Jean-Claude Juncker s'agace. La Hongrie demande de l'argent pour sa politique de migration tout en refusant d'accueillir des migrants comme le prévoit l'Union. Pas d'aide supplémentaire sans concessions, répond le président de la Commission.
La solidarité doit marcher dans les deux sens et la Hongrie ferait bien de s'en souvenir. C'est, en substance, le message que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, veut faire passer au Premier ministre hongrois, Viktor Orban.
Le 31 août, le gouvernement de Hongrie avait adressé une lettre à la Commission pour réclamer à l'Union européenne le remboursement de la moitié des sommes engagées dans la protection des frontières extérieures au cours des deux dernières années.
Une demande pour plus de solidarité de la part des Etats membres puisque le pays d'Europe de l'est dit avoir dépensé 400 millions d'euros pour juguler la crise migratoire dans les Balkans, avec notamment l'érection de barrières physiques (mur ou barbelés).
Le choix à la carte n'est pas possible
Mais la Hongrie semble choisir ses domaines de solidarité "à la carte", comme le rappelle assez sèchement le président Juncker. Le gouvernement Orban continue de refuser le dispositif de relocalisation des migrants mis en place en 2015 par l'Union.
Ce dispositif prévoit de répartir le flux migratoire entre les pays membres, en allouant des quotas de migrants à chaque pays. Contesté juridiquement par la Hongrie et la Slovaquie, il vient d'être réaffirmé par la Cour de justice de l'UE.
Jean-Claude Juncker souligne également que plusieurs aides financières sont déjà prévues dans le cadre du Fonds pour la sécurité intérieure (FSI). La Hongrie devrait toucher 40 millions d'euros entre 2014 et 2020. Avec une aide financière qui correspond à 3 % de son PIB, la Hongrie est championne d'Europe dans ce domaine.
Lenteur préjudiciable
Le président de l'institution européenne en profite pour égratigner encore une fois le gouvernement Orban, qui s'est assis sur les deux tiers des 6,26 millions d'euros qui lui avaient été alloué en 2015, en tant que fonds d'urgence pour parer au plus fort de la crise migratoire. En cause, la lenteur de l'administration hongroise pour valider le virement de ces sommes, qui se sont alors "perdues".
"La solidarité est une rue à double-sens. Parfois, des Etats membres peuvent s'attendre à recevoir de l'aide de la part de l'Europe, parfois, ils doivent être prêts à aider l'Europe", fustige le haut fonctionnaire européen, qui hausse le ton contre la Hongrie à un moment où l'Europe est très contestée par ces Etats de l'Est.
Clément Nicolas