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Si innovante soit-elle, ses résultats restent encore très flous. Et pour cause, il n'existe aucune obligation d'objectifs à atteindre, aucune performance scientifique à réaliser. Pour Francis Salmon, l'important ici est avant tout « la recherche d'un apaisement ».

* Son appellation, « Snoezelen » , est un néologisme néerlandais fondé sur la contraction de « snuffelen » (flairer, explorer) et « doezelen » (sommnoler).

 

Lara Charmeil et Antoine Izambard

Francis Salmon, directeur de la maison de retraite de Sainte-Agnès, explique comment il a choisi la méthode Snoezelen:

Le concept est simple, mais encore peu connu en France et en Europe de manière générale – contrairement à l'Allemagne qui dispose de près de 1200 espaces Snoezelen. Inventée dans les années 70 par deux chercheurs hollandais, la méthode est adaptée à plusieurs maladies, dont les pathologies neuro-dégénératives.

« Chez une personne désorientée, il y a déjà une perte de contrôle de soi, explique Gaëlle Crema, la psychologue en gériatrie chargée de la formation. Le principe, c'est de continuer dans cette direction naturelle, mais en l'encadrant. C'est une approche humaine forte qui peut permettre de réaliser des choses magnifiques avec les résidents».

Ces « choses magnifiques », ce sont avant tout les souvenirs, les moments de lucidité ou de prise de conscience provoqués par Snoezelen chez les personnes atteintes d'Alzheimer ou de démence.

Des séances de dix minutes à une heure

Les 84 résidents de la maison pourront goûter à cette expérience sous forme de séances allant de dix minutes à une heure dès fin octobre. Ils seront accompagnés d'un aide-soignant, d'un psychologue ou d'un animateur spécialement formés. Avant chaque séance, la salle devra être préparée individuellement pour le résident. La recette peut sembler surprenante au départ : il n'y en a aucune.

La démarche est différente, puisqu'il s'agit de sortir du cadre classique « médecin-patient », des fiches techniques et de l'organisation figée d'une rencontre médicale. « Ce qui compte ici, c'est le lien, la relation de confiance. Une personne démente fonctionne beaucoup par le paraverbal, les intonations de la voix, et le non-verbal, comme le langage corporel. En général, il suffit de dix secondes pour amorcer le lien qui nous suivra pendant toutes les séances », précise Gaëlle Crema.

Pour ce lien, « plus important qu'un savoir-faire avec des techniques formatées », deux éléments importants : l'observation et l'écoute. Si le patient se dirige vers les fibres optiques et qu'il se met à les prendre en bouche, le mieux est d'en faire de même. S'il sourit, sourire.

Une méthode déjà mise en place à l'hôpital psychiatrique de Brumath

L'accompagnateur doit décrypter ce qui se passe chez son patient et miser sur l'empathie. Selon Anne Lemoine, la coordinatrice des infirmières, « la salle autour, les outils à disposition ne sont que des médiateurs, des vecteurs de communication, ce qui compte, c'est d'être au plus proche du résident ».

Rien que le fait de ne plus avoir les deux pieds posés sur le sol peut déconcerter un patient atteint de démence. Le fauteuil vibrant et sa fonction à bascule sont donc à manier avec précaution. « La méthode Snoezelen, renchérit la formatrice Gaëlle Crema, se veut un appui individualisé pour ces malades : de séance en séance, on les accompagne pour atténuer leur peur, sans forcer ».

Cette méthode singulière est déjà mise en place en Alsace, à l'hôpital psychiatrique de Brumath. A Strasbourg, Sainte-Agnès est la première maison de retraite à se lancer.

Une nouvelle méthode de traitement, venue tout droit des Pays-Bas, va être mise en place à la maison de retraite Sainte-Agnès de Neudorf : le traitement « Snoezelen »*. Une première pour Strasbourg qui offre de nouvelles possibilités pour les résidents atteints de démence ou d’Alzheimer.

 

C'est une petite pièce confinée, aux odeurs d'huiles essentielles, emplie de couleurs changeantes et de motifs mouvants projetés sur les murs. Un énorme matelas à eau ondule sous un ciel étoilé. Le clapotis des vagues se mêle aux accords de Mozart. Des lampes aquatiques phosphorescentes captivent le regard un instant, avant qu'il ne soit attiré par des rideaux de lumière en cascade. La nouvelle salle de la maison de retraite Sainte-Agnès bouscule les sens. C'est le but de la méthode Snoezelen, une pratique alternative, qui vise à stimuler les patients à partir d'expériences sensorielles.

