Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

Destins croisés d'une tribu, de trois fermiers et d'un producteur vivant sur le même territoire. L'accès à l'eau n'est pas le même pour tous.

Face à l'épreuve de la sécheresse, la classe politique indienne affiche sa résistance au changement. La société civile parait, elle, résignée à l'inertie des élus.

A Belsar, les fermiers ne peuvent que constater la petite taille des mangues. © David Métreau/ Adama Sissoko/Cuej

LEGENDE

Une petite communauté de pêcheurs se maintient à Jagat Puri, au nord de Dehli, grâce à l'aide du gouvernement, qui injecte en permanence des poissons dans le fleuve Yamuna, si pollué qu'aucune espèce aquatique ne pourrait y survivre.

Pour abreuver leurs manguiers, ils ne disposent que d'une petite retenue secondaire, le Check Dam, à sec. Il faut donc recourir, avec parcimonie, à un forage sur la nappe phréatique dont le niveau est très bas.

Sur leurs plantations, ils ne peuvent que constater l’ampleur des dégâts: la terre qui craque sous leurs pas, la taille rabougrie des rajapuri, et les fruits flétris qui jonchent le sol. Deepack Mandlik, 20 ans, étudiant en école d'ingénieur se rend à l'évidence. Cette sécheresse est une catastrophe pour lui: « Mes études dépendent de ces arbres! À cause de cette mauvaise récolte  ma famille va devoir s'endetter sur plusieurs années pour les financer». Mal desservis, les habitants de Belsar ne parviennent pas, confesse Vishal Mandlik, à s’organiser pour former un groupe de pression susceptible d'infléchir les priorités d'allocation du taluka.

Pour avoir accès aux subventions qui permettent de pérenniser des infrastructures de distribution d'eau, c'est aux patils (chefs de villages) de faire remonter la demande auprès du Comité de répartition des eaux du district. Cet organe composé de fonctionnaires et d'élus locaux répartit les aides allouées par l’Etat. Il peut aussi, en cas d’urgence, dépêcher des camions citernes. 

Double privilège

Si la demande n'est pas présentée dans les formes par les responsables, rien ne sera fait. La constitution d'un dossier ou même la rédaction d'une lettre représente une barrière quasi infranchissable pour les Adivasi des montagnes, très souvent illettrés. 

R.C Talape, fonctionnaire principal de Junnar, chargé de réceptionner les dossiers, reconnait l’existence du double privilège géographique et politique des habitants de la « ceinture verte » : « Le taluka de Junnar est comme une cuvette formée par des montagnes entourant des plaines. C'est dans la plaine qu'est retenue l'eau. Ses habitants sont donc favorisés... d'autant plus que la plupart des membres du Comité de répartition des eaux y résident. Ils ont donc privilégié les investisements publics dans cette zone.»

Les inégalités qui en résultent sont pour lui une fatalité : « Nous, fonctionnaires du taluka, nous ne pouvons pas tout faire. En démocratie, nous devons suivre les décisions des élus. »

David Métreau et Adama Sissoko

* Le taluka est l'unité administrative de base du district. Il comprend une municipalité, et possède des pouvoirs administratifs, fiscaux et de simple police.

[ Plein écran ]

Les femmes de Hadsar, village à l'ouest du Maharashtra, font une heure de marche pour chercher de l'eau au puits et une heure pour en revenir. © David Métreau/Cuej

Pour la seconde année consécutive, l’Etat du Maharashtra, 112 millions d’habitants dont plus de la moitié de ruraux, est durement touché par la sécheresse. Alors que le plateau occidental, très urbanisé, bénéficie d'une mousson abondante, les plaines orientales, essentiellement agricoles, ne reçoivent que de maigres précipitations. Les détresses et les mesures d'intervention s'y concentrent.

Pages