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Au milieu des outils et des bouts de bois, derrière le fouillis de son établi et sa barbe rousse, Simon Burgun planche sur ses créations. Agé de 38 ans, ce Strasbourgeois est luthier. Dans son atelier, route des Romains, il fabrique et répare des guitares de manière artisanale. "Nous sommes environ 400 en France, dont cinq ou six à Strasbourg." Formé en Belgique, Simon Burgun est depuis revenu s’installer dans sa ville natale. Il y a 3 ans, il choisit Koenigshoffen, "un des derniers quartiers abordables de Strasbourg".

"Même si mes clients ne sont pas du quartier, j’y vis et donc j’y suis attaché, assure l’artisan luthier. A côté, il y a le café, la boulangerie ; la Poste n’est pas très loin, l’épicerie de nuit est juste en face, ma fille va à la crèche municipale… Il y a quasiment tout ce qu’il faut pour vivre."

Simon Burgun est aussi membre du STICK, une association destinée à la réparation de vélos, située au Parc Gruber. "Le parc participe au dynamisme du quartier. C’est un lieu qui permet les expérimentations. Ça grouille !" s’enthousiasme-t-il. Avec le STICK, l’artisan luthier milite pour que les aménagements de la nouvelle ligne de tramway soient cyclo-compatibles. Il souhaite même, "dans l’idéal", un cheminement pour vélos avec une différence de hauteur par rapport au trottoir.

 


Tranches de vies au Poilu

13 novembre 2018

Tranches de vies au Poilu

Pendant qu'ouvriers et pelleteuses s'activent sur l'extansion de la ligne F du tramway, à la brasserie "Au Poilu", la vie suit son cours. 

 

Le Parc se forge une nouvelle économie

13 novembre 2018

Le Parc se forge une nouvelle économie

Le Parc des Forges est un quartier historique du nord de Koenigshoffen qui tire son nom des anciennes Forges de Strasbourg. Proche de l'autoroute A351, cette zone industrielle de 35 hectares s'est transformée pour ...

"GOURMETTE", mot compte double. Fière de son coup, Yvonne est en passe de l’emporter. Comme chaque vendredi après-midi, elle retrouve Claude pour une nouvelle partie de Scrabble. Ancienne responsable des services de La Poste à Strasbourg, depuis 32 ans Yvonne est l’une des 2 300 membres que compte l’ANR du Bas-Rhin. "Ce rendez-vous hebdomadaire me permet de rencontrer d’autres personnes et de faire fonctionner ma mémoire", confie-t-elle.

Yvonne bénéficie de la nouvelle section Jeux et loisirs créée fin avril 2018, par l'ASPTT. Tous les vendredis de l’année, de 14h à 17h, a lieu une rencontre autour des jeux de société dans le club-house du centre sportif Ouest de Koenigshoffen. "On voulait profiter du lien historique que l’on a avec l’ANR pour amorcer ce nouveau projet", déclare Denis Laurent, manager général de l’ASPTT.

Le programme compte 26 adhérents exclusivement issus de l’ANR mais reste ouvert à tous : "Toute personne intéressée peut venir deux vendredis gratuitement avant de payer la cotisation de 20 euros" précise Jean-Marie Merl, membre de l’ANR et président de la section Jeux et loisirs. "Ce sont souvent des personnes seules, parfois veuves, qui viennent se divertir", explique sa compagne Marie-Ange Merl, elle aussi membre de l’ANR.

Ils partagent une philosophie de vie, plus ou moins engagée, qui dépasse le cadre immobilier. Au Verger Saint-Gall, où chacun a un pied en politique, la question environnementale occupe une place de choix. “On est attachés à la vie sans voiture”, confie Eloi. L’arrivée du tram a été un argument majeur, les rapprochant du centre-ville. Du côté de la Porte des Romains, les membres se sont entendus sur des matériaux écologiques, de la brique locale. Les deux projets expriment nettement la volonté d’espaces communs : buanderie, local à vélo, atelier de bricolage ou chambre d’amis.  

