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L'école de la Meinau accueille, depuis sa création, des enfants issus des quartiers des Villas et de la Canardière. Alors que de nombreux élèves partent dans le privé, l’ouverture d’un nouveau groupe scolaire à la rentrée 2025 menace un peu plus sa mixité sociale. 
 

Le bruit répété de la foreuse au stade de la Meinau n’empêche pas les boulistes d’occuper le parc de l’Extenwoerthfeld depuis plus d’une heure. “On se donne rendez-vous, été comme hiver, à 14 h pétantes”, affirme Nicole. À deux pas du Rhin Tortu, Krimmeri en alsacien, les retraités des quartiers de la Meinau et de Neudorf jouent hors club, entre passionnés. Bien équipés, ils récupèrent leurs boules à l’aide de ramasseurs magnétiques. Ils se placent au centre d’un cerceau jaune, pointent tour à tour sous le regard attentif de leurs adversaires et se taquinent à mesure que la boule se rapproche du cochonnet. Deux cents mètres plus loin, les aires de jeux, elles, sont tristement vides. En ce mois de novembre, aucun enfant n’a eu le cœur à glisser le long des toboggans ou à se balancer sur les jeux à ressort.
 

Aux alentours de 18 h, un autre groupe prend possession du parc à peine éclairé et entame sa balade quotidienne. Une dizaine de personnes, en baskets et parka, se saluent et détachent leur animal. Les chiens se défoulent, s'ébrouent, reviennent vers leur maître avant de courir chercher leur jouet. Les colliers bleus, jaunes et orange s’éclairent dans la pénombre. Pipo, un braque français de 5 ans, renifle les chaussures de son propriétaire Jean-Claude Drzewinski. “Vu mon âge, c’est lui qui me promène. Il faut me faire sortir du canapé”, sourit le retraité de 78 ans qui habite le quartier Villas depuis les années 1970.

“Ça a multiplié par dix mes connaissances à la Meinau”

C’est Alban Klein, le petit nouveau de la bande avec son retriever de la Nouvelle-Écosse de 5 mois nommé Kaaris, qui lance le mouvement : “On va faire un petit tour vers chez toi, Jean-Claude !” Les promeneurs empruntent le chemin boueux qui longe le Rhin Tortu, en direction de la rue du Général-Offenstein. Le sol jonché de feuilles mortes se dévoile à la lumière des lampes frontales. Dans la nuit, l’eau ressemble à une nappe de pétrole. Difficile d’imaginer “la thalasso de la Meinau” dont parle Jean-Claude. L’été, tous les chiens se rafraîchissent dans ce bras de la rive droite de l'Ill. Rudy, le golden retriever, est le seul à plonger en janvier par -5 °C. “Quand il revient de la balade, il a des stalactites partout sur le torse”, s’amuse son maître Sébastien Gillet. 

Le géomètre de 45 ans se réjouit d’avoir intégré le groupe : “Ça fait 15 ans que je suis dans le quartier et, à part les parents d’élèves de la classe de ma fille, c’est vraiment ici que j’ai commencé à rencontrer du monde. Le parc à chiens a multiplié par dix mes connaissances à la Meinau.” Alban Klein, qui est auto-entrepreneur, renchérit : “C’est une belle vitrine sociale. Il y a de l’ambiance et beaucoup de bienveillance.” En 2021, après la longue période de confinement, Dora Kecelioglu a créé un groupe Whatsapp pour organiser ces sorties. Aujourd’hui, le fil réunit une trentaine de propriétaires de chiens. “Quand quelqu’un est absent depuis longtemps, on s’inquiète, donc on demande sur la discussion”, complète Justine Bru, emmitouflée dans son imperméable rose.

Unique desserte ferroviaire du quartier, l'arrêt Krimmeri permet à des employés de se rendre au travail et aux supporters du Racing aux matchs. La Région Grand Est et l'Eurométropole de Strasbourg souhaitent en développer l'usage. 

Plus de 600 logements détruits, des centaines de millions d’euros investis, 88 400 m2 d’espaces publics réaménagés. Depuis 2006 et le début du Projet de renouvellement urbain (PRU), la Canardière a connu de profondes transformations. 

Depuis 17 ans, les chantiers de rénovations urbaines se succèdent. Une transformation du quartier qui ne se retrouve pourtant pas dans les indicateurs socio-démographiques. En 2020, à la Canardière, le taux de pauvreté est toujours de 36,4 %, soit très légèrement en dessous des 37,5 % de 2011. Le taux de scolarisation des 15-24 ans n'a augmenté que de quatre points entre 2006 et 2020. Il est de 58,5 %, soit nettement inférieur à celui de la ville de Strasbourg (77,1 %). Pour Benjamin Soulet, ancien chef du service géomatique de l’Eurométropole de Strasbourg, ces données socio-démographiques rendent compte d’une certaine "inertie".

Eric Chenderowsky, directeur urbanisme et territoires à l'Eurométropole de Strasbourg, nuance. "Les pourcentages masquent parfois des masses et donc des changements importants, souligne-t-il. Et puis, il y a des choses qui ne sont pas de notre ressort. Si vous prenez l’augmentation de la précarité depuis 2020 [et la pandémie, NDLR.], ça fout en l’air tous nos efforts."

Adèle Pétret et Gustave Pinard

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Denise a depuis trente ans ses habitudes sur le stand de la productrice Carine Peter. © Tristan Vanuxem

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Véréna Heili procède dès 4 h 30 à l'installation du stand de sa ferme fruitière Hufschmitt. © Tristan Vanuxem

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Dans le centre d'entraînement, un bâtiment de 1 800 m² comporte notamment des vestiaires, des espaces médicaux et une salle de restauration. © MLR

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Jean-Marc Kohlmann domine ses anciennes propriétés depuis son siège Socotim, en plein cœur de la Plaine des Bouchers. © Yanis Drouin

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