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Les eurodéputés exigent la libération des prisonniers politiques au Venezuela
Où est-elle détenue ? L’avocate vénézuélienne Rocío San Miguel a été arrêtée le 9 février à l’aéroport de Caracas. Comme elle, plus de 300 prisonniers politiques sont détenus au Venezuela. Une situation fermement condamnée par les eurodéputés. Dans une résolution, ils ont appelé à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, dont Rocío San Miguel. Le Parlement européen souhaite également que la Cour pénale internationale inclue les violations des droits de l’Homme et les détentions arbitraires dans son enquête en cours sur les crimes contre l’humanité présumés dont est accusé le régime de Nicolás Maduro, successeur d’Hugo Chávez.
Une autre préoccupation des eurodéputés concerne les droits de l’opposition à quelques mois de l’élection présidentielle du 28 juillet. « Sans opposition, il n’y a pas de démocratie. Le Venezuela doit mettre fin aux interdictions de candidature », résume Jordi Solé, eurodéputé espagnol (Les Verts, écologiste). Et pour cause, Maria Corina Machado, qui a remporté les primaires de l’opposition et est largement en tête des sondages face à Nicolas Maduro a été déclarée inéligible par la Cour suprême vénézuélienne. La juridiction est fréquemment accusée d’être à la solde du pouvoir. L’opposante subit la pression du régime avec de nombreuses arrestations de membres de son équipe. « Nous espérons que les prochaines élections puissent garantir les aspirations démocratiques du peuple vénézuélien », soupire Elisa Ferreira, membre de la commission européenne.
Tristan Vanuxem
Débat sur la baisse du niveau de vie des Européens
« Le coût de la vie augmente, le pouvoir d’achat diminue », a reconnu devant les eurodéputés le commissaire à l’Emploi et aux droits sociaux, Nicolas Schmit. Un débat consacré à la dégradation des conditions de vie dans l’Union européenne (UE) avait été ajouté à la dernière minute à l’ordre du jour.
Alimentation, logement, énergie, santé... la liste des secteurs touchés par l’inflation est longue. Une situation d’autant plus préoccupante que, selon Eurostat, plus d’un Européen sur cinq (soit 95,3 millions de personnes) est menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale. La crise du Covid suivie de la guerre en Ukraine ont contrarié les objectifs de l’UE. Alors qu’elle ambitionne de réduire d’ici 2030 de 15 millions les Européens menacés, leur nombre a augmenté de 3 millions depuis 2019.
Si les eurodéputés s’accordent sur le constat de précarisation, ils divergent sur les politiques à adopter. « La seule solution pour lutter contre la pauvreté est d’augmenter les salaires », estime l’eurodéputée néerlandaise Agnes Jongerius (S&D, sociaux-démocrates) qui voit néanmoins « une source d’espoir » dans la directive européenne pour un salaire minimum adoptée en 2022. De l’autre côté de l'hémicycle, l’eurodéputé allemand Markus Ferber (PPE, droite) préconise lui de « [passer] à une véritable économie de marché, [d’arrêter] de surcharger les entreprises de charges sociales. Il faut adopter une politique qui favorise la croissance et la productivité ».
« Nous devons investir dans notre économie pour garantir sa productivité, mais sans oublier les politiques sociales. Parce que si les politiques sociales ne sont pas à la hauteur, nos sociétés en paieront le prix », a conclu Nicolas Schmit, en tentant de concilier les antagonismes et sans s’engager véritablement, à trois mois des élections européennes.
Ismérie Vergne
Les ingérences étrangères menacent les élections
« J’ai la certitude qu’il y aura des ingérences étrangères durant les élections européennes de juin », a regretté Věra Jourová. Invitée au Parlement européen pour répondre aux questions de députés inquiets, la vice-présidente de la Commission européenne a pleinement reconnu la « menace » planant sur l’Europe et ses démocraties.
