Ce jeudi, les ministres européens de l'Intérieur, réunis à Bruxelles, doivent notamment voter pour ou contre l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen. Elle devrait être repoussée, comme c'est le cas depuis 2010.
Le gouvernement du roumain Victor Ponta (avec les lunettes à droite) est prêt à renoncer à l'intégration dans l'espace Schengen si les ministres européens s'y opposent. Crédits : Scheremitus (photo ci-dessus) Aldeadle/flickr (Vignette).
La Roumanie et la Bulgarie vont-ils intégrer l'espace Schengen ? A priori, non. Les ministres européens de l'Intérieur vont en décider dans la journée, à Bruxelles. Mais dès lundi, l'Allemagne a clairement donné un avis négatif par la voix du ministre de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich : « Si la Roumanie et la Bulgarie insistent sur un vote, leur tentative échouera à cause de notre veto. Même l'idée d'un feu vert partiel, par exemple pour l'entrée par voie aérienne et dans les ports, est exclue ». La Finlande brandit la même menace. La France et les Pays-bas y sont également opposés. On est donc bien loin de l'unanimité nécessaire. Le gouvernement roumain en a pris acte et a concédé que si son dossier ne passait pas, cette intégration ne serait plus une priorité à ses yeux.
Pourtant, lors de la demande d'adhésion en 2010, ceci ne devait être qu'une simple étape symbolique, sachant que Roumains et Bulgares pouvaient déjà circuler librement dans l'espace communautaire. Pour le président roumain Traian Basescu : «l'achèvement du processus d’intégration dans l'Union européenne passera par l'adhésion à l'espace Schengen».
3 ans de refus
Depuis trois ans, les événements ont fait peser la balance dans l'autre sens. D'abord, lors de l'été 2010, Nicolas Sarkozy lançait une campagne médiatique contre les Rroms, majoritairement venus de Roumanie et de Bulgarie. La France était alors la première à évoquer le refus de leur dossier évoquant la corruption des douaniers aux frontières.
Aujourd'hui encore, pour la France et l'Allemagne, la Roumanie serait gangrenée par la corruption, et la Bulgarie par le crime organisé. Malgré quelques efforts de façade de leur part, le dossier est sans cesse repoussé. Aujourd'hui, les crises politiques dans les deux pays offrent de nouveaux arguments à leurs détracteurs. Le gouvernement bulgare est tombé il y a deux semaines après des manifestations populaires, alors que la grève parlementaire de l'opposition de gauche a eu la tête du premier ministre roumain.
François Chevré