Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
L'association sportive des cheminots de Strasbourg (ASCS) a fait sa rentrée au début du mois. Avec 500 cheminots pour 1300 adhérents, l'association voit se réduire le nombre d'employés SNCF au profit d'un nouveau public. Le club de badminton en est une illustration, le gymnase avenue du président Wilson, n'accueille plus que trois cheminots sur 100 inscrits. En revanche, on y retrouve de nombreux habitants du quartier, qui représentent les trois quarts des inscrits de la section.
Pierre Lemerle et Raphael Boukandoura
Depuis avril 2014, la crèche franco-allemande a ouvert ses portes au Port du Rhin. Les enfants accueillis y découvrent une pédagogie peu connue en Alsace, la pédagogie ouverte.

Des enfants et des éducatrices des deux nationalités sur deux étages: la crèche franco-allemande du Port-du-Rhin accueille les petits de dix mois à trois ans. Trente places sont réservées aux français, et 30 autres aux allemands. Les murs donnant sur la résidence des Deux-Rives et la cité Loucheur sont vitrés, ouverts sur le neuf et l'ancien. Au rez-de-chaussée de cette structure de 1200 mètres carrés, une grande salle accueille une vingtaine d'enfants, la plupart jouent et courent autour de quatre éducatrices assises sur des matelas au sol. « Ici, chacun est présent pour tout le monde », assure la directrice Marie-Madeleine Schwaller, juste avant qu'un enfant ne se mette à pleurer et qu'elle se lève pour s'en occuper.
Ce n'est pas la première crèche franco-allemande de Strasbourg, mais c'est la première en Alsace à être dédiée à la pédagogie ouverte. L'enfant y occupe une place centrale, la journée s'organise selon ses désirs. A rebours des principes appliqués dans les crèches françaises où la journée des enfants est réglée strictement par les adultes, estime Marie-Madeleine Schwaller. La pédagogie ouverte trouve aussi sa limite. « Par exemple, quand un enfant veut manger quatre fois par jour et a déjà un peu de surpoids. Là, il faut que nous disions non. »
La dimension transfrontalière du projet doit se refléter dans chaque facette de l'établissement. La ville de Kehl et la CUS ont ainsi confié la réalisation de cette Maison de la petite enfance à deux architectes, l'un français, Pascale Marion, l'autre l'allemand Ralf Micker. De même, les quatorze éducateurs et éducatrices sont pour moitié français, pour moitié allemands. Et si la directrice est française, car l'immeuble se trouve sur le sol français, son adjointe est allemande, à la demande de la ville de Kehl. « Ici, c'est vraiment la parité stricte en matière de nationalités », précise Marie-Madeleine Schwaller.
Parité stricte sur sol français
La crèche se trouvant sur le territoire français, elle suit la législation du pays. Cependant, les règles allemandes sont également appliquées. Dès lors, la crèche est contrôlée par la PMI (Protection maternelle et infantile) du côté français et la KVJS (association pour la jeunesse et affaires sociales en Bade-Wurtemberg) du côté allemand, mais aussi par les villes de Kehl et de Strasbourg. Les entretiens d'embauche sont menés par la ville de Kehl pour les éducatrices allemandes et la ville de Strasbourg pour les françaises.
Venue d'allemagne, la méthode de la pédagogie ouverte attire surtout les familles françaises et franco-allemandes. En effet, les 30 places strasbourgeoises, réservées pour moitié aux gens du quartier, sont toutes prises depuis l'ouverture de la structure en avril dernier. Et les 30 places kehloises ont surtout séduit des couples franco-allemands - seules trois familles « germano-germaines » ont tenté l'aventure.
S'il reste quelques places côté allemand, la direction de la crèche estime que l'établissement devrait être plein d'ici la fin de l'année - le système allemand autorise les inscriptions en cours d'année. Restera à faire le lien avec le quartier, notamment côté français. Pas toujours facile, surtout quand il est question de pédagogie ouverte et de garde des enfants. En effet, dans la crèche transfrontalière, les enfants vont et viennent comme ils veulent au sein du bâtiment, les éducatrices sont, elles, responsables de zones de la structure. « Au début, les mamans du quartier sont venues nous avertir que les enfants montaient et descendaient tout seul l'escalier. Elles étaient inquiètes. On les a rassurées en expliquant qu'il y a une responsable dédiée aux seuls escaliers », raconte Marie-Madeleine Schwaller. Pas à pas, la symbiose entre la crèche et le quartier progresse.
