Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

 

Rien n'indique que les hauts bâtiments décrépis qui bordent l'avenue du Neuhof abritent la base militaire de l'Eurocorps. Aucun drapeau européen ni écusson ne vient rappeler au passant qu'il se tient à quelques mètres d'une base unique en France. Le quartier Lizé est pourtant installé là depuis 1992, date à laquelle a été officialisée la création d'un corps armé européen.

 

« C'est vrai que la base est plutôt discrète, explique le lieutenant Iara, chargé des relations avec la presse. Mais les militaires ne vivent pas repliés sur eux, nous faisons partie intégrante du quartier

« Qu'ils soient français, espagnols, belges ou allemands, les militaires qui vivent sur la base, consomment dans le quartier, poursuit le lieutenant. Pourtant du côté de l'association AGATE, on ne croit pas à l'avantage économique que représente la caserne.«Il ne s'agit pas non plus d'une grande marée humaine dans les commerces de proximité », commente Lucette Tisserand, permanente de l'association. 

Mais depuis le passage de l'Eurocorps sous commandement Otanien, les mesures de sécurité se sont renforcées et il est devenu difficile pour les civils d’accéder à la base. « Avant, on organisait des journées portes-ouvertes, les habitants du quartier venaient en famille pour visiter la base », regrette un militaire.

Une base rattachée à l'Otan

Au total, ce sont 600 militaires venus d'Espagne, de Belgique, d'Allemagne, du Luxembourg et de France qui stationnent au Neuhof. Conçu comme un embryon d'armée européenne, l'Eurocorps fédère cinq Etats européens et devrait bientôt s'élargir à la Pologne. Difficile de s'en rendre compte, car ce lundi matin, l'immense cour centrale du camp est déserte. La base semble figée, à l'image du projet de défense européenne, définitivement enterrée depuis que l'Etat-Major d'Eurocorps a été intégré à la force d'action rapide (Task force) de l'Otan en 2002.

« Nous somme un des piliers de la futur armée européenne, se défend le capitaine D. Chassang. C'est une entité qui a pour vocation de commander jusqu'à 60 000 hommes sur le terrain. Actuellement, nous intervenons en Afghanistan dans la cadre de la force internationale de l'Otan (ISAF), mais nous sommes à la disposition de l'Union européenne. » 150 militaires ont été déployés en Afghanistan en janvier. Depuis sa création, l'Eurocorps n'a jamais été employée par l'UE lors de ses opérations extérieures.

Les militaires du quartier Lizé forment un bataillon de soutien, dont la mission est de s'occuper de toute la partie logistique lors d'une intervention: transport de matériel, installation d'État-major, ravitaillement et sécurité. « Sur la base, vous ne trouverez aucun char ou d'artillerie lourde. Il s'agit essentiellement de véhicules de transport de matériel et de troupe », explique le brigadier chef Hallez.

Difficile de savoir précisément comment se déroule une journée type sur le camp. « On commence à 7h45, souvent par du sport, poursuit le brigadier chef.Puis après ça dépend des jours, on peut faire des entraînements, de la paperasse administrative. Être militaire, c'est savoir s'adapter ». 

Lors des entraînements, la langue de travail est l'anglais. Des stages de remise à niveau sont mêmes proposés pour ceux qui sont mal à l'aise avec la langue de Shakespeare. A l'heure du repas, au cercle de Mess, la nationalité d'origine reprend le dessus et les tables se forment entre compatriotes. 

Sur la base, les militaires conservent leurs uniformes nationaux et leur matériel. Seul signe d'appartenance au bataillon : l'écusson de l'Eurocorps sur les bérets. Et la coopération entre les différentes armées présente parfois des difficultés insoupçonnées. Ainsi, à l'atelier garage, chaque pays a un mécanicien pour réparer ses véhicules.«Chaque nation a ses propres règlements, c'est un peu compliqué, reconnaît le brigadier chef Pédailler. Mais généralement ça fonctionne plutôt bien ».

Une coopération et une compréhension qui ne devrait pas être facilitée par la participation prochaine des Etats-Unis, en tant que nation associée, au sein de l'Eurocorps. 

 

Robert Gloy et Geoffrey Livolsi

Samedi 13 octobre, une visite des chantiers était organisée en présence de Serge Oehler, adjoint du quartier, des bailleurs sociaux et des personnels techniques. Une bonne occasion de faire le point sur l'état d'avancement des travaux.

Actuellement, les mailles Karine et Jacqueline sont les plus touchées. Mais c'est Hautepierre dans son ensemble qui fera peau neuve d'ici 2014. La réalisation du Plan de rénovation urbaine (PRU) a commencé en 2011, avec les premières destructions d'immeubles, au 75 place Buchner. Depuis les chantiers poussent comme des champignons. Et ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver. 

