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Le groupe scolaire de la Meinau se distingue depuis sa création en 1948 par sa mixité sociale. L'établissement est le point de jonction entre deux quartiers : au nord, la zone des Villas, majoritairement aisée et pavillonnaire ; au sud, la Canardière, un quartier populaire composé d’immeubles HLM.
La grille s’ouvre. "Jean-Michel, est-ce que tu veux aller là-bas ?", demande Tsubasa en pointant du doigt le coin des habitués qui longe la rue des Ciriers.
Le soleil ne s'est pas encore levé que des usagers patientent déjà sur les quais de la gare Krimmeri. Située à l'entrée du quartier de la Meinau, la gare est à peine visible, une simple arche permet aux usagers de rejoindre les quais. L’ancien poste d'aiguillage du Krimmeri, habillé de colombages, permet aux piétons de la remarquer. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1981. En plus de cette ligne, l'arrêt Krimmeri est desservi par une autre, Strasbourg-Kehl-Offenbourg, qui effectue 25 allers-retours quotidiens en semaine et 15 le week-end. Cette petite gare voit chaque jour défiler entre 400 et 500 voyageurs.
Le géomètre de 45 ans se réjouit d’avoir intégré le groupe : "Ça fait 15 ans que je suis dans le quartier et, à part les parents d’élèves de la classe de ma fille, c’est vraiment ici que j’ai commencé à rencontrer du monde. Le parc à chiens a multiplié par dix mes connaissances à la Meinau." Alban Klein, qui est agent immobilier, renchérit : "C’est une belle vitrine sociale. Il y a de l’ambiance et beaucoup de bienveillance." En 2021, après la longue période de confinement, Dora Kecelioglu a créé un groupe WhatsApp pour organiser ces sorties. Aujourd’hui, le fil réunit une trentaine de propriétaires de chiens. "Quand quelqu’un est absent depuis longtemps, on s’inquiète, donc on demande sur la discussion", complète Justine Bru, emmitouflée dans son imperméable rose.
De l’autre côté de la rue du Général-Offenstein, le Rhin Tortu continue de s’écouler, entraînant poules d’eau et ragondins.
Devant l'école de la Meinau, construite de plain-pied, la température frôle le négatif. Il est 8 h 20 quand des petits groupes emmitouflés dans leurs vêtements d’hiver arrivent à pied depuis la Canardière. Sur le trottoir d’en face, des SUV sont à l’arrêt, moteur tournant, attendant l’ouverture de la grille pour déposer les enfants.
"Toutes les écoles devraient être comme la nôtre", affirme Emmanuel Schmitt, directeur de l’école maternelle de la Meinau. Posté à l’entrée pour accueillir les enfants, il voit dans l’établissement un lieu de rencontre entre différents milieux sociaux. "C’est à l’image de notre société, c’est juste normal. Pour moi, c’est important que mon fils aille à l’école du quartier", estime Aude, maman de Colin, qui vit dans le quartier des Villas.
C’est Alban Klein, le petit nouveau de la bande avec son retriever de la Nouvelle-Écosse de 5 mois nommé Kaaris, qui lance le mouvement : "On va faire un petit tour vers chez toi, Jean-Claude !" Les promeneurs empruntent le chemin boueux qui longe le Rhin Tortu, en direction de la rue du Général-Offenstein. Le sol jonché de feuilles mortes se dévoile à la lumière des lampes frontales.
Dans la nuit, l’eau ressemble à une nappe de pétrole. Difficile d’imaginer "la thalasso de la Meinau" dont parle Jean-Claude. L’été, tous les chiens se rafraîchissent dans ce bras de la rive droite de l'Ill. Rudy, le golden retriever, est le seul à plonger en janvier par -5 °C. "Quand il revient de la balade, il a des stalactites partout sur le torse", s’amuse son maître Sébastien Gillet.
"Ça a multiplié par dix mon réseau de connaissances à la Meinau"