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Depuis six mois Camille Metemberg, jeune papa de 33 ans, s'est lancé le défi de construire son propre vélo-cargo avec l'aide de La Fabrique. 

Les anciens quais de déchargement ont été réinvestis par des acteurs de l'économie solidaire et des ateliers d'artistes. © Clemence Barbier 

 

Le triangle de la discorde

Directeur de projet au sein de la direction de territoire Koenigshoffen Montagne-Verte Elsau, François Desrues évoque les raisons, historiques et actuelles, de la diversité architecturale à Koenigshoffen. 

A l’intérieur du triangle Herrade : un espace vert non aménagé et puis rien. La seule infrastructure accessible est un petit terrain multisports situé à une centaine de mètres de la cité. Alors les enfants improvisent des parties de foot dans la rue. Des accidents ont déjà eu lieu. “C’est l’autoroute, déplore Fatma Inal qui vit à Herrade depuis sa naissance. Il y a deux mois, un enfant a eu le pied arraché.” Une pétition a été lancée en 2016 afin d’alerter les pouvoirs publics. Deux ralentisseurs ont été installés. Problème : ils se trouvent à l’extérieur du triangle et ne sécurisent pas la zone dangereuse. Les habitants exigent un troisième ralentisseur, en vain.

À une rue de l’ancienne malterie, dans son salon richement décoré, Paul-Antoine Dantès se remémore l’histoire passée de ce haut lieu industriel koenigshoffenois. Des deux incendies qui ont détruit plusieurs hangars du site et de la démolition d’une vaste cheminée qui menaçait de s’effondrer. Sa collection de souvenirs des années Gruber fièrement exposée à ses côtés, l’historien et auteur d’un livre sur le faubourg* se dit convaincu par le devoir de préservation. Selon lui, “même s’il faut de nos jours savoir adapter les anciens bâtiments aux nouvelles activités, c’est une chance qu’on ait pu conserver certains de ces édifices historiques…”

Nicolas Arzur, Clémence Barbier et Pierre Boudias

*Koenigshoffen. Un faubourg de Strasbourg. Deux mille ans d'histoire, Éditions du Signe, 232 p.

Selon Luc Gillmann, adjoint au maire en charge de Koenigshoffen, le projet a peu de chances de voir le jour. Il explique que les règles de conservation du site sont strictes : “Le plan local d’urbanisme de l’Eurométropole exclut toute construction d’habitations, car il consacre exclusivement le parc Gruber comme une zone économique et industrielle.” D’autant que toute destruction de bâtiments est soumise à l’approbation des Architectes des bâtiments de France, le site étant classé “patrimoine remarquable”. La Ville de Strasbourg a, quant à elle, pour projet d’aménager dans les anciens bureaux administratifs de la brasserie une maison des services publics. Le but : faire de la ZA “le nouveau centre-ville du quartier, attractif culturellement et économiquement”.

 

Faire de la zone “le nouveau centre-ville du quartier”

Dissimulé derrière un grand drap blanc taché d’argile, Jonathan Stab, membre de l’association La Hutte, navigue entre ses créations. Sans cesser de pétrir son pâton, ce potier propose : “Il faudrait qu’un nouvel accès soit ouvert à l’arrière du parc. Cela permettrait aux camions-poubelles de passer, car ils refusent de descendre l’étroite allée menant jusqu’aux anciens quais de déchargement”. Beaucoup pointent également la transformation en “friche” des anciens hangars de stockage qui bordent la petite rivière Mulhbach.

 

 

"Balance"

 

 

D’autant que la zone n’est pas modulable à l’envie pour ses résidents. “Le parc est encastré entre un chemin de fer, une petite rivière, des habitations et un pont. Et il est organisé en trois strates, ce qui pose de nombreux problèmes d’accessibilité et d’élargissement des espaces de stationnement”, se désole Rodolphe Keiff. La réorientation de son activité vers la vente par Internet et les professionnels depuis quelques années lui permet cependant d’être impacté que marginalement par cette situation. “Les grandes entreprises ont déserté la zone d’activités à cause de la faible capacité du parking”, soutient quant à lui M. Fischer qui plaide pour un agrandissement depuis plusieurs années. “Il faut s’adapter aux besoins économiques actuels !”

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