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Une cycliste s'apprête à affronter l'épreuve du croisement à l'angle de l'avenue de Colmar et de la rue des Frères Eberts. © Léa Oudoire

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Saïd Kaneb profite de sa retraite à la Canardière. © Yves Poulain

La zone de la Plaine des Bouchers se transforme avec trois chantiers de fabrication et d'expérimentation d'hydrogène vert. Un pari sur le futur séduisant pour les investisseurs... qui reste loin d'être gagné.

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Près de 1 000 personnes fréquentent le Studio Saglio les deux jours d'ouverture, le vendredi et le samedi. © Abel Berthomier

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Rudi Wagner écrit actuellement la suite de son premier livre "Vivre à la Meinau". © Yves Poulain

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La boucherie du Elite Steakhouse vend sa viande à d'autres établissements du secteur, comme le Rodizio, restaurant de grillades brésiliennes. © Sarah Khelifi

Martine Uhlrich : "C’est un village ici"

Si l’église Saint-Vincent de Paul est bien au centre de la Canardière, elle a été concurrencée pendant un quart de siècle par une “institution” fondée par Martine Uhlrich : le salon de thé Chez Martine. Fille de boulangers, cette femme énergique dit "baigner dans le commerce depuis son enfance". Et de fait, elle travaille encore à l’âge de 69 ans à la billetterie d’un parc aquatique en Allemagne.

En 1989, elle acquiert un local rue de Franche-Comté, proche de la place de l’Île-de-France, et en fait un lieu de convivialité : "Même si vous veniez seul, il y avait toujours de la communication, ce n’était pas un simple restaurant." Les habitants s’y rassemblent pour des cafés littéraires, des jeux de cartes, se restaurer ou encore lors du vide-grenier annuel. Le salon est particulièrement fréquenté le jeudi matin, au moment du marché hebdomadaire. "Ma fierté, c’est d’avoir pu rassembler les gens de l’ancien quartier des Villas et ceux de la cité", souligne-t-elle. La route de la Meinau sépare ces deux mondes, frontière que les habitants plus aisés des Villas peinent à franchir.

Le plan de rénovation du quartier l’oblige à quitter son premier local en 2008 pour déménager directement sur la place de l’Île-de-France. Le commerce est "grand, tout neuf" et les habitants viennent, plus nombreux encore, y partager des moments chaleureux. Ils y trouvent aussi une oreille attentive : "J’étais l’assistante sociale de la Meinau, j’aidais les gens, je faisais partie de leur vie." Martine Uhlrich ne le cache pas, parfois ce dévouement lui a pesé : "J’étais comme un buvard." D’autant plus quand la consommation de drogue impacte l’activité du salon : "On ne savait pas comment faire pour aider [les jeunes]." Elle tolère leur présence amorphe mais "quand du monde arrivait dans le salon, je leur tapais sur l’épaule pour les réveiller et dire qu’il était temps de s’en aller".

Toujours avide de défis, elle vend son commerce en 2014 et part aider à l’ouverture d'un hôtel-restaurant de montagne en Suisse. Elle y travaillera comme gérante pendant huit ans, avant de revenir à la Meinau : "Je ne me voyais pas aller autre part, c’est un village ici." Aujourd’hui, elle dit ressentir un "pincement au cœur" quand elle repense à l’époque du salon de thé. Celui-ci trône toujours sur la place centrale de la Canardière, sous le nom de M Café, en clin d’œil à l’ancienne propriétaire. Le nouveau gérant a aussi conservé ses tables en verre soufflé ; Martine Uhlrich en parle avec fierté.

 

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Les usines Mathis sont bombardées par les Alliés en mai et août 1944. © Archives municipales Strasbourg

Rudi Wagner : "Les policiers connaissaient les jeunes"

"À la Meinau, il n’y a pas un jour qui ressemble à l’autre, vous êtes pris dans le tourbillon de la vie", confie Rudi Wagner, ancien éducateur spécialisé de la Canardière. Né en 1947 dans un village d’Alsace, installé à la Meinau à partir de 1974, il n’est jamais reparti. Un de ses anciens jeunes le décrit comme "un homme extra, qui a fait énormément pour le quartier".

Éducateur à la MJC puis à l’association de Prévention et d’animation de la Meinau (PAM), il organise jusqu’à sa retraite en 2011 des sorties pour les jeunes à la patinoire, à la piscine ou encore outre-Rhin. Ce sont pour eux des "espaces de liberté, loin des yeux des parents". Des projets plus ambitieux sont organisés : camp d’été au Maroc, en Italie ou encore en Tunisie. Des ouvertures sur le monde importantes pour des ados issus de famille défavorisées qui avaient rarement l’occasion de partir en vacances. L’objectif de Rudi Wagner est de les sortir du désœuvrement et de l’entre-soi : "Les jeunes qui s’ennuient font des bêtises." Et elles ne manquent pas. 

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