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« On a longtemps pensé que c’était des piqûres de moustiques ». Ça a été la vision d’effroi pour Julia* quand elle a confondu l’insecte « suceur de sang » avec une punaise de lit sur le mur de sa chambre. « On se réveillait avec des piqûres sur les jambes », avoue l’étudiante en master. Au bout de deux semaines d'installation dans un appartement proche de la cathédrale de Strasbourg avec son copain, le cauchemar a commencé. « On en a rapidement vu sous le matelas qui en était rempli, puis dans les oreillers. On en trouvait de plus en plus », explique-t-elle. Le couple prévient leur agence immobilière qui fait intervenir une société privée. 

Jeudi 28 septembre, la Mairie de Paris a réclamé au gouvernement un plan contre les punaises de lit, ayant constaté une «recrudescence importante» de cette espèce parasite. « Les punaises de lit sont un problème de santé publique et doivent être déclarées comme telles. Il faut que l'État réunisse urgemment l'ensemble des acteurs concernés afin de déployer un plan d'action à la hauteur de ce fléau…», écrit Emmanuel Grégoire (PS) dans une lettre adressée à la première ministre Élisabeth Borne.

Un problème de santé publique et mentale

Si aujourd’hui, Julia pense être débarrassée des nuisibles, elle assure avoir vécu une expérience traumatisante : « Je voulais juste tout cramer ! », lance Julia. « On sait qu’on est envahie par quelque chose, mais on ne les voit pas. Je me suis même mise à boucher les trous des plaintes avec du silicone pour les empêcher de circuler ». 

Entre 2017 et 2022, 11 % des ménages français auraient été infestés par des punaises de lit, selon un sondage Ipsos réalisé en juillet par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Dans un rapport publié en juillet 2023, l’Anses livre des données sur l'impact sanitaire mais aussi socio-économique de ces nuisibles. 

Le 28 septembre, l’Académie suisse des sciences naturelles publiait les premiers résultats des études sur la fonte des glaciers suisses en 2023. Comme on pouvait s’y attendre, ils ne sont pas bons : après avoir perdu 6% de leur volume en 2022, ils en ont perdu 4% cette année, faisant de 2023 « le deuxième plus gros recul depuis le début des mesures ». Avec une diminution globale de 10% de leur volume en deux ans, ces glaciers ont autant fondu qu’entre 1960 et 1990. Harry Zekollari est glaciologue à l’École polytechnique fédérale de Zurich. Il a participé à ces mesures, et se confie à Cuej Info.

Les deux années précédentes ont été catastrophiques pour les glaciers suisses. Pour quelles raisons ?

Habituellement, on perd 1 ou 2% des glaciers par an. Les deux dernières années ont battu tous les records, on a perdu beaucoup plus que ce qu’on pensait, et ce pour trois raisons principales. D’abord, l’apport en neige a été limité en hiver, alors que les glaciers ont besoin de cette neige pour les protéger. La couche de neige a donc rapidement laissé place à la glace en-dessous, qui a une couleur plus foncée. Or, quand une surface est blanche, une grande partie de l’énergie solaire est réfléchie (NDLR : c’est l’effet albédo). Mais si le glacier devient plus foncé, il va absorber plus d’énergie, ce qui entraîne une fonte additionnelle et plus rapide. Ensuite, il a fait très chaud aux printemps et étés derniers. Et enfin, il y a eu de nombreux épisodes venteux qui ont fait venir sur les glaciers du sable du Sahara. De la même manière que la glace, il a une couleur plus foncée que la neige, et a donc également un effet négatif sur la fonte.

Nous avons perdu 10% des glaciers suisses en deux ans. Doit-on en déduire que d’ici 20 ans, tout aura disparu ?

Non, nos projections sont plus positives. Même si ça reste très alarmant de voir ces pertes, ces deux dernières années ont été exceptionnelles. Actuellement, on sait qu’en 2050, on aura perdu environ 50% du volume des glaciers alpins, même si on arrive à ralentir le réchauffement climatique. Si on se projette en 2100, dans le pire des scénarios, les pertes seraient supérieures à 90%, il n’y aurait donc presque plus de glaciers dans les Alpes. Mais si on arrive à suivre l’Accord de Paris de 2015, donc à limiter la hausse des températures entre 1,5 et 2°C, on pourrait ne perdre « que » 70%. Ce n’est pas positif, mais c’est mieux que rien.

Et dans le reste du monde ?

On ne peut pas extrapoler ce qu’on observe dans les Alpes à d’autres régions du monde, parce que ses glaciers sont très bas, comparés à ceux de l’Himalaya, par exemple. Ces projections concernent les 4 000 glaciers des Alpes, il y en a environ 200 000 sur Terre. Dans nos projections globales, que ce soit dans le meilleur ou le pire des scénarios, nous prévoyons une perte de 25 à 50% du volume des glaciers d’ici la fin du XXIe siècle. De manière générale, c’est clair que les glaciers vont souffrir énormément dans les années à venir, même sans réchauffement additionnel, parce qu’ils réagissent lentement aux changements de climat. Ce sont surtout les décisions que l’on prend aujourd’hui pour limiter le réchauffement climatique, qui nous diront si nos enfants et petits-enfants verront des glaciers en 2100.

Quelles seront les conséquences de cette fonte ?

