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Les dépôts sauvages de déchets s'accumulent devant un bac de tri rue de Singrist. © Thomas Ancelin

La richesse écologique du quartier ne s’arrête pas à cet étroit bras de terre et d’eau corseté par le béton. La Montagne-Verte est traversée par deux autres corridors écologiques d’importance régionale, l’Ill et la Bruche. Hérons cendrés, martins-pêcheurs, ragondins, libellules et demoiselles : une centaine d’espèces animales y trouvent refuge, au cœur d’une agglomération de 520 000 habitants. "Pour les espèces qui utilisent ces cours d’eau, rappelle Corentin Calvez, il est important de veiller à ce que ces milieux soient le moins impactés possible." Une approche que tente de suivre le Parc naturel urbain (PNU), incluant une partie du quartier. Béatrice Pipart, référente du PNU pour l’EMS, le revendique : "Ce n’est pas le grand parc de l’Orangerie, tout propre et tout fleuri. On préfère garder un aspect sauvage. Le PNU, ça se parcourt avec des bottes."

Cinq bacs de collecte enterrée rue de Kirchheim permettent de trier différents déchets : verre, ordures ménagères, emballages… © Thomas Ancelin 

Le premier contact commence toujours par un grand sourire et un "ça va ?". Puis, images à l’appui, il les questionne sur leurs pratiques : "Avez-vous l’habitude de voir des déchets sur le sol ? Des ordures dans les communs ? Donnez-vous du pain aux animaux sauvages ? Avez-vous déjà vu des rats ?" Mais sur les six habitants rencontrés ce jour-là, seule une dame âgée accepte de lui répondre. "Ça dépend des gens et du moment, explique Diakaryaou Soumare, certains sont désintéressés par le sujet, ou juste trop occupés. Mais parfois ils prennent le temps de discuter et m’offrent le café."  

Campement de la famille d’Isra dans le parc d’Eugène-Imbs à la Montagne-Verte qui accueille près de cent sans-abris immigrés répartis sur une trentaine de tentes. ©Matis BILLER-GOEFFERS

Un potager en attendant la cour 

Responsables d’un jardin de 25m2, les élèves de l’élémentaire Erckmann-Chatrian sont de vrais botanistes en herbe. Sous la houlette de Pembe Duman, Accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) et animatrice périscolaire, trois CE2 ont été désignés référents du jardin : "On leur enseigne la patience, ils font tout, de la préparation du sol jusqu’à la dégustation en guise de récompense." Plantes aromatiques ou grimpantes, fruits et légumes parsèment cet espace semi-clos que tout le monde respecte, même si "les CP ont voulu dévorer nos framboises", brocarde Clément, 8 ans. Dans leur future cour végétalisée, Jade et David voudraient "un potager plus grand" mais aussi "des fleurs à la cantine". Pour ces élèves qui n’ont pas de jardin chez eux, hors de question de poireauter d’ici la cour végétalisée. 

Aux abords de ces espaces naturels, les axes de transport participent à la fragmentation des habitats, première cause du déclin des espèces à l’échelle mondiale selon l’IPBES, le groupement international des experts de la biodiversité. "Les ponts et les routes ont été réalisés à une période où la trame verte et bleue n’était pas un sujet central", ajoute Corentin Calvez, en pointant sur une carte du quartier les points de conflit entre espaces naturels et axes de transport.

Entamé en 2020 par la municipalité, le projet "cours Oasis" ambitionne de végétaliser deux tiers des 113 écoles élémentaires et maternelles strasbourgeoises d’ici 2026. À la Montagne-Verte, les groupes scolaires se verdissent à leur rythme. Si les enfants de Gutenberg attendent les vacances de février pour les dernières plantations, ceux du Gliesberg et de Erckmann-Chatrian courent toujours sur du béton.

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