En travaux depuis 2012, l'école du Rhin doit s'adapter. A l'image du quartier, la remise en état de cet établissement construit en 1936 s'est imposée. Pour assurer la continuité des enseignements, l'équipe pédagogique est contrainte de déplacer les enfants chaque année dans les différentes ailes de la structure, au gré des travaux en cours. Les opérations de construction devraient s'achever en juin 2015, un soulagement pour la directrice de l'école et les instituteurs.
Mark Ionesco et Maurane Speroni
Des élèves de 6e du collège François Truffaut se mettent dans la peau de journalistes afin de préparer la semaine du goût qui se tiendra du 13 au 19 octobre.
Vendredi 19 septembre, une dizaine d'élèves font leurs premiers pas d'apprentis journalistes. Armés d'un micro, ils interrogent leurs camarades et le personnel du collège François Truffaut sur leurs habitudes alimentaires pour préparer la semaine du goût (du 13 au 19 octobre).
Les productions, encadrées par Laetitia Boulom, professeur documentaliste à l'initiative du projet, seront diffusées sur le site du collège et lors d'un repas collectif réunissant les jeunes et leurs parents en clôture de la semaine du goût. En tout, 40 collégiens répartis en groupes, se sont portés volontaires pour cette initiation aux médias qui se poursuit jusqu'aux vacances de la Toussaint.
Anne-Claire Gross
L'impatience monte dans la maille Catherine. La construction de la Maison de Hautepierre, futur pôle de services du quartier, s'éternise. Elle devait ouvrir ses portes en octobre 2014, il faudra attendre mai 2015, au plus tôt.
Arrêt de tram le Galet à Hautepierre. Difficile d'identifier le centre social et culturel du même nom : aucune enseigne, seule une affichette sur la porte signale qu'il est bien là, à côté de la pharmacie. Derrière la grande façade orangée et un parvis flambant neuf, une grue surplombe encore les chantiers de la Maison de Hautepierre. Le temps se fait long pour les habitants et les acteurs de ce futur pôle de services. La Maison de Hautepierre aurait dû ouvrir ses portes en octobre, mais sa livraison est reportée à mai 2015. De longues procédures administratives et des travaux supplémentaires tels que le renforcement des fondations et des opérations de désamiantage ont allongé le chantier, démarré en avril 2013.
La Maison de Hautepierre s'inscrit dans le Projet de rénovation urbaine (PRU) du quartier. Aux trois bâtiments occupant déjà cet espace – le Galet, le centre médico-social et une pharmacie – viendront s'ajouter cinq nouveaux lieux pour constituer dans la maille Catherine un pôle réunissant l'ensemble des services aux habitants. Une médiathèque regroupant les bibliothèques du quartier, le lieu d'accueil parents-enfants La p'tite mosaïque et le multi-accueil petite enfance Balthazar y prendront place, ainsi que des locaux associatifs destinés notamment à accueillir les Restos du coeur. Le service jeunes la Passerelle, renommé le Ricochet, déménagera de la maille Karine à la maille Catherine. « Avant, on fonctionnait vraiment par maille, le PRU a voulu décloisonner cela », explique Michèle Ramey, présidente du centre social et culturel. Mireille Leroux, responsable de la bibliothèque jeunes, attend cet aménagement avec impatience : « Une véritable synergie va se développer avec les structures associatives. » Le patio de 300 m2 de la nouvelle médiathèque accueillera ainsi concerts, projections et événements culturels.
Des retards en chaîne
L'ouverture du pôle au printemps prochain est encore loin d'être certaine. « Les travaux devraient être finis en mai 2015, à condition qu'il n'y ait pas d'intempéries cet hiver. Il y a eu beaucoup de retard mais l'architecte ne s'était jamais engagé sur une date précise », rappelle Michel Latreille, responsable de la bibliothèque adultes. Michèle Ramey, qui suit l'avancée des chantiers au jour le jour, est persuadée que ce délai ne pourra être tenu.