Sans réchauffement climatique, les glaciers fournissent de l’eau aux habitants des vallées dans les moments où ils en ont le plus besoin. Un glacier sain est plus important en hiver, plus petit en été, donc il apporte de l’eau quand il fait chaud et sec, de façon naturelle, en fondant. Mais avec le réchauffement climatique, on voit que les glaciers perdent trop de volume pendant l’été. Donc on va atteindre un pic d’apport en eau dû à une fonte plus importante, mais en contrepartie le glacier sera de plus en plus petit, et fournira de moins en moins d’eau à terme. Dans les Alpes, on est dans ce pic en ce moment, mais l’apport en eau va diminuer dans les décennies à venir, surtout en été. Une des raisons pour lesquelles on étudie ça, c’est parce qu’en Suisse, une grande partie de l’électricité est générée par les barrages (NDLR : deux tiers de l’électricité est issue de centrales hydrauliques), alimentés par l’eau des glaciers. Les projections montrent que cette production sera fortement perturbée par leur fonte dans les années à venir. Mais au niveau des apports en eau, il est important de contextualiser le rôle des glaciers : une partie vient aussi de la neige saisonnale, de la pluie. Ce n’est pas parce qu'ils fondent qu’il n’y aura plus d’eau dans les vallées, mais il y en aura de moins en moins.

Noah, 22 ans, devant l'ascenseur d’une bibliothèque strasbourgeoise, le 29 septembre. Photo : Mina Peltier

Noah, 22 ans, devant l'ascenseur d’une bibliothèque strasbourgeoise, le 29 septembre. Photo : Mina Peltier

Noah, 22 ans, devant l'ascenseur d’une bibliothèque strasbourgeoise, le 29 septembre. Photo : Mina Peltier

La région Nouvelle-Aquitaine souhaite instaurer un congés menstruel, selon un projet soumis lundi 2 octobre 2023 au vote de sa commission permanente. Après l’Espagne, premier pays d’Europe à avoir introduit ce type de dispositif l’année dernière, ce congé fait son chemin en France. Une des premières initiatives de l'Hexagone a été lancée fin mars dans la ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). 

Deux jours de congé par mois

Le conseil de la Région Nouvelle-Aquitaine a précisé mardi que les employées de la région pourront disposer avec « un justificatif médical de deux jours d’autorisation spéciale d’absence par mois, sans jour de carence et donc sans retenue sur salaire. » Cette proposition peut présenter des avantages pour les nombreuses personnes concernées et apporte plus d’attention à la santé des femmes, réduit leur douleur, leur inconfort tout en favorisant leur bien-être mental. Tout cela peut améliorer la productivité des employées en leur donnant plus de temps de repos, car certaines personnes menstruées* ne peuvent pas se passer de médicaments analgésiques certains jours.   

Bien que cette possibilité d'avoir plus de jours de congé est saluée par beaucoup, ce dispositif ne fait pas l’unanimité, notamment chez certaines féministes. Sophie Binet, première secrétaire de la CGT, parle ainsi d’une « stigmatisation des femmes ». De son côté, l’association Osez le féminisme épingle une « fausse bonne nouvelle ». Cette mesure pourraient avoir des effets contre-productif, avec des risques de discrimination à l’embauche. Les employeurs pourraient privilégier le recrutement d'hommes en raison de ces journées supplémentaires de congés.

« Mieux prendre en charge les femmes »

L’association souhaite donc que la santé des personnes menstruées soit prise au sérieux : « C'est à la société de mieux prendre en charge les femmes, investir dans la recherche pour faire cesser ces douleurs et ne pas juste dire aux femmes : 'Ok, ce n'est pas grave, vous pouvez être pliées en deux, mais restez chez vous'. » La région Nouvelle-Aquitaine partage en partie ce constat et souhaite responsabiliser les entreprises. « En l’absence de mesure nationale, il en va de la responsabilité de chaque employeur d’améliorer le quotidien professionnel des agents souffrant d’endométriose ou de règles douloureuses. »

* Quand on parle de menstruation, on ne pense souvent qu'aux femmes. Mais certains hommes trans ainsi que des personnes non-binaires ont aussi leurs règles ; tout en sachant que toutes les femmes ne sont pas menstruées. Il est donc préférable d’utiliser l’expression de « personnes menstruées » à celle de « femme », trop restrictif.  

Johanna Mohr

Édité par Jade Lacroix

En 2023, les glaciers suisses ont perdu 4% de leur volume. Ici, le glacier d'Aletsch, le plus grand des Alpes, avec une superficie de 78 km2. Photo d'illustration Kazabubu/Pixabay

Assis sur un banc, en pleine pause cigarette, Matthieu, 21 ans, se remémore les scènes où il s'est fait contrôler, à trois reprises. « Ce qui m’a marqué la deuxième fois, c’est qu’il y avait beaucoup de policiers dans le centre-ville de Strasbourg. J’étais sur le quai, ils m’ont contrôlé moi, mais aussi d’autres groupes de jeunes, à côté. Je pense qu’ils avaient des quotas. » Même lorsqu'il était mineur, Matthieu s’est fait contrôler. Il venait d’acheter un vélo. En selle sur l'ancien, il tenait d'une main le nouveau. « Ils ont cru que je les avais volés ». Depuis quelque temps maintenant, l’étudiant en gestion administration et comptabilité a développé une nouvelle stratégie pour éviter de se faire contrôler au faciès : rouler à vélo. « Là au moins, ils ne peuvent pas m'arrêter. »

Alexia Lamblé et Mina Peltier

Édité par Laura Beaudoin

Harry Zekollari, glaciologue à l’École polytechnique fédérale de Zurich, revient sur la fonte alarmante des glaciers suisses.

Alors que l’Assemblée nationale discute de conditionner le versement de l’allocation, des travailleurs sociaux s’interrogent sur l’utilité et l’applicabilité d’une telle mesure.

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