Selon le New York Times et le Washington Post, le président américain Barack Obama s'apprête à annoncer ce mercredi soir le lancement de frappes aériennes contre l'Etat Islamique en Syrie.
Selon Michele Flournoy, ancienne secrétaire adjointe à la Défense américainne, il s'agit de combattre l'EI "partout où sont leurs cibles stratégiques". Ses fiefs dans les districts de Raqqa et de Deir-ez-Zor, au nord-est du pays, risquent donc de devenir la cible des drones et des bombardiers américains. Une campagne militaire qui s'inscrit dans la continuité des frappes effectuées depuis le 7 août contre l'EI dans le nord de l'Irak.
Si l'avancée des forces de l'Etat islamique en Irak semble s'être arrêtée face aux frappes aériennes américaines et au soutien logistique apporté notamment par les USA, la France, l'Allemagne et l'Angletterre à certaines des forces kurdes qui combattent le "califat", il n'en est pas de même en Syrie.
Les forces de l'Etat islamique y ont récemment remporté d'importantes victoires contre les forces de Bachar el Assad, notamment la prise le 24 août de l'aéroport de Taqba, à la suite de laquelle au moins 150 militaires prisonniers ont été exécutés.
Les hommes du "calife" Al Baghdadi sont également en position de force face aux différentes formations de l'opposition syrienne. Ils luttent avec succès contre les différentes brigades nationalistes, laïques ou islamistes qui les combattent activement depuis février 2014. Mardi 9 septembre, un attentat attribué par certains observateurs à l'EI ou au régime syrien a causé la mort d'au moins trente des dirigeants de la brigade Ahar al Sham, principale composante armée du Front islamique (qui réuni des brigades d'obédience salafistes mais aussi des proches des frères musulmans).
La question se pose donc de l'efficacité de ces frappes en l'absence de forces syriennes susceptibles de compléter ces opérations par une action terrestre. Les brigades opposées à l'EI pourraient même voir leur réputation mise à mal par des attaques les présentant comme des alliés objectifs des forces américaines.
Livraisons d'armes françaises
La tournée entamée ce mercredi à Bagdad par le secrétaire d'Etat américain John Kerry afin de bâtir une coalition internationale contre l'EI pose aussi la question des éventuels partenaires internationaux des américains dans l'hypothèse d'un élargissement des frappes au territoire syrien.
La France livre actuellement des armes aux forces du gouvernement régional du Kurdistan. Elle contribue également au parachutage d'aide humanitaire et n'exclut pas de procèder dans l'avenir à des bombardements en Irak. Le Président de la République François Hollande a déclaré hier qu'il se rendrait vendredi dans le pays, à Bagdad ou à Erbil pour rencontrer des représentants du gouvernement régional du Kurdistan et du nouveau gouvernement irakien.