Le président ukrainien Petro Porochenko était en visite mercredi 17 mai au Parlement européen, à Strasbourg, pour assister à la signature du règlement visant à exempter les ressortissants ukrainiens de visa pour se rendre dans l'espace Schengen. Le chef d’État ukrainien s'est félicité de cette mesure, allant jusqu'à parler de « jour historique » pour son pays.
Depuis la signature de l'accord d'association avec l'Union européenne en 2014, l'Ukraine avait fait de l'exemption de visa Schengen pour ses ressortissants l'objectif principal de sa diplomatie européenne.
Texte: Robin Dussenne
Photo : Denis Strelkov
Le Parlement européen a adopté mardi 16 mai à une large majorité un rapport visant à lutter contre le gaspillage alimentaire. Les consommateurs et les industriels sont encouragés à limiter le gâchis.
« Il y a de la nourriture pour tout le monde. Mais tout le monde ne mange pas à sa faim », a résumé mardi 16 mai l’eurodéputée Michela Giuffrida (S&D, socio-démocrate) au Parlement européen réuni à Strasbourg. Dans l’Union européenne, 88 millions de tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque année alors que 55 millions d’Européens ne mangent pas à leur faim. Dans un rapport adopté à une large majorité (633 pour, 33 contre, 20 abstentions), les eurodéputés avancent plusieurs propositions pour remédier à cette contradiction et réduire de moitié le gâchis d’ici 2030.
Ce rapport est d’autant plus important que la Commission européenne tarde à lutter contre le gaspillage. Après l’adoption de quatre résolutions entre 2011 et 2016 pour inciter l’exécutif européen à agir dans ce domaine, le Parlement européen veut maintenir la pression politique. Fin novembre 2016, la Commission a lancé une plateforme européenne sur les pertes et le gaspillage, afin de recenser les bonnes pratiques et permettre l’échange d’expériences entre acteurs publics et privés. Une initiative insuffisante aux yeux de la Cour des comptes européenne qui a fustigé en janvier les actions « fragmentées et intermittentes » de l’exécutif européen en la matière. « Les efforts de la Commission n’ont pas été pris en compte », s’est toutefois défendu Vytenis Andriukaitis, le commissaire à la santé et la sécurité alimentaire, devant les eurodéputés.
De l’assiette à la poubelle
Qui sont les responsables du gaspillage ? En amont de la chaîne de vie des aliments, les agriculteurs subissent d'importantes pertes de production et donc de revenus. Outre la promotion des circuits courts et des coopératives, le rapport suggère d'intégrer la question du gaspillage à la prochaine réforme de la Politique agricole commune (Pac) après 2020. Pekka Pesonen, secrétaire général du syndicat agricole européen Copa-Cogeca, n’est pas opposé à ce principe de l’insertion de lutte "anti-gaspi" dans la politique communautaire. « Dans ce contexte de discussions sur la modernisation et la simplification de la Pac, les fermiers européens attendent des mesures qui améliorent la durabilité du secteur. Cela peut inclure la prévention des pertes », confirme-t-il.
Mais l’ensemble des denrées produites ne se retrouvent pas dans l’assiette du consommateur. Des normes européennes de commercialisation (taille, calibrage, aspect des fruits et des légumes) déterminent les produits acceptés sur le marché et ceux qui ne le sont pas. « Les normes de commercialisation qu’utilise la grande distribution ont un effet sur le gaspillage », fait valoir la députée française Angélique Delahaye (PPE, conservateur). C’est notamment le cas de certaines pommes, trop petites qui ne peuvent être commercialisées et sont donc souvent jetées.
Les ménages sont quant à eux responsables de plus de la moitié du gaspillage en Europe. « Nous avons besoin d’une campagne d’éducation pour responsabiliser les consommateurs, notamment pour expliquer l’expiration des produits », explique l’eurodéputée croate Biljana Borzan (S&D, socio-démocrate), rapporteure du texte. Selon elle, les Européens comprennent mal la différence entre les mentions « à consommer de préférence avant » et « à consommer jusqu’au » inscrites sur les produits. Les produits mentionnant « à consommer de préférence avant » partent à la poubelle alors qu'ils peuvent encore être consommés après la date fixée.
Encourager les dons
A l’autre bout de la chaîne, le rapport encourage l’assouplissement des législations nationales en matière de dons. Angélique Delahaye préconise ainsi d’« augmenter la capacité de dons aux associations d’aide alimentaire, concernant les produits frais par exemple ». Actuellement, dans certains pays (Espagne, Suède, Danemark), les donateurs doivent s’acquitter de la TVA, alors que jeter ne leur coûte rien. C’est pourquoi le Parlement européen invite la Commission à autoriser les exonérations fiscales sur les dons de nourriture.
« Les Etats membres doivent adopter des mesures de simplification, des incitations fiscales et financières et des accords volontaires pour promouvoir le don de nourriture ou de produits non alimentaires qui ne peuvent plus être vendus », avance Kinga Timaru-Kast, responsable de la communication d’Eurocommerce, représentant des détaillants et grossistes. Dans ce domaine, la “loi du Bon Samaritain”, adoptée en 2003 par l’Italie, fait figure d’exemple. Cette mesure limite la responsabilité pénale et civile de la grande distribution lorsqu’elle donne ses invendus aux banques alimentaires.