Un peu à la manière de la madeleine de Proust, les sens stimulés touchent ensuite la mémoire. Un moyen pour retarder la perte irréversible des fonctions mentales.

LE SON DU JOUR

Chaque jour, un nouveau son du quartier de la Robertsau. Mercredi 17 octobre, en balade à vélo dans la cité de l'Ill avec l'opération "Ca pédale à l'Escale".

 

 

Autrefois lieu de retrouvailles et d'échanges entre les habitants du quartier, le magasin Coop de la Robertsau, rue Boecklin, n'arrive plus à attirer les clients. Les nombreuses turbulences que traverse le groupe Coop et l'arrivée du U express cinquante mètres plus loin, depuis le 27 juillet, ne sont pas étrangères à cette situation.

« Il n'y a plus personne, regardez les allées, c'est devenu le désert ici. » Martine, habitante de la Robertsau depuis 30 ans constate avec « tristesse » la désertification de la Coop de la Robertsau. « Avant, je croisais des habitués, maintenant quasiment plus. Il y a rarement plus de 3-4 personnes dans le magasin.»

Il faut dire que depuis le 27 juillet 2012, la Coop doit faire face à la concurrence du U express, installé au 67 rue Boecklin. « En temps normal, 5 ou 6 personnes attendaient en caisse, depuis fin juillet les gens passent au compte-goutte. » Thomas, caissier depuis 5 ans, confirme la baisse « très significative » de la fréquentation.

« On est passé de 450-500 clients par jour en semaine à 150 grand maximum, depuis l'ouverture du U express. Le week-end on a moitié moins de clients. » Dans le même temps, la direction du U express déclare recevoir entre 700 et 800 clients quotidiennement.

Prix moins chers, magasin neuf, plus grande superficie: le magasin U distance la Coop sur tous les plans. « À longueur de journée, on entend que les produits à côté sont moins chers », confirme Thomas. « La Coop c'est vieillot, ici c'est plus moderne, il y a plus de choix et plus de produits régionaux », confie Karine, habitante de la Robertsau depuis 10 ans et cliente du U express.

 

Deuxième coup de semonce

La semaine de l'ouverture du U express, la Coop fermait ses portes. La raison : l’été dernier, le groupe Casino est devenu le fournisseur officiel des Coop de proximité. Il fallait donc enlever des rayons les produits Leclerc, marque connue en Alsace, pour mettre à la place les produits Casino. Car, la Coop fait face à la restructuration des magasins alsaciens du groupe.

Un changement qui aurait perturbé les clients alsaciens. « Les gens n'aiment pas Casino ici, ce n'est pas local. Ça revient à ouvrir un restaurant japonais dans un patelin alsacien », s'amuse Thomas. « On a 10 fois plus de références, mais beaucoup moins de produits régionaux, cela ne plaît pas aux clients. » Suite à  l'accord d’approvisionnement signé entre la Coop et Casino, groupe originaire de la Loire, le magasin ne distribuerait plus que 40 % de produits régionaux contre 60 % auparavant.

« Depuis que Casino fournit les coop de proximité, celles-ci ont vu leur chiffre d’affaire diminuer de 15 à 25 %, constate Philippe Spitz, président de l'Association Régionale de soutien aux coops d'Alsace. Cela n’intéresse pas Casino de sauver les magasins, ils veulent juste s'implanter dans la région ».

Dans le même temps, alors que le groupe Leclerc a injecté 150 millions d'euros dans les grandes surfaces Coop, personne n'a investi dans les magasins de proximité. « Les petites Coop ne sont plus adossées aux supermarchés et hypermarchés, elles ne peuvent plus s’en sortir », explique Philippe Spitz.

 

L'incertitude et le ras-le-bol des salariés

Dans un tel contexte, difficile de savoir quel sera l’avenir de la Coop de la Robertsau. Va-t-elle fermer ? Va-t-elle se moderniser ? Contactée a plusieurs reprises, la direction du groupe Coop n’a pas répondu à nos sollicitations. Du côté des cinq employés que compte le magasin, l’heure est à la résignation. « Pour l'instant on ne sait rien, comme d'habitude, on sera les derniers prévenus, souffle  Martine, gérante par intérim du magasin. On a beaucoup moins de clients et du mal à atteindre nos objectifs mais pour l'instant, la direction ne nous dit rien. »

« On ne comprend plus rien, on en a tellement marre de travailler dans ces conditions qu’on n’est même pas révoltés. » Comme Thomas, la plupart des salariés jettent l'éponge.

Quentin Thomas

 

Le tout nouveau U express concurrence la Coop, installée à la Robertsau depuis une quarantaine d'années. (Crédits : E.J/Cuej)

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