A la Porte des Romains, la direction est aussi mise en commun. Trois promoteurs, dont Cus Habitat, s’unissent et travaillent avec l’association Ecoquartier de Strasbourg. Le projet a connu un revers : l’architecte choisi par les habitants n’a pas trouvé de compromis financier avec l’opérateur, ce qui a entraîné un retard de trois mois. Les familles doivent composer, depuis septembre, avec l’architecte de l’opérateur.

 

“Ça responsabilise pas mal”, s’exclame Eloi, membre de Verger Saint-Gall, l’autre projet phare d’habitat participatif du quartier. Il s’érigera fin 2020 au 1 chemin du Marais-Saint-Gall, une rue perpendiculaire à la route des Romains. Ici, contrairement au programme Porte des Romains, un groupe autoformé a répondu à un appel à projets de l’Eurométropole. Des études de faisabilité aux fouilles archéologiques, en passant par les esquisses, les cinq ménages pilotent tout en autonomie. Une vraie dynamique de groupe les lie : “On part même en week-end ensemble bientôt”, s’amuse le jeune père.

 

Cathy Kraemer n’abandonne jamais : "En février 2017, j’ai dératisé ma cave moi-même car le bailleur ne l’avait pas fait. J’ai attrapé la leptospirose, une infection transmise par l’urine des rats. Mon frère et mon voisin, qui m’avaient aidée, sont aussi tombés malades." Née à Herrade il y a 44 ans, elle s'est improvisée porte-parole des habitants du quartier. Car les rongeurs ne sont pas les seuls responsables des désagréments du secteur.

 

C'est ce qu'a montré l'opération "J'aime mon quartier", menée en avril 2017 par l'association Par enchantement. Une vaste démarche de porte-à-porte destinée à recueillir les doléances des habitants. "Le manque de propreté exaspérait les locataires, explique Mohamed Eramami, animateur de projets de l'association. Ils se plaignaient du manque de poubelles et des rats dans les caves." Parmi les autres problèmes soulevés : les jeunes qui squattent caves et greniers, ou les automobilistes qui roulent trop vite dans le triangle Herrade.

 

Autrement dit, il n'y a pas de règles, basées sur l’esthétique des bâtiments, pour régir les constructions ou les rénovations ?

Il existe une particularité. Dans un périmètre de 500 mètres autour des monuments historiques, classés ou inscrits, l’architecte des bâtiments de France a son mot à dire. Il intervient dans le cadre de l’instruction des permis de construire ou des déclarations préalables. Il peut refuser certains matériaux, couleurs, tailles de fenêtres...

Au sujet de la couleur, on observe à Koenigshoffen une certaine hétérogénéité, des devantures singulières, voire artistiques. Peut-on ravaler la façade de son habitation comme on l’entend ?

La liberté n’est pas totale. Les ravalements de façade fonctionnent sur le principe de la déclaration préalable. Un architecte conseil, au service urbanisme, refuse, accepte, ou offre son expertise aux particuliers pour les réorienter sur une autre couleur par exemple. Il y a donc un certain nombre de garde-fous même si certaines personnes ne déclarent pas leurs travaux. Il est possible de régulariser et dans certains cas, la Ville peut stopper les travaux a priori, négocier la condition de leur reprise... Les voisins peuvent également former des recours. Sur ce point, dans ce quartier, il n’y a pas vraiment de culture du contentieux. Et puis Koenigshoffen est en Alsace et ici, on a l’habitude des bâtiments colorés.

Aïcha Debouza et Thémïs Laporte

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Yvonne, d'abord venue jouer le vendredi après-midi par curiosité, est aujourd'hui une habituée de ce créneau hedbomadaire. © Nathan Ramaherison

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Les cinq ménages du Verger Saint-Gall ont fait réaliser une esquisse de leur futur habitat. © Ajeance

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