Le Parlement européen doit se positionner le 7 février sur l’autorisation des nouvelles techniques génomiques. Mais une partie des eurodéputés s’inquiète de l’arrivée de ces « nouveaux OGM ».
Les opposants au projet sur les NTG se sont rassemblés devant le Parlement européen à la veille du vote. ©Zoé Dert-Chopin
Certaines sont déguisées en vaches, d’autres en épis de maïs. Pendant que les eurodéputés s’écharpaient mardi midi dans l’hémicycle au sujet des nouvelles techniques génomiques (NTG), une cinquantaine de personnes sont venus signifier leur colère. Au pied du Parlement européen à Strasbourg, les manifestants s’expriment contre l’autorisation prochaine des NTG. Mercredi midi, les élus voteront si oui ou non ils approuvent de légiférer en faveur de l’autorisation des NTG. Le texte tel quel ne prévoit pas d’obligation d’indiquer aux consommateurs la présence de NTG dans les denrées, ni pour les agriculteurs d’être prévenus si un voisin exploitant a recours à ces biotechnologies.
Pour leurs détracteurs, les NTG ne sont rien d’autre que de « nouveaux OGM », interdits sur le sol de l’Union européenne depuis 2001. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) désignent ces espèces végétales qui ont subi des techniques visant à modifier leurs gènes avant leur croissance pour les rendre plus résistantes aux maladies ou aux aléas climatiques. Selon leurs défenseurs, les NTG permettent une modification plus ciblée du génome des végétaux. Ainsi, les espèces seront génétiquement modifiées de manière plus maîtrisée, grâce au développement de l’épigénétique, ce qui diminuerait les risques pour la santé des consommateurs, contrairement à ce qui avait été reproché aux OGM.
Un enjeu de souveraineté alimentaire
C’est en tout cas l’avis de la commission environnement du Parlement pour qui les NTG sont « des outils innovants qui peuvent contribuer à accroître la durabilité et la résilience de notre système alimentaire ». Autrement dit, ceux qui défendent l’autorisation de ces biotechnologies, surreprésentés parmi Renaissance (Renew, centre-droit) et le Parti populaire européen (PPE, droite), arguent que les NTG sont la solution pour permettre à l’Union européenne de prendre en main sa souveraineté alimentaire. « Ce texte doit respecter le droit des consommateurs et ces biotechnologies doivent faire l’objet d’examens scientifiques approfondis », martèle l’eurodéputé français socialiste Christophe Clergeau, qui a suivi les négociations au sein de la commission environnement pour son groupe parlementaire.
La pression des lobbies
« La Commission européenne ne doit pas jouer aux apprentis sorciers », prévient Manon Aubry, à la tête du groupe d’extrême-gauche The Left, en pointant l’institution qui a initialement relancé le processus d’autorisation des NTG. Philippe Lamberts, eurodéputé Les Verts belge, pointe à son tour la pression des lobbies de l’industrie agrochimique. « En tant qu’avide lecteur d’Adam Smith, j’ai retenu que lorsque ceux qui ont des intérêts à faire du profit orientent les politiques du monde, il faut être prudent », confie l’écologiste qui mentionne cyniquement l’économiste libéral.
Si l’issue du vote est prévisible avec un centre-droit et une droite majoritaires au Parlement, Christophe Clergeau tente de rassurer malgré tout. « C’est tout ce qu’on peut gagner pour demain », conclut-il à la foule de manifestants, à peine sorti du débat où il a appelé ses quelque 704 collègues à voter les amendements les plus restrictifs parmi les 250 déposés.
Zoé Dert-Chopin
Édité par Kilian Bigogne