À quatre mois des élections européennes, plusieurs eurodéputés se sont alarmés d’un « adversaire » particulièrement virulent, la Russie, accusée d'encore chercher à affaiblir la société européenne et sa liberté d’expression.
« À quel point les institutions européennes sont-elles préparées aux attaques hybrides de la Russie ? », a interpellé l’eurodéputé polonais, Joachim Brudziński (CRE, conservateurs). Reconnaissant la difficulté, la vice-présidente de la Commission a listé les méthodes que pourrait utiliser le Kremlin pour influencer les élections : « cyberattaques, désinformation, deepfakes... ». Elle se félicite néanmoins de l’engagement pris par les grands réseaux sociaux, à part X (ex-twitter), à agir contre les manipulations cachées et les deepfakes.
Mais elle en est consciente, l’Europe est aujourd’hui incapable de totalement contrer la désinformation en ligne menée par la Russie. Dernier rempart à la guerre de manipulation : les citoyens. La vice-présidente de la Commission appelle les eurodéputés à faire preuve de responsabilité lors de la campagne, et à « sensibiliser [les électeurs] à la pensée critique. »
Angellina Thieblemont
Vers une inscription de l'IVG dans la Charte des droits fondamentaux ?
Le 8 mars, les parlementaires français ont adopté l’inscription du droit à interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Une semaine plus tard, leurs homologues européens débattaient à leur tour de l’opportunité d’inscrire ce droit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne. Cette Charte donne une valeur juridiquement contraignante aux grands principes de l’EU, que sont la dignité humaine, la liberté, l’égalité et la solidarité.
Initialement pas prévu à l’ordre du jour, le débat a été demandé par le groupe Renew et sa présidente Valérie Hayer, tête de liste du parti Renaissance pour les élections européennes en France.
Une demande soutenue par les groupes de gauche (S&D, The Left, Les Verts), qui réclament de longue date cette inscription. Lors du débat parlementaire, deux conceptions bien distinctes de l’IVG se sont affrontées et ont donné à voir la sensibilité politique du sujet.
« Ce trésor n’appartient pas aux Russes ! »
« Des bijoux de la Reine Marie, des biens religieux, des archives et 91,5 tonnes d’or…sont toujours aux mains des Russes », s’insurge l’eurodéputé roumain Eugen Tomac (PPE, droite). Le Parlement européen a adopté une résolution exigeant la restitution à la Roumanie de son trésor, approprié illégalement par la Russie il y a plus d’un siècle.
Lors de la Première Guerre mondiale, la Roumanie confie l’ensemble de son trésor national à la Russie tsariste. Le gouvernement roumain craint alors que l’Allemagne impériale ne s’en empare. Mais en 1917, les révolutionnaires bolcheviques annulent l’ensemble des accords internationaux passés par le Tsar. « Poutine agit comme sous l’URSS, depuis 100 ans la Russie refuse de restituer le trésor de Roumanie, il n’appartient pas à la Russie ! », dénonce Cristian Theres, eurodéputé roumain (ECR, conservateur).
La récupération du trésor s’annonce cependant ardue : « Le dialogue avec la Russie est suspendu depuis le début de la guerre en Ukraine, déplore la commissaire européenne à la Cohésion et aux Réformes, Elisa Ferrera, mais nous aborderons cette question dès que la situation le permettra ». Certains eurodéputés ne souhaitent pas attendre et proposent de sanctionner : « Pourquoi ne pas saisir les avoirs russes présents dans l’UE ? s’interroge l'eurodéputé roumain Vlad Gheorghe (Renew, libéraux). Arrêtons d’avoir peur et confisquons tous les avoirs russes ! ».
Heïdi Soupault
Promesse non tenue pour le bien être animal
« Qu’attendons-nous pour mettre un terme à la souffrance des animaux ? » s’est indigné l’eurodéputé danois Niels Fuglsang (S&D, sociaux-démocrates) dans l'hémicycle du Parlement européen, où les parlementaires ont dénoncé l’inaction de la Commission en matière de bien-être animal.
