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Culture du paresseux
La canne à sucre emploie 10 % de la population de cet Etat. Elle demande peu de travail, sauf au moment du repiquage. Ces facilités et l'envolée du cours des matières premières au début des années 2000 expliquent l'explosion de la production. Depuis le premier boom des années 1970 suscité par la révolution verte, elle a quadruplé. Elle atteint maintenant 80 millions de tonnes dans le Maharashtra, soit un tiers de la production indienne. Mais la soif inextinguible de ces plantations épuise les réserves en eau allouées à l’agriculture. Les champs de canne représentent 16 % des terres irriguées du Maharashtra, mais engloutissent 76 % de l’eau destinée à l’irrigation, selon un rapport de l’ONG South Asian Network for Dams, River and People, publié en mars 2013. Le même rapport signale que 79,5 % de cette production est concentrée dans les districts les plus exposés à la sécheresse. L'importance économique de la canne à sucre ne suffit plus à justifier ce gaspillage.
Ruissellement et évaporation
Plus de 90 % des plantations sont en effet irriguées de façon rudimentaire. Les exploitants profitent des 6 à 8 heures par
« L'eau va encore augmenter », argue, facture à la main, Dipak Dholakia,secrétaire général du Comité de résistance à la privatisation et à la commercialisation de l'eau, un collectif citoyen installé à Delhi. « Je paye 800 roupies par mois, dont 500 roupies de charges, détaille le retraité, qui appartient à la classe moyenne. Chaque année, le DJB augmente ses tarifs de 10%. »
Cette crainte est partagée par les habitants des bidonvilles de Delhi, qui reçoivent actuellement de l'eau gratuite de la municipalité. « C'est le DJB qui fixe les prix. Nous touchons un pourcentage qui nous est reversé par le DJB », répond Patrick Rousseau. Ces délégations de service public permettent de pallier les carences du DJB, qui pour l’instant ne peut fournir une eau propre et de qualité aux 16,5 millions d’habitants de Delhi. « La population de Delhi a tellement augmenté que le DJB n’a pas pu suivre,» argue Rumi Ajiaz, un chercheur spécialiste de l’urbanisation à l’Observer research foundation, un think-thank. « Le DJB ne possède ni les ressources financières suffisantes, ni la technologie ou l’expertise pour maintenir le réseau en état.»
Environ 216 litres par jour et par personne
Le DJB, créé en 1957, emploie selon les chiffres des syndicats, 16 000 personnes, contre 35 000 avant les débuts de la privatisation du réseau d’assainissement, commencée il y a dix ans. Il draine quotidiennement jusqu’à Delhi 3,8 milliards de litres d’eau issus de trois sources dites de surface : le fleuve Yamuna, le canal du Gange et celui issu du barrage de Bhakra-Nangal, situé à la frontière de l’Himachal Pradesh et du Penjab, au nord-ouest du pays. Quant aux nappes phréatiques de la ville, elles ne fournissent que 12% de l’eau et s'épuisent du fait de la sécheresse et de la surexploitation. Il faut désormais creuser jusqu’à 40 mètres dans certains quartiers pour trouver l’or bleu.
« Chaque goutte d’eau est importante pour nous », martèle-t-on a la communication du DJB. Mais dans les sanitaires mêmes de l’Office, les canalisations fuient et un robinet sur deux ne marche pas. Le chemin reste long.
Dans une interview donnée en avril 2012 au Wall Street Journal, Debashree Mukherjee estimait les besoins en eau de Delhi à « 216 litres par jour et par personne ». Ce chiffre correspond à une moyenne entre besoins des particuliers, des institutions publiques, des commerces, des industries et la lutte contre les incendies. Une estimation approximative. Car l’organisme de l’eau de Delhi avoue son impuissance à quantifier avec précision les milliers de litres d’eau réellement disponibles. Il évalue a 46% le volume d’eau échappant à toute facturation. Mais comment savoir ? Sur les 19 millions de clients du DJB, 75% seulement ont un compteur d’eau, « mais beaucoup d’entre eux ne fonctionnent pas ».
Réduire les pertes
L’organisme a prévu de réduire, sur la période 2012-2017, cette "non-revenue water" de 30%. Installer plus de compteurs et faire payer des amendes, être capable de fournir de l’eau vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Quatre heures par jour est la situation la plus courante.
L’approvisionnement en eau s’accompagne d’un gaspillage d’une hauteur de 40%, selon Suez environnement. Ce sont des milliers de litres qui, chaque jour, n’arrivent jamais jusqu’au robinet des 75 % d’habitants raccordés (les autres Delhiites reçoivent leur eau via des puits ou les quelques 500 camions-citernes du DJB). Notoirement vétuste, le réseau de canalisations subit de graves fuites. Autre effet de la mauvaise étanchéité des tuyaux, l’eau souterraine contaminée par la pollution s’y infiltre et se mélange a l’eau propre. Pour y faire face, les deux multinationales françaises de l’eau vont installer des systèmes de détection des fuites. « Nous utilisons une technologie de détection par l’hélium, détaille Sevahsree Mohapatra,de Suez. Ainsi nous n’avons pas a creuser.» Mais que vaut un réseau sans fuite dont l’eau empoisonnerait ses utilisateurs ? La ressource, malgré les « 300 analyses quotidiennes réalisées aux robinets » dont se targue le DJB, reste souvent très polluée.
Mathilde Cousin et Anna Cuxac, Karan Dhar, Clémence Mermillod, Manal Naila, Bhanu Privyi Vyas,Smriti Singh, Quentin Thomas