A l'intérieur des mailles, les modifications sont profondes. De nombreux immeubles sont réhabilités. Une attention toute particulière est portée à l'isolation afin de rendre les logements plus performants énergétiquement. Les bailleurs sociaux procèdent également à la "résidentialisation" des immeubles. Les rez-de-chaussée sont en effet aménagés afin de créer des logements accessibles aux personnes à mobilité réduite. Mais la CUS restructure aussi les espaces publics des mailles. Nouvelles places, jardins ou square aèrent considérablement les zones résidentielles. Dans l'optique d'améliorer les services proposés aux habitants, de nouveaux équipements sont programmés. Mais certains chantiers ont déjà pris du retard.

Qu'est-ce qui attend les habitants ?

Dans cette optique, le gros des travaux s'effectue en ce moment même, et s'étalera jusqu'en 2014. A l'image de la construction du nouveau gymnase maille Jacqueline et de la rénovation du groupe scolaire Catherine, des dossiers importants seront bouclés pour la rentrée 2013. De nombreuses réhabilitations d'immeubles (CUS Habitat et SIBAR) mailles Jacqueline et Karine seront également terminés l'année prochaine, plutôt en fin d'année.

Le point noir du calendrier concerne le futur Pôle de service de la maille Catherine. Le lieu qui réunira le centre socio-culturel, les locaux jeunesses et associatifs et une nouvelle médiathèque flambant neuve, sur le site actuel du Galet, n'ouvrira qu'en 2014. La faute à des procédures judiciaires très longues pour obtenir la fermeture des commerces existants dans les bâtiments appelés à être détruits. La démolition ne commencera finalement qu'au premier trimestre 2013.

2014 sera une année chargée puisqu'elle verra également la destruction d'immeubles place Byron et place Buchner, à partir d'avril. Et dans la seconde moitié de l'année, les nouveaux immeubles de l'avenue Cervantès, au pied desquels ouvriront des commerces de proximité, verront le jour. 


Carte détaillant le calendrier des travaux selon les types de réalisation. (Cliquer sur la carte pour l'utiliser) CUEJ / Thibaud Métais.

Voiries et tramway : un gros morceau

Quarante ans après la construction du quartier, la volonté de le rénover est partie d'un constat d'échec. Le système de mailles n'a pas fonctionné, comme l'explique l'architecte et urbaniste Volker Ziegler. Par conséquent, le PRU a pour but de corriger les erreurs précédentes. Notamment la circulation dans ce nid d'abeille. Jusque là, les avenues entre les mailles étaient à sens unique. Et les désorientations fréquentes. L'absence d'échange entre chaque zone créait un sentiment d'enclavement.

La voirie a donc été repensée. Les boulevards internes aux mailles vont disparaitre, et les avenues seront désormais à double sens de circulation. Et pour faire de Hautepierre un vrai quartier de Strasbourg, les lignes de tramway vont être étendues. Jusqu'à la plaine des sports d'une part, et jusqu'aux Poteries, d'une autre.

Ces travaux seront presque tous terminés en même temps, à l'été 2013. Des tronçons routiers seront même en service dès le début de l'année prochaine. Si les rails du tramway seront posés dès le mois de février 2013, les nouvelles lignes de tramway seront quant à elles inaugurées qu'en novembre. La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) devra en effet d'abord procéder à des essais avant de les mettre en service.

Cliquer ici pour agrandir la carte

Mais ces travaux sont longs et occasionnent souvent des gênes. Les habitants savent d'ors et déjà qu'ils verront leur quartier en chantier jusqu'en 2014. Si les motifs de satisfaction sont nombreux, il n'empêche que beaucoup ont des griefs à exprimer. Lors de la visite publique de samedi dernier, Cuej.info est allé à leur rencontre.


Thibaud Métais

Cela fait maintenant plus d'un an que le quartier a commencé sa mue. Il reste pour l'instant méconnaissable tant le chantier du Plan de rénovation urbaine est hors norme. Réfection de la voirie, extension du tramway, réhabilitation d'immeubles, nouvelles places, tout y passe. Revue d'ensemble.

Télécharger l'original

Si innovante soit-elle, ses résultats restent encore très flous. Et pour cause, il n'existe aucune obligation d'objectifs à atteindre, aucune performance scientifique à réaliser. Pour Francis Salmon, l'important ici est avant tout « la recherche d'un apaisement ».

