Les autorités israéliennes ont autorisé, ce mardi 7 février, la création d'un camp de rétention pour les clandestins. D'ici juin, près de 3000 personnes pourront y être écrouées.
Des barrières sont en construction au désert de Néguev, base du futur camp de rétention (Crédit photo: nitot)
Un camp de rétention pour immigrés sera implanté en Israël. Le projet approuvé par les autorités israéliennes ce mardi 7 février était en étude depuis novembre 2010. C'est la solution que le gouvernement israélien a trouvé au problème d'immigration croissante. Ce camp sera créé dans le désert du Néguev à la frontière égyptienne. Une somme de 250 millions de shekels va être débloquée pour financer les travaux, soit 51 millions d'euros.
Les installations seront pour la plupart des "structures transportables et démontables", selon le ministère de la défense. À partir de juin, le centre accueillera 3000 immigrés clandestins et aura à terme une capacité de 11 000 places. L'objectif : dissuader principalement les nombreux clandestins originaires du Soudan et d’Érythrée, qui arrivent en Israël après avoir traversé le Sinaï, en Egypte. Selon des statistiques, il y a eu 52 487 immigrants illégaux en Israël en 2011. La même année, 16 816 Africains sont entrés clandestinement dans le pays depuis l'Egypte, dont 2 931 pour le seul mois de décembre.
Trois ans de détention sans charge ni procès
Parallèlement, une loi a été adoptée par le parlement en janvier 2012. Celle-ci prévoit que les détenus peuvent être incarcérés sans charge ni procès pendant plus de trois ans. Le même traitement peut être réservé aux mineurs accompagnés de leurs parents. Et les personnes organisant le passage des clandestins peuvent être condamnés à 15 ans de prison. Le parlement israélien a également décidé d'accélérer la construction d'une barrière longue de 240 km à la frontière israélo-égyptienne, approuvée par le premier ministre Benjamin Netanyahu en 2010.
Après l'adoption de la loi sur la détention des immigrés, Amnesty International a dénoncé une violation du droit international. "Si les autorités israéliennes ont le droit de protéger leurs frontières, elles ne sont en revanche pas autorisées à manquer à leurs obligations internationales en matière de droits humains envers les demandeurs d'asile, les réfugiés et les migrants, ou à en faire des délinquants – des ‘infiltrateurs’ –, ce qui ne fait qu'alimenter la xénophobie et la discrimination", avait déploré Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
Mais Israël reste déterminé à poursuivre sa lutte contre l'immigration clandestine. Le pays a également mis en garde les entreprises qui emploient ces clandestins. Un budget de 130 millions d'euros est prévu pour financer l'ensemble du programme.
Leyla Doup Kaïgama