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Tout juste arrivé de Nice, l’étudiant en cinéma attend des amies parties tourner une petite scène dans le hall d’un bâtiment de Strasbourg. « Oui, bien sûr que je me suis déjà fait contrôler. Mais pas ici, plutôt chez moi, à Nice. » Toujours la même histoire. À chaque contrôle, Marco se baladait avec des amis, la nuit : « quand ça m'arrive, je suis toujours accompagné de mes collègues, qui sont noirs ou rebeux. C’est eux, vraiment, qui intéressent les flics. Pas moi. » Après réflexion, il estime « avoir été contrôlé parce que j’étais avec eux. J’étais pris dans le tas. » D’ailleurs, la seule fois où Marco s’est fait contrôler, il était seul, à la sortie d’un train. « J’étais pas spécialement visé, c’était un contrôle de routine.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? », se demande Voskan Danielyan avec un ami, tout juste sorti de l’avion. Ce 23 septembre, il est 22 heures à Erevan. Les deux compères ont un objectif en tête : atteindre Goris, la dernière localité avant la frontière qui sépare l’Arménie du Haut-Karabakh. Depuis la reddition de la république autonome arménienne le 20 septembre, des milliers de réfugiés affluent, fuyant l’enclave désormais aux mains de l’armée azerbaïdjanaise. Jeudi 28 septembre, sa dissolution a été officiellement annoncée.

« On a fait des courses de première nécessité, on a acheté de quoi subvenir aux besoins de 35-40 personnes », raconte aujourd’hui l’homme à la carrure imposante, accoudé à la table d’une brasserie strasbourgeoise. « Un ami sur place nous a ensuite emmenés à Goris. Nous y sommes arrivés à une heure du matin. » Pour y parvenir, ils ont dû emprunter une route dangereuse, revendiquée par l’Azerbaïdjan bien qu’étant sur le territoire souverain arménien. « On pensait que notre dernière heure allait arriver », se remémore le trentenaire à l’œil vif. Mais l’appel de la solidarité est plus fort. « Dieu m’a donné des mains, des jambes. C’est pour en faire quelque chose », soutient le fervent chrétien et également champion de street workout, un sport mélangeant gymnastique et musculation.

« C’était irréel, on revivait 1915 »

Arrivés à Goris, Voskan Danielyan et ses amis sont abasourdis. « C’était irréel, on revivait 1915 », dit-il en faisant référence au génocide dont son peuple a été victime. « La Croix rouge courait de partout. » Après s’être signalé auprès des autorités locales, le groupe est redirigé vers un gymnase, où des femmes et des enfants se reposent. « Le soldat qui montait la garde s’est effondré en larmes devant moi », se rappelle Voskan Danielyan, ému.

Cette mesure permet aux femmes d'avoir deux jours de congé pendant leur règles. Photo : katemangostar de Freeepik

Tout comme l'Eurométropole de Strasbourg ou la métropole de Lyon, la région Nouvelle-Aquitaine ambitionne d'expérimenter le congé menstruel dans les mois à venir.

16 h 20 : C'est la fin de ce direct

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16 h 10 : Ce qu'il faut retenir de ce 582e jour

  • Les athlètes paralympiques russes pourront participer aux Jeux de Paris 2024, mais sous bannière neutre.
  • Si la France n'arrêtera pas ses dons de matériels militaires, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé que l'Ukraine devra aussi acheter ses propres armes.
  • Les anciens membres du groupe Wagner réintègrent progressivement l'armée russe, en se battant sur le front ou en formant des combattants.

Depuis le 25 septembre, les députés examinent le projet de loi « pour le plein emploi » qui prévoit notamment de conditionner le versement du RSA aux 2 millions de bénéficiaires à 15 heures d’activités hebdomadaires. En Alsace, depuis 2017, il est déjà possible pour les bénéficiaires du RSA d'effectuer quelques heures de travail par semaine dans des structures dédiées, à condition d’être volontaire.

« On s’est rendu compte qu’il y avait des gens qui n’étaient pas prêts à travailler dans le parcours d’insertion classique avec un contrat de 24 heures par semaine », pose Irenéo Tellez Alonzo, accompagnateur socioprofessionnel aux Jardins de la Montagne Verte, une association d’insertion professionnelle active dans le maraîchage. Depuis un an, il accompagne des personnes bénéficiaires du RSA dans le dispositif Hors les murs, avec des contrats entre 4 et 8 heures par semaine. Ils cumulent l’allocation, la prime d’activité et un petit salaire, sur une période maximale de deux ans. Seul prérequis : être volontaire.  « On emploie des gens sans qu’ils aient besoin d’avoir de l’expérience dans le domaine », explique aussi l'accompagnateur. 

« Ils vont travailler où ? »

L’association salarie 150 personnes, dont 48 bénéficiaires du RSA. Ces derniers ont en moyenne 45 ans, sont surtout des hommes et ont des parcours très divers. « L’idée, c’est vraiment de les mettre en activité, on parle de personnes très éloignées du marché du travail. On sait que certains n’iront pas au-delà du dispositif », poursuit Irenéo Tellez Alonzo, qui ne cache pas ses doutes sur l’applicabilité du projet de loi « pour le plein emploi ».

« C’est une manière de pousser les gens à sortir du RSA. Mais, ils vont travailler où ? Est-ce qu’ils vont trouver par eux-mêmes ou seront-ils orientés ? » Accompagner les gens dans leurs difficultés est sa principale occupation : « On utilise le maraîchage et l’agriculture urbaine comme support à l’insertion. Mais il y a des personnes très en difficulté qu’on n’arrive pas à accompagner. Il y a des freins sociaux qu’il faut d’abord enlever. On dépense beaucoup d’énergie pour l’accompagnement social plutôt que pour l’accompagnement professionnel », confie-t-il aussi.

« On ne peut pas en recevoir plus »

Aux Jardins de la Montagne Verte, deux professionnels consacrent leur activité à l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. « Avec notre équipe on ne peut pas en recevoir plus » que les 48 par année. En France, 2 millions de personnes touchent le RSA mais 30% de ceux qui en ont le droit ne le demandent pas. Soit un bénéficiaire sur trois. À la charge des départements, les dépenses pour l’accompagnement sont en baisse. Un accompagnement dans de bonnes conditions, avec un suivi pour les 15 heures d’activités prévues dans le projet de loi semble donc lointain. « Il devrait y avoir eu une discussion par rapport à l’applicabilité, avant de faire voter la loi », grince-t-il.

Pour la directrice des Jardins de la Montagne Verte, Fatima Riahi, le projet de loi pourrait éventuellement avoir un effet positif. « Les personnes au RSA ne l’ont pas choisi. C’est difficile de s’intégrer au marché du travail, même quand on a des diplômes et une situation stable. Après, est-ce que les 15 heures peuvent être une opportunité pour certains d’intégrer des structures comme la nôtre ? »

Max Donzé 

Édité par Baptiste Huguet 
 

Voskan Danielyan revient de cinq jours en Arménie, dont trois à la frontière. PHOTO : Zoé Dert-Chopin

Voskan Danielyan a passé trois jours en Arménie, à la frontière azerbaïdjanaise, où des milliers de réfugiés affluent depuis dix jours.

Marco, 20 ans, assis dans le hall du Patio, le 29 septembre. Photo : Mina Peltier

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