* Son appellation, « Snoezelen » , est un néologisme néerlandais fondé sur la contraction de « snuffelen » (flairer, explorer) et « doezelen » (sommnoler).

 

Lara Charmeil et Antoine Izambard

Francis Salmon, directeur de la maison de retraite de Sainte-Agnès, explique comment il a choisi la méthode Snoezelen:

Le concept est simple, mais encore peu connu en France et en Europe de manière générale – contrairement à l'Allemagne qui dispose de près de 1200 espaces Snoezelen. Inventée dans les années 70 par deux chercheurs hollandais, la méthode est adaptée à plusieurs maladies, dont les pathologies neuro-dégénératives.

« Chez une personne désorientée, il y a déjà une perte de contrôle de soi, explique Gaëlle Crema, la psychologue en gériatrie chargée de la formation. Le principe, c'est de continuer dans cette direction naturelle, mais en l'encadrant. C'est une approche humaine forte qui peut permettre de réaliser des choses magnifiques avec les résidents».

Ces « choses magnifiques », ce sont avant tout les souvenirs, les moments de lucidité ou de prise de conscience provoqués par Snoezelen chez les personnes atteintes d'Alzheimer ou de démence.

Des séances de dix minutes à une heure

Les 84 résidents de la maison pourront goûter à cette expérience sous forme de séances allant de dix minutes à une heure dès fin octobre. Ils seront accompagnés d'un aide-soignant, d'un psychologue ou d'un animateur spécialement formés. Avant chaque séance, la salle devra être préparée individuellement pour le résident. La recette peut sembler surprenante au départ : il n'y en a aucune.

La démarche est différente, puisqu'il s'agit de sortir du cadre classique « médecin-patient », des fiches techniques et de l'organisation figée d'une rencontre médicale. « Ce qui compte ici, c'est le lien, la relation de confiance. Une personne démente fonctionne beaucoup par le paraverbal, les intonations de la voix, et le non-verbal, comme le langage corporel. En général, il suffit de dix secondes pour amorcer le lien qui nous suivra pendant toutes les séances », précise Gaëlle Crema.

Pour ce lien, « plus important qu'un savoir-faire avec des techniques formatées », deux éléments importants : l'observation et l'écoute. Si le patient se dirige vers les fibres optiques et qu'il se met à les prendre en bouche, le mieux est d'en faire de même. S'il sourit, sourire.

Une méthode déjà mise en place à l'hôpital psychiatrique de Brumath

L'accompagnateur doit décrypter ce qui se passe chez son patient et miser sur l'empathie. Selon Anne Lemoine, la coordinatrice des infirmières, « la salle autour, les outils à disposition ne sont que des médiateurs, des vecteurs de communication, ce qui compte, c'est d'être au plus proche du résident ».

Rien que le fait de ne plus avoir les deux pieds posés sur le sol peut déconcerter un patient atteint de démence. Le fauteuil vibrant et sa fonction à bascule sont donc à manier avec précaution. « La méthode Snoezelen, renchérit la formatrice Gaëlle Crema, se veut un appui individualisé pour ces malades : de séance en séance, on les accompagne pour atténuer leur peur, sans forcer ».

Cette méthode singulière est déjà mise en place en Alsace, à l'hôpital psychiatrique de Brumath. A Strasbourg, Sainte-Agnès est la première maison de retraite à se lancer.

Une nouvelle méthode de traitement, venue tout droit des Pays-Bas, va être mise en place à la maison de retraite Sainte-Agnès de Neudorf : le traitement « Snoezelen »*. Une première pour Strasbourg qui offre de nouvelles possibilités pour les résidents atteints de démence ou d’Alzheimer.

 

C'est une petite pièce confinée, aux odeurs d'huiles essentielles, emplie de couleurs changeantes et de motifs mouvants projetés sur les murs. Un énorme matelas à eau ondule sous un ciel étoilé. Le clapotis des vagues se mêle aux accords de Mozart. Des lampes aquatiques phosphorescentes captivent le regard un instant, avant qu'il ne soit attiré par des rideaux de lumière en cascade. La nouvelle salle de la maison de retraite Sainte-Agnès bouscule les sens. C'est le but de la méthode Snoezelen, une pratique alternative, qui vise à stimuler les patients à partir d'expériences sensorielles.

Un peu à la manière de la madeleine de Proust, les sens stimulés touchent ensuite la mémoire. Un moyen pour retarder la perte irréversible des fonctions mentales.

LE SON DU JOUR

Chaque jour, un nouveau son du quartier de la Robertsau. Mercredi 17 octobre, en balade à vélo dans la cité de l'Ill avec l'opération "Ca pédale à l'Escale".

 

Pages