Au moins dix morts sont encore à déplorer lundi 26 février 2018, dans la Ghouta Orientale, à l'Est de Damas, en dépit de la trêve votée à l'ONU samedi.
« Les résolutions du Conseil de sécurité n'ont un sens que si elle sont effectivement respectées », a insisté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Le cessez-le-feu voté samedi 24 février 2018 à l'ONU a été rapidement ignoré. Au moins dix civils, dont neuf membres d'une même famille, sont morts ce lundi à la suite de raids aériens menés par le régime syrien, à Douma, ville principale de la Goutha orientale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Vladimir Poutine ordonne une « trêve humanitaire »
Le cessez-le-feu de trente jours devait pourtant s'appliquer « sans délai ». Le fief rebelle de près de 400 000 habitants fait l'objet d'une offensive meurtrière du régime, les bombardements quotidiens se sont intensifiés depuis le début du mois de février. Plus de 550 civils ont été tués en huit jours.
La Russie, qui avait déclaré que le cessez-le-feu débuterait lorsque tous les acteurs du conflit se mettraient d'accord (malgré la résolution prise samedi) a finalement ordonné, ce lundi, l'instauration d'une « trêve humanitaire » quotidienne dans la Ghouta orientale, à partir de mardi.
« Sur ordre du président russe et dans le but d'éviter les pertes parmi les civils de la Ghouta orientale, une trêve humanitaire quotidienne sera instaurée à partir du 27 février de 9 à 14 heures », a indiqué le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, cité par les agences russes. Selon le ministre, des « couloirs humanitaires » devraient être mis en place pour permettre l'évacuation des civils.
Des soupçons d'attaque chimique
L'OSDH fait état de 13 civils ayant éprouvé des difficultés à respirer à la suite d'un raid aérien mené dimanche par le régime et d'un enfant de trois ans mort asphyxié. Une attaque à l'arme chimique est suspectée dans le village rebelle de al-Shifuniyah, à l'Est de la Goutha orientale.
« Une odeur de chlore se dégage des vêtements et de la peau de la plupart des patients. Beaucoup ont des difficultés respiratoires et des irritations au niveau des yeux et de la peau », a affirmé à l'AFP un médecin sur place. Des propos corroborés par les déclarations de la Syrian American Medical Society, une ONG médicale.
La Russie, alliée de Damas, a de son côté accusé les insurgés d'avoir eu recours à des substances toxiques afin d'accuser les forces gouvernementales d'utiliser des armes chimiques contre la population civile, selon un communiqué publié dimanche par le ministère russe de la Défense.
La banlieue de Damas fait partie des zones de désescalade en vertu de l'accord signé en mai 2017 par la Russie, l'Iran et la Turquie. Mais le lancement de l’offensive du régime, il y a une dizaine de jours, et l’échec des tentatives successives pour instaurer une trêve ont conduit à un désastre humanitaire.
Aurélia Abdelbost