Des centres de détention secrète américains ont abrité de lourds actes de torture durant la guerre d'Irak. C'est ce que révèlent le Guardian et la BBC dans un documentaire, qui pointe la responsabilité du Pentagone.
Quinze mois passés à enquêter sur des centres de détention secrète où des « commandos spéciaux de la police » américains ont torturé des prisonniers en Irak entre 2004 et 2005. Le résultat, un documentaire de 51 minutes du Guardian et de la BBC qui révéle que le Pentagone est impliqué dans les actes de torture du commando, supervisé par un vétéran des « sales guerres » d'Amérique centrale, le colonel James Steele.
Le Guardian parle d'un « réseau de centres de torture » où les commandos spéciaux cherchaient à soutirer des informations aux insurgés sunnites. « Les pires actes de torture de l'occupation américaine en Irak » se déroulaient dans ces bâtiments financés par des « millions de dollars » du gouvernement. Un général irakien, Muntadher al-Samari, a été témoin de tortures commises avec des « décharges électriques, pendaisons à l'envers, arrachages des ongles, coups sur les organes génitaux ». De nombreux membres de milices chiites « violentes et sectaires », un temps bannies par l'armée américaine, ont intégré ces commandos spéciaux. Pour le journal britannique, ces centres de tortures ont « contribué à la guerre civile où mourront des dizaines de milliers de personnes » dans le pays.
Au cœur de ce dispositif, le colonel à la retraite James Steele, 58 ans, nommé par Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense. A la retraite lui aussi, le colonel James H. Coffman, « conseiller spécial » et bras droit de Steele, avait pour référant direct le général Petraeus. Lequel Petraeus, salué pour son commandement des opérations en Irak, bénéficiait d'un statut de héros national aux Etats-Unis avant de devoir faire face depuis novembre 2012 à un scandale sexuel sur fond d'adultère.
Jusqu'ici, les journaux américains se font discrets sur ces révélations. Le New York Times y consacre un article de blog, qui remarque que dix ans après le début de la guerre en Irak, sa face noire se fait jour : « Du Pentagone à la justice britannique, en passant par l'Ouganda, des révélations récentes sur la torture, les meurtres, les kidnappings et les morceaux de corps refont surface. » Les colonels Steele et Coffman n'ont pas encore réagi aux lourdes accusations du quotidien britannique.
Anna Cuxac