Alexis Tsipras continue son bras de fer avec l'Allemagne ce vendredi à Bruxelles. (Photo LSE / Flickr / CC)
Après deux échecs en dix jours, la Grèce et la zone euro, emmenée par l'Allemagne, se rencontrent une nouvelle fois ce vendredi à Bruxelles, pour trouver une issue au plan d'aide grec.
Duel entre pot de fer et pot de terre, round 3 ! Pour la troisième fois en dix jours, le ministre des Finances grec et ceux de la zone euro se rencontrent ce vendredi à Bruxelles pour débattre du prolongement du financement de la Grèce, qui expire le 28 février. Faute d'accord, le pays risque de se retrouver rapidement à court d'argent.
Des négociations qui virent au face à face avec l'Allemagne. L'inflexible ministre des Finances, le conservateur Wolfgang Schäuble, exige la poursuite de l'assainissement de ses finances publiques et des réformes structurelles. Et manifestement, Athènes cède peu à peu.
Il y a deux semaines, Alexis Tsipras était déjà revenu sur la promesse phare de sa campagne pour les législatives: l'annulation de la moitié de la dette grecque. Dans une interview accordée au Financial Times, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis avait enterré l'annulation de la dette pour proposer une autre stratégie, plus conforme aux désirs européens. "Je veux réduire l'astronomique dette en remplaçant les prêts accordés par les partenaires européens par des obligations indexées sur la croissance", avait-il détaillé. Le ministre proposait ainsi de faire redémarrer l'économie et ensuite d'indexer la dette sur la croissance engendrée.
Yanis Varoufakis proposait également de "remplacer les obligations détenues par la BCE par des obligations dites perpétuelles”. Dans ce système, les titres obligataires ne seraient jamais remboursés, mais continueraient à produire des intérêts indéfiniment.
Nouvelle infléchissement jeudi matin : dans un courrier adressé à Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe, le gouvernement grec accepte la "supervision" des décideurs européens (BCE, Commission...) et s'abstient de "toute action unilatérale" qui saperait ses objectifs budgétaires.
"Un cheval de Troie"
Il réclame en échange une certaine "flexibilité" permettant de revenir sur les mesures d'austérité les plus douloureuses. La Commission Européenne s'est voulue conciliante: "un accord est possible (...), si tout le monde est raisonnable", a declaré vendredi Jean-Claude Juncker, son président. Un appel du pied à l'Allemagne.
Peine perdue, dès la reception de la demande grecque, Wolfgang Schaüble l'a sèchement rejetée, n'y voyant "pas de solution substantielle". L'Allemagne a comparé sa demande d'extension à un "cheval de Troie" qui viserait à obtenir un "financement-relais" de plusieurs mois et "à mettre fin au programme actuel".
Berlin "suit une ligne plus dure que celle exprimée à la dernière réunion des ministres des Finances de la zone euro le 16 février", a déploré une source gouvernementale grecque. Dans une ultime tentative pour convaincre Berlin, Alexis Tsipras s'est entretenu jeudi soir avec la chancelière Angela Merkel. Il a aussi appelé le président français, François Hollande, a annoncé une source gouvernementale grecque.
La réunion de vendredi est donc décisive pour Alexis Tsipras. La pression sera sur ses épaules. Après avoir tant promis au peuple grec, il pourrait être accusé de ne pas tenir la barre.
Mark Ionesco