Un quartier dans l’expectative
Réfection du hall d’entrée, extension de la cuisine pédagogique et mise en conformité de sécurité : la rénovation du Galet s'est achevée mi-septembre, avec près d'un an de retard. « On a été obligé de jongler avec les salles, de supprimer certaines activités donc la fréquentation a diminué. On a dû arrêter les thés dansants et des lotos », témoigne Michèle Ramey. La présidente du centre social et culturel regrette le report de certains projets : « Le studio Hautepierre où les jeunes viennent faire de la musique devait bénéficier de travaux, mais faute de financement, ça ne s’est pas fait. »
L'achèvement de la Maison de Hautepierre marquera l’une des dernières étapes du Projet de rénovation urbaine du quartier initié en 2009. « 90% des travaux ont été réalisés », affirme Etienne Jost, directeur du PRU. Mais les habitants sont encore loin d'en avoir fini avec les projets urbanistiques. Ce chantier à peine terminé, un deuxième PRU concernant cette fois les mailles Brigitte et Eleonore devrait être signé à la fin de l’année 2015.
Célia Garcia-Montero et Anne-Claire Gross

La place de l'Hippodrome a été inaugurée au début du mois. Elle accueillera en 2017 une station de tramway. Photo RC
Avec l'ouverture de la résidence du jardin des Deux-Rives en début d'année et l'extension du tramway en cours, le Port du Rhin s'étend. De nouveaux résidents s'installent, en bordure du fleuve, mais les habitants de la cité historique cherchent des raisons d'espérer.
Assis sur un banc de la place de l'Hippodrome, Linda, Brenda et Jason (*), riverains de la cité Loucheur, refont le monde en rigolant. Inaugurée début septembre, la place est devenue le lieu central de la zone résidentielle du Port du Rhin. D'un coté, la cité Loucheur, qui héberge près de 1500 personnes, soit la majorité des habitants du quartier. De l'autre, passé la route transnationale du Rhin, le récent complexe résidentiel des Deux Rives et ses 380 logements basse consommation. Les nouveaux voisins s'y croisent sans se rencontrer. « La place, on y vient, mais elle n'est pas pour nous, commente Brenda, 55 ans et sans emploi. On peut dire que c'est une frontière, il y a clairement deux mondes différents. J'ai l'impression qu'ils vont construire un mur pour nous isoler. Les nouveaux habitants ne nous remarquent pas, sauf pour nous demander où sont les arrêts de bus. Ou lorsqu'ils viennent le dimanche à l'épicerie de la cité. Et nous, on n'a pas vraiment envie de les rencontrer non plus. »
Plus loin, Marie, sortie du bus faisant la liaison avec le tramway, porte ses courses d'un pas pressé. À 54 ans, elle s'est installée avec ses deux enfants dans l'un des 80 logements aidés gérés par Opus 67 dans le nouveau complexe résidentiel. « C'est très bien, mieux que ce que j'avais à Bischheim. Mais quand je sors du bus, place de l'Hippodrome, je ne regarde même pas en direction de la cité ».
Un quartier en grande expansion
Le Port du Rhin, avec un taux de chômage élevé et une majorité de logements sociaux, est l'un des quartiers les plus pauvres de Strasbourg. En 2009, suite aux évènements en marge du sommet de l'OTAN, la mairie de Strasbourg a lancé le schéma directeur des Deux Rives, dont le but est de redynamiser le quartier afin d'en faire « un pivot de l'Eurodistrict ». Parmi les objectifs phares, beaucoup sont déjà sortis de terre, et Habitation Moderne a démarré les travaux de 140 logements sur l'îlot Jeanne-d'Arc, derrière l'église du même nom. A l'horizon 2017, l'extension de la ligne D du tramway vers Kehl desservira la zone.