Il y a quatre ans, celle-ci avait promis une proposition de loi pour interdire l’élevage des animaux en cage avant la fin 2023. Elle faisait suite à une initiative citoyenne européenne (ICE), un dispositif qui permet aux citoyens d’inciter l'exécutif européen à légiférer sur certains sujets.
En 2020, plus de 170 ONGs avaient lancé l’ICE “End of the Cage Age” (“la fin de l’âge en cage”) pour mettre fin à la souffrance des 300 millions d’animaux élevés sans voir la lumière du jour en Europe. La pétition avait récolté plus de 1,4 million de signatures, mais la législature s’achève sans avoir tenu son engagement à y répondre par des mesures concrètes.
La Commission soutient que l’impact d’une telle législation et sa mise en œuvre sont toujours en cours d’évaluation. Alors que les agriculteurs se mobilisent contre des normes européennes qu’ils jugent excessive, l’enjeu est de taille : « Il faut que cela soit durable pour le monde agricole et notre sécurité alimentaire. Il faut penser au coût, à la durée de la période de transition, à ce que l’on autorise au niveau des importations », se justifie Elisa Ferreira, commissaire européenne.
Aurore Ployer
L'UE condamne les déportations d'enfants ukrainiens
« C’est un génocide identitaire : le but est d’effacer l’identité des enfants ukrainiens », a martelé Rasa Juknevičienė, eurodéputée lituanienne (PPE, droite) devant le Parlement européen. Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en 2022, plus de 16 000 enfants ukrainiens ont été déportés en Russie, selon les autorités ukrainiennes. Ces actions, contraires au droit international, visent à "russifier" les enfants enlevés, retenus pour la plupart dans des centres d’éducation.
Les eurodéputés ont salué les actions mises en place en Ukraine pour mettre fin à ces déportations. Ils ont rappelé leur soutien aux initiatives humanitaires à Kiev, comme Bring Kids Back To Ukraine, qui aide à rapatrier les enfants dans leurs familles et à les réintégrer dans la société ukrainienne.
Devant les parlementaires, la vice-présidente de la Commission européenne, Dubravka Šuica, a mis en avant le travail d’Eurojust, agence de coopération judiciaire entre les États-membres, qui coordonne les enquêtes nationales sur les crimes en Ukraine. La commissaire a aussi salué les deux mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre de Vladimir Poutine et de Maria Lvova-Belova, commissaire russe aux droits de l’enfant, directement impliqués dans les déportations.
Le débat a été marqué par une esclandre de Marcel De Graaff, eurodéputé néerlandais (NI, non-inscrit), qui a accusé l’Ukraine de crimes de guerre. Ces propos ont suscité l’indignation de la plupart des parlementaire. D’autant plus qu’ils ont été prononcés devant Valéria, jeune femme ukrainienne elle-même revenue de déportation, qui avait été invitée au Parlement.
Paul Ripert
Cri d'alerte face au risque de famine à Gaza
« Aucun enfant ne devrait regarder le ciel sans savoir si c’est le dîner ou une bombe qui va tomber », s'est exclamée l’eurodéputée slovène Irena Joveva (Renew, libéraux). Réunis à Strasbourg, les parlementaires européens ont largement condamné les blocages et la destruction de convois aux portes de la bande de Gaza. Ils ont majoritairement adopté une résolution demandant à Israël de faciliter l’acheminement par les routes de la nourriture et des produits d’hygiène vers le territoire palestinien. Ils réclament l’ouverture des points de passage aux frontières.
Aujourd’hui, près de 2,2 millions de Gazaouis sont dépendants de l’aide humanitaire. « Ce ne sont pas seulement les bombes qui tuent en Palestine. La faim est devenue le tueur silencieux à Gaza », s’est indignée l’eurodéputée suédoise Abir Al-Sahlani (Renew). La résolution du Parlement européen condamne fermement les attaques des convois. Il y a moins d’un mois, une centaine de Palestiniens sont morts sous les balles des Israéliens lors d’une distribution alimentaire. Les parlementaires réclament une enquête internationale indépendante à propos de ces évènements.
