Jacqui Burger était adolescent lorsqu’il a commencé à travailler au Parc des Forges. C’était en 1980. Depuis 38 ans, il est employé chez Lévy et fils (aujourd’hui Orexad), magasin de fournitures industrielles. Il a connu le faste de l’époque Strafor : "C’était un de nos principaux clients, notamment en visserie. Le midi, on déjeunait à la cantine de Steelcase-Strafor. Forcément, cela a été compliqué lorsqu’ils sont partis."
Après la crise économique de la fin des années 2000, tout le parc a connu des difficultés. L’entreprise de cloison Clestra-Hauserman a également déménagé. Une entreprise britannique a racheté les terrains et réaménagé la zone.
"La transformation du quartier lui a apporté une nouvelle vitalité, avec des magasins, des habitations. Une salle de sport s’est installée, et à l’avenir, il y aura une école." Pour autant, Jacqui Burger ne vit plus ici : "J’ai longtemps habité de l’autre côté de l’autoroute, à cinq minutes à pied. Je faisais aussi de la lutte dans un club à Koenigshoffen." Mais depuis six ans, il a déménagé à Villé, près de Sélestat. Jacqui Burger se lève désormais à 5h du matin, avant de passer une heure dans les transports : "C’est un changement de rythme, mais pour un cadre de vie différent aussi."
"Ici, je me sens bien. C’est un plaisir de venir le matin, sinon je ne serais pas restée." Depuis avril 2018, Ginette Erb travaille aux Jardins de la Montagne Verte, une structure de Koenigshoffen, qui aide à la réinsertion de personnes éloignées du monde du travail grâce à l’agriculture biologique. À 31 ans, cette Bischheimoise apprécie de voir les habitués franchir la porte du magasin, qu’elle gère avec deux autres vendeuses : "On a des clients sympathiques, j’aime le contact avec eux."
Avant Ginette Erb était mère au foyer. Ses enfants ont 5 et 9 ans, mais "ils ne comprennent pas pourquoi maman part tous les jours au boulot." Elle a choisi "par besoin mais aussi par envie" de recommencer à travailler. Mais sans l’aide de sa famille, elle n’aurait pas pu reprendre une activité professionnelle. "Le papa peut s’occuper des enfants, le papi et la mamie aussi; se réjouit-elle. Sinon, je n’aurais pas pu bosser à Koenigshoffen, je n’aurais pas été gagnante financièrement. J’aurais continué à m’en occuper."
Depuis son arrivée, Ginette Erb n’a pas pris un seul jour de congé. Pourtant, ses journées sont longues : "Je dois me lever à 6h55 pour être à l’heure au travail, je passe trois quarts d’heure dans le bus. Avant qu’ils modifient les lignes en septembre, je mettais une demi-heure. Maintenant, je prends d’abord la L3 à Bischheim puis j’attends 10 minutes aux Halles. Ensuite, je monte dans le bus 4 qui m’amène à Koenigshoffen."
Ginette Erb vient de renouveler son contrat de six mois. "Malheureusement, ils ne prennent pas les CDI. Dans un an et demi, je ne serai plus ici. Donc je suis obligée de me projeter plus loin. La vente ça me plaît bien." Elle aimerait continuer dans l’agriculture biologique : "Je ne m’en sentais pas du tout proche avant, mais on y prend goût !"
Le couvent des Capucins
L’un des lieux atypiques du quartier de Koenigshoffen est cet ancien couvent, situé rue Monseigneur-Hoch. Il a été transformé en résidence d’accueil pour réfugiés, et a ouvert en juillet 2018. 72 personnes d’origines diverses (Afghans, Irakiens, Kosovares, Soudanais, Tchétchènes…) se côtoient dans ce bâtiment à part, lié à la fédération Caritas. Les contrats d’habitation sont ici de six mois ou d’un an. Des cours de français obligatoires sont donnés aux locataires, qui sont aidés dans leur recherche de logement. Les personnes qui y sont hébergées ont demandé de l’aide au Centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada), ou ont bénéficié du soutien des Services intégrés de l'accueil et de l'orientation (SIAO), qui aident les individus dans les différentes étapes d'insertion.