Johan Cherifi et David Henry
Photos : Pierre-Olivier Chaput et Pablo Guimbretière
Le Parlement européen a adopté mercredi 17 mai une résolution sur le cadre européen des certifications de l’apprentissage tout au long de la vie. Les eurodéputés encouragent la Commission européenne à l'adapter aux transformations du monde du travail.
Moderniser le cadre européen des certifications de l'apprentissage (CEC), c'est le sens de la résolution adoptée mercredi 17 mai par le Parlement européen. Depuis 2008, ce cadre vise à aider les Etats membres, les universités et les employeurs à comparer les différents certificats fournis par les systèmes nationaux d'éducation et de formation professionnelle.
Pour les eurodéputés, le cadre a été mis en œuvre de manière trop inégale à travers l'Europe et n'est plus adapté à certaines réalités actuelles du monde du travail. La reconnaissance des qualifications informelles, la prise en compte des nouvelles pratiques professionnelles et l'intégration des ressortissants des pays extra-européens sont selon eux les chantiers prioritaires auxquels le CEC doit désormais s'atteler.
Les divergences sur le fond restent toutefois vives. L'extrême droite, suivie par une partie de la droite souverainiste, dénonce par la voix de l'eurodéputé français Dominique Martin (ENL, extrême-droite) un « nivellement par le bas des systèmes de certification », qui « utilise le prétexte de la mobilité et de l'harmonisation pour faire du dumping social ». A gauche, on considère que la Commission se fourvoie : « il faut changer de priorité. Plutôt que s'interroger sur les qualifications, il faudrait davantage investir pour l’emploi », affirme en séance l'eurodéputée grecque Kostadinka Kuneva (GUE, gauche radicale).
Cette résolution (non-contraignante) désormais adoptée, l'initiative d'une nouvelle réforme du CEC réside entre les mains de la Commission.
Pierre-Olivier Chaput
Pour Olivier Costa, directeur de recherche au CNRS à l'IEP de Bordeaux et spécialiste de l'Union européenne, la nomination de l'eurodéputée bulgare de 37 ans Mariya Gabriel (PPE, conservateur) comme commissaire à l'économie et à la société numériques n'est pas une surprise.
Quel est le parcours de Mariya Gabriel ?
Je l'ai connue lorsqu'elle est venue à Bordeaux dans les années 1990. Elle faisait partie de ces excellents étudiants de filières bilingues venant de Bulgarie. Elle a commencé une thèse de science politique dans mon laboratoire de recherche. Ce n'était pas facile pour Mariya : elle n'avait pas de financement et très peu de moyens. Au cours de sa thèse, elle a été amenée à rencontrer Boïko Borissov, l'actuel Premier ministre bulgare. Elle s'est ensuite présentée aux élections européennes sur les listes de son parti (NDLR : affilié au PPE) et a été élue en 2009.
Quels sont les qualités qui lui ont permis d'être nommée à ce poste ?
Elle a une bonne connaissance des langues et de l'Europe. Mariya a un attachement particulier à la langue française et, lorsqu'elle a été élue eurodéputée, elle a tenu à s'entourer d'assistants francophones. La Bulgarie a voulu nommer quelqu'un pour ses compétences. Au Parlement européen, elle a très vite acquis la réputation d'être quelqu'un de fiable et sérieux. Je pense qu'en tant que commissaire, elle sera dure à la tâche. De plus, elle a su se tenir à distance des scandales qui ont éclaboussé la politique bulgare.
Que va-t-elle faire à la Commission ?
Elle aura en charge la politique numérique à la Commission européenne. Pour l'Union européenne, cette question est centrale. Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne) voulait une équipe dynamique composée de jeunes et de femmes. Mariya a donc toute sa place à la Commission où elle va pouvoir apporter des idées novatrices.
Propos recueillis par Johan Cherifi
Photo : Olivier Costa
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a été reçu au Parlement européen à Strasbourg mardi 16 mai. Le dirigeant tchadien s’est adressé aux députés pour défendre la coopération entre l’Europe et l’Afrique.
« De l’Egypte à la Grèce, de Carthage à Phénicie, des liens indissociables se sont tissés entre l’Europe et l’Afrique. » Dans son allocution devant le Parlement européen mardi 16 mai à Strasbourg, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat a souhaité rappeler l’histoire forte qui relie « depuis des siècles » les deux continents.
À l’occasion du 10e anniversaire du partenariat entre l’Union européenne et l’UA, le président Mahamat a indiqué ses priorités : « la lutte contre le terrorisme et le réchauffement climatique ». L’UA est une association politique et économique panafricaine de 55 Etats membres. Elle œuvre pour la promotion de la démocratie et des droits de l’Homme.
L’ancien Premier ministre tchadien a insisté sur l’urgence de répondre aux « défis de l’immigration », à la fois pour éviter « le naufrage de familles entières en mer Méditerranée », mais aussi pour « réinventer un avenir meilleur pour la jeunesse africaine. » De son côté, le président du Parlement européen Antonio Tajani a souligné l’importance de « travailler d’égal à égal » avec l’UA : un partenaire selon lui indispensable pour « résoudre le problème du terrorisme. »
Robin Dussenne