Ils renouvellent leur appel à un arrêt des combats à Gaza et à la libération immédiate des otages détenus par le Hamas. « Ça suffit, les beaux discours. Ils ont besoin d’un cessez-le-feu et de couloirs humanitaires », s’est emporté l’eurodéputé slovène Matjaz Nemec (S&D, sociaux-démocrates) pendant les débats.
Louise Pointin
Violences et harcèlement au travail : l'Europe rattrape son retard
« Une femme sur trois dans l’UE a déjà subi une forme d’agression sexuelle, dont un tiers sur son lieu de travail », a rappelé l’eurodéputée belge Cindy Franssen (PPE, droite) lors de la ratification de la convention sur la violence et le harcèlement par le Parlement européen, ce mardi.
Ce traité, négocié en 2019 au sein de l'Organisation internationale du travail, a pour objectif d’assurer à chacun un environnement professionnel sain et sûr. Au moment de l’adoption, les eurodéputés ont mis l’accent sur le risque inégal de subir des violences sur le lieu de travail. « Certaines personnes ont besoin de protection particulière, celles en situation de handicap, sans papiers », a ainsi souligné l’eurodéputée espagnole Diana Riba I Giner (Les Verts, écologistes).
Les signataires de la convention s’engagent à interdire en droit la violence et le harcèlement, mais également à encourager les acteurs du monde du travail à prendre des mesures pour prévenir et traiter ces abus dans l’environnement professionnel.
À ce jour, seuls sept États membres de l’Union européenne l’ont ratifié. En Belgique, France et Allemagne, la convention va entrer en vigueur en juin. Avec ce vote des eurodéputés, l’objectif est que l’Europe des 27 suive le mouvement. C’est désormais aux Etats membres de s’engager.
Elise Walle
La Bosnie-Herzégovine, bientôt dans l'Union ?
« Les portes sont ouvertes, nous devons maintenant soutenir la demande d’adhésion » de la Bosnie-Herzégovine. C’est le message qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, est venue délivrer aux eurodéputés. Elle a recommandé aux dirigeants des États membres d’ouvrir les négociations pour permettre l’entrée du pays dans l’Union européenne (UE). Ravagé par trois ans de guerre après la proclamation de son indépendance en 1992, le pays des Balkans avait déposé sa candidature en 2016. Celle-ci avait été acceptée fin 2022, suivant la dynamique impulsée par la candidature ukrainienne.
Depuis, la Bosnie-Herzégovine a « fait un pas en avant impressionnant, plus de progrès en un an qu’en une décennie », affirme la Commission. Même si « le processus sera encore long », Ursula von der Leyen a salué les efforts du pays candidat, qui a adopté des lois sur la corruption et fait évoluer sa politique étrangère. Cette décision reste un pari : le pays figure parmi les plus pauvres d’Europe et est divisé en deux entités politiques autonomes, la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la Republika Srpska. Or, le dirigeant de cette dernière, Milorad Dodik, garde des liens forts avec la Russie.
L’annonce d'Ursula von der Leyen a été bien accueillie par les eurodéputés, même si certains s’interrogent sur l’impact de l’intégration d’un nouvel État sur le fonctionnement de l’UE. « On évite d’aborder la réforme institutionnelle, alors qu’on ouvre des négociations d’adhésion. Il faut la fin de l’unanimité au Conseil », estime l’eurodéputé espagnol Ruiz Devesa (S&D, sociaux-démocrates). La question de l’élargissement et l’adhésion bosnienne sera en tout cas au menu de la réunion des chefs d’État et de gouvernement, à partir du jeudi 21 mars.
Yves Poulain