plus de six mois, un sondage donne Barack Obama vainqueur dans la course à sa propre succession. Un revirement amplement analysé par la presse américaine.
Barack Obama, le 44ème président des Etats-Unis, sera-t-il le 16ème à être réélu ? (Photo: Christopher Dilts/Flickr)
Un sondage réalisé par le Washington Post sur un échantillon de 1 000 personnes accorde un net avantage à Barack Obama dans la course à la Maison-Blanche. Face au favori à l'investiture républicaine, Mitt Romney, le locataire de la Maison-Blanche remporte actuellement 51% des suffrages, contre 45% à son challenger et 4% d'indécis. C'est le premier sondage donnant Barack Obama gagnant depuis le mois de juillet et la première fois qu'il atteint 50% d'opinions favorables depuis la mort d'Oussama Ben Laden, début mai.
Placé face au conservateur Newt Gingrich, il l'emporterait plus largement encore, avec 54% des vois contre 43% au principal adversaire de Romney dans la primaire. Ce sondage intervient à un moment capital de la primaire républicaine, dans laquelle Mitt Romney vient d'enregistrer deux victoires importantes (en Floride et dans le Nevada). Trois Etats sont appelés à se prononcer dans la nuit de mardi à mercredi (Colorado, Minnesota, Missouri) avant une période plus calme, synonyme de trou médiatique pour les républicains.
L'économie, point faible du président
Le questionnaire indique également que le bilan économique de Barack Obama sera son principal handicap durant la campagne, comme l'écrit le Washington Post : “Les résultats du sondage soulignent l'importance du sens que les Américains donneront à l'élection. Si elle est prise comme un référendum sur le bilan d'Obama comme l'espèrent les républicains, il aura du mal à obtenir un second mandat en raison de l'amélioration trop décevante de l'économie. Si l'élection devient un choix (de personne) entre le titulaire et challenger, comme l'envisagent les conseillers d'Obama, ses chances s'amélioreront nettement.”
Inversement, CNN précise que “les nouveaux chiffres montrent que le passé de l'ex-homme d'affaires Mitt Romney est le principal point fort de sa campagne.” Le sénateur multi-millionnaire du Massachusetts est considéré comme étant le plus à même d'améliorer l'économie du pays par 48% des sondés, contre 46% pour Obama. Le président sortant bénéficie en revanche d'une grande confiance des Américains en matière de politique extérieure et de lutte contre le terrorisme, et est davantage vu comme un soutien pour les classes moyennes que Romney. Ce dernier doit notamment subir des critiques pour avoir déclaré dans une interview télévisé qu'il “ne (se) fait pas de soucis pour les plus pauvres, qui disposent d'un filet de sécurité.”
Mitt Romney devance actuellement Newt Gingrich et Ron Paul dans la course à la candidature républicaine (Photo: Creative Common)
Le poids des électeurs indépendants
Barack Obama avait de plus de 10 points de déficit sur Romney auprès des électeurs indépendants (ni républicains, ni démocrates) en automne. Mais, il a pu combler une partie de son retard et obtient aujourd'hui 47% d'intention de vote auprès de ces électeurs considéré comme cruciaux. “Mitt Romney a perdu de nombreux points auprès des indépendants au fil des sondages en raison de la virulence de la primaire républicaine, surtout des attaques de Newt Gingrich. Les électeurs indépendants n'apprécient pas la méchanceté. Ses propositions de taxes ont également contribué à le rendre impopulaire” a déclaré l'analyste politique Kirsten Powers sur Fox News. Sur la même chaine, un autre analyste relativise la valeur du sondage : “Le sondage a été réalisé peu après le discours annuel du président au congrès sur l'état de l'union, qui permet en général de redorer sa cote de popularité” et ajoute que “ces résultats s'expliquent aussi par l'image négative de cette primaire républicaine, qui n'inspire personne.”
Le résultat de cette enquête pourrait porter un coup cruel à la campagne de Mitt Romney, considéré comme le candidat républicain le plus fédérateur et ayant le plus de chances de battre Obama. L'une des questions du sondage indique que deux Américains sur trois trouvent que plus ils en apprennent sur lui, moins ils l'apprécient.
Cedric Dolanc