La plupart des logements de la résidence des Deux-Rives sont occupés. Les travaux ne sont pas totalement terminés. Photo CUEJ - Maurane Speroni
La cité Loucheur a, elle aussi, bénéficié du réaménagement du quartier. Au premier plan, la rénovation des cours intérieures et des façades. « Un cache-misère, pour Aïssa, livreur de 40 ans né dans le quartier. On est toujours les derniers ici, ils nous ont mis dans un coin. Il y a trois ans, des travaux d'intérieur pour épaissir les murs ont été faits. Mais j'entend toujours mes voisins chuchoter ». Un discours partagé par beaucoup d'habitants de la cité, mais pas par les nouveaux riverains. « On est vraiment bien placés, se réjouit Madame Marcino, installée avec son mari depuis mai 2014. Un bus nous emmène en Allemagne ou au centre de Strasbourg, et des petits commerces doivent ouvrir en bas de la résidence. Le quartier est en grande expansion, sans parler du tram qui va arriver. On a un 70 m² avec balcon et terrasse, qu'on paye 840 euros par mois. Tout est très bien isolé ».
Un clivage social qui s'accentue
Gérard Schann est le président de l'association Au-delà des Ponts, dont le centre socio-culturel est basé dans la cité. Pour lui, la méfiance ambiante s'explique notamment par l'emplacement géographique de la cité. « Les habitants du quartier Loucheur sont coincés entre la RN4, la voie ferrée et le Rhin. Ils ont développé un comportement insulaire et un sentiment d'appartenance avec une forte identité. Beaucoup craignent l'évolution et voient les nouveaux arrivants d'un mauvais oeil. Il est clair que les travaux d'agrandissement du quartier, qui s'intègrent dans l'agglomération du Heyritz à Kehl, n'ont pas été faits spécialement pour eux. Pourtant, ils vont indéniablement en bénéficier même s'ils ne s'en rendent pas encore compte. La prise de conscience arrivera à terme ». Marcelle, 88 ans, a cet espoir. Elle espère « qu'il y aura des commerces grâce à l'arrivée de tous les habitants, de la résidence senior [qui occupe 110 places dans la nouvelle résidence, NDLR] ». Elle qui vit dans le quartier depuis l'âge de cinq ans, et regrette ce temps où il y avait « cinq restaurants, quatre boucheries, trois boulangeries et plusieurs bistrots ».

La cité Loucheur héberge la majorité des habitants du quartier. Photo Maurane Speroni
Une école pleine de promesses
L'école du Rhin, seul établissement scolaire du quartier, pourrait faire la jonction entre les deux composantes du quartier. Deux cents enfants, originaires du port du Rhin ou nouveaux arrivants, y sont scolarisés. Le bâtiment, en travaux depuis 2012, aura bientôt une capacité d'accueil supérieure. Au sein de ses locaux, les clivages devraient diminuer. « C'est une excellente chose pour nos enfants. Ils auront la chance de s'ouvrir aux autres, une chance que nous n'avons pas eue », s'enthousiasme Linda. « Cette école est pleine de promesses, je pense que mes enfants y seront bien », confirme Tatiana, installée depuis le début du mois aux Deux Rives, et qui a mis une de ses filles à la nouvelle crèche.

L'école du Rhin, située au coeur du quartier, sera entièrement rénovée en 2015. Photo Maurane Speroni
Mais Chabib, une des figures du quartier, gérant de l'épicerie historique de la cité, est plus mesuré. « C'est très bien que les enfants puissent avoir un meilleur cadre pour travailler. Il fallait voir l'état de l'école il y a trois ans. Mais le problème, c'est qu'après les cours, rien n'est prévu pour eux. Il n'y a pas beaucoup d'activités culturelles, sportives ou musicales ici. » Dans un coin, Aïssa acquiesce. « J'ai peur pour les générations à venir. La richesse qui va nous entourer ne fera qu'accentuer les clivages si rien n'est fait pour nous. »
Pour agrandir la carte cliquer ici. Infographie CUEJ Rémi Carlier
(*) Les prénoms ont été changés.
Rémi Carlier et Maurane Speroni
Valerie Schaub
vidéo: Manuel Fritsch, Valerie Schaub