Longtemps restée inoccupée, la tour médiévale accueille depuis 2016 la maison du PNU. Le bâtiment sert également de repaire pour une dizaine de start-up tournées vers la vie de quartier, en accord avec la volonté de l’Eurométropole d’en faire un lieu d’échanges et de rencontres.
Pour cet enfant du Hohberg, il est impensable de vivre ailleurs. "J’aime la vie du quartier. Je suis né ici, j’ai grandi ici, je compte rester ici. Et quand j’aurai une copine, je resterai là, par rapport à ma famille. C’est comme ça que ça se passe ici."
Cette proximité au quotidien, Karim s’en souvient avec nostalgie. "C’était vraiment magnifique, par rapport aux repas de famille. Quand dans la pièce on est nombreux, on est obligés de cohabiter dans la bonne humeur." Le jeune homme retire les mains de ses poches pour remettre son bonnet en place. "Tu te rappelles la “Ciss’ron”, Jamel, comment c’était ?", lance-t-il en se tournant vers son ami.
"La “Ciss’ron”, c’était un bloc familial", se souvient Karim. Il regarde au loin et pointe son doigt vers le bout de la rue Cicéron, à l’endroit où le bâtiment trônait avant d’être détruit en 2015 : "J’habitais là-bas avec mes parents. Au rez-de-chaussée, il y avait mes grands-parents, au cinquième étage ma tante, et sur le même palier, mes cousins et le frère de mon grand-père."
Comment s’est construit l’habitat à Koenigshoffen ?
L’urbanisme dans ce quartier date du temps des Romains. Cet héritage est perceptible dans la trame parcellaire, celle des voiries. Le faubourg s’est vraiment métamorphosé avec le développement industriel au 19e siècle. Beaucoup d’entreprises se sont installées, telles la brasserie Gruber en 1855, avec des conséquences sur le bâti : des usines, des cheminées, des armatures métalliques, beaucoup de galeries souterraines pour le stockage de la glace... et des logements ouvriers. Au 20e siècle, pendant l’Entre-deux-guerres, l’activité de construction a témoigné des complexités alsaciennes et strasbourgeoises liées à l’alternance franco-allemande.
Sur la route des Romains cohabitent des barres, des immeubles collectifs avec des bâtisses plus anciennes. Est-ce leur apparition, plus tardive, qui explique la diversité architecturale du quartier ?
On a tendance à penser que la densité et la diversité urbaine sont liées aux grands ensembles des années 1960. Après la Seconde Guerre mondiale, le principal enjeu a été celui de la construction massive. Sont alors apparus des logements collectifs, voire de grands ensembles à Koenigshoffen. Mais plus que l’apparition de ces habitats, c’est l’accumulation des constructions, l’héritage historique et les modifications au fil des époques, qui expliquent la diversité. Quand on reconstruit, chaque petite parcelle est faite différemment, un peu plus grande, et ainsi de suite.
Les constructions récentes ne doivent-elles pas respecter certains critères pour s’inscrire, de manière cohérente, dans le paysage urbain ?
Les règles sont fixées par le plan local d’urbanisme, plus particulièrement par l’article 11 de son règlement qui traite de l’intégration paysagère, de l’insertion d’un projet dans son environnement. Pour autant, les juges répètent bien souvent qu’on ne peut pas refuser le permis de construire d’un collectif juste parce qu’il ne ferait « pas beau » à côté d’un immeuble ancien. Cela reste du domaine de l’esthétique, du subjectif. Si la Ville souhaite une faible densité urbaine, il faut que le règlement l'impose.