Le pape a déclaré mardi, au retour d’un voyage à Abu-Dhabi, que des clercs catholiques ont agressé des nonnes. Selon le pape, ce problème est toujours d’actualité.
Au retour d’Abu Dhabi, le pape François a fait des déclarations qui ont eu des répercussions dans le monde entier : « Oui, dans l’Église catholique des nonnes étaient et sont victimes d’agressions sexuelles par des clercs ». Le pape ne s’est pas arrêté là : « Je crois que c’est toujours le cas pour quelques clercs, c’est un véritable problème et c’est une chose à laquelle il est difficile de mettre un terme ».
« Les sœurs concernées placent souvent une confiance aveugle dans leurs supérieurs et ces derniers abusent de cette position », déclare Bernard Xibaut, chancelier diocésain de l’archevêché de Strasbourg chargé de l’établissement et de la conservation des archives. Il se dit choqué face à la situation dénoncé par le pape : « C’est clairement un cas d’abus spirituel et l’asservissement ici est particulièrement élaboré. Ceux qui abusent sont plus hautement placés dans la hiérarchie et ils font croire aux religieuses qu’à travers l’acte sexuel, elles vont être mises en lien avec quelque chose de fort, de plus grand. »
Ces nouveaux scandales font écho aux affaires d’abus sur mineurs, avec une différence importante : « Des abus sur les mineurs doivent obligatoirement être dénoncés auprès de la justice, la question du consentement sexuel chez les majeurs est beaucoup plus complexe », détaille Bertrand Xibaut. D’autant plus que les nonnes et les clercs devraient vivre une vie en absence de relations sexuelles. Pour Bertrand Xibaut le célibat peut être compris comme une règle imposée par l’Église catholique alors que le vœu de chasteté, donc l’absence de relations sexuelles, n’est qu’un vœu, une volonté exprimée, selon laquelle la personne décide de vivre sa foi.
Ces questions seront discutées à la fin du mois lors d’une concertation à Rome qui a été initiée par le pape. Il prévoit de sensibiliser les évêques du monde entier pour empêcher à l’avenir des abus sexuels au sein de l’Église catholique. Les déclarations du pape François montrent qu’il souhaite apporter des véritables réponses à des problèmes dont on semble seulement voir la partie émergée de l’iceberg.
Bertrand Xibaut trouve qu’établir une relation saine à la sexualité au sein de l’Église catholique est une tâche difficile d’établir. Les abus ne seraient « pas forcément liés au célibat mais plutôt des dérives individuelles des clercs concernés ».
Pour le chancelier diocésain, il faudrait mener un travail de sensibilisation basé sur deux axes : « Il faudrait tout d’abord travailler sur la bonne volonté des personnes qui s’engagent dans l’Église catholique et revoir la formation des futurs prêtres. » En même temps, l’Église catholique devrait, ce qu’elle n’aurait pas assez fait jusque-là, faire un travail de sensibilisation avec les personnes susceptibles de devenir des victimes potentielles. Selon Bertrand Xibaut, le concept du prêtre sacré qui est proche d’une forme de gourou aurait été véhiculé par le cléricalisme. Celui-ci aurait fait que des sœurs religieuses ont été formées dans l’idée qu’il faudrait faire tout ce que le prêtre dit ». Pour lui il faudrait absolument revoir cet aspect-là, car au contraire « il ne faut pas faire tout ce que dit le prêtre, il y a clairement des limites ».
Annika Schubert