Ce mardi, à Mulhouse, il faisait moins 19 degrés. Au zoo, certains animaux grelottent et le personnel adapte sa façon de travailler.
Les employés du zoo doivent casser la glace des plans d'eau pour que les flamands roses ne restent pas prisonniers. (Photo Cuej-Marion Lippmann)
Au zoo de Mulhouse, les plans d'eau sont gelés et l'herbe est glacée. La barre des moins dix degrés est dépassée depuis déjà dix jours. Les chemins qui relient les enclos sont déserts : les visiteurs ont disparu. Les animaux n'ont plus de public pour admirer leurs pirouettes. Le quotidien du personnel aussi est bouleversé. Deux vétérinaires et une équipe de 29 animaliers veillent au bien-être des 1200 animaux. Mouiller leurs bottes, casser la glace avec une pelle, porter une vigilance accrue à la santé des animaux. Le froid leur donne du fil à retordre.
Pourtant, même si la vie se complique, le zoo ne ferme pas. Les espèces ne sont pas égales face à ce froid polaire. Les tigres s'en amusent. Ils gambadent ou somnolent sur des flaques gelées. Leur secret : un pelage dense et épais, et des pattes gigantesques.
Plus frêles, quelques primates (petits singes) sont cloîtrés à l'intérieur. Pas une punition, mais la seule solution pour les maintenir en vie. Selon Jean-François Lefevre, le responsable animalier, deux heures à l'extérieur leur serait fatal. Mais loin des arbres, le temps est long pour ces boules d'énergie. Pour éviter que les singes ne s'ennuient et ne dépriment, les animaliers mettent en place des « enrichissements » : des jeux, des branchages supplémentaires, une nourriture plus difficile d'accès pour les faire bouger. Et cela fonctionne. Thomas, un vieux primate solitaire, ne se lasse pas de viser ses compagnons avec sa balle bleu. Un vrai sniper...
Les flamands roses, eux, sont confrontés à un vrai problème. Leur constitution les contraint à rester dans l'eau jour et nuit. Mais lorsque l'eau gèle, cet impératif devient périlleux. Pour leur survie, les animaliers cassent la glace plusieurs fois par jour, et une pompe met l'eau en mouvement pour en conserver l'état liquide.
D'autres animaux, comme les pélicans, n'ont pas froid aux yeux. Leur période de reproduction est sacrée. De telles températures ne les empêcheront pas d'accomplir leur devoir conjugal. Assis confortablement sur leurs œufs, ces gros oiseaux couvent et veillent à la survie de leur progéniture. Ces animaux, originaires des pays de l'Est, sont habitués à de telles températures. Bien plus que le personnel, frigorifié. « Ce métier doit être une passion, surtout quand il fait -19°C. Sinon, on lâche l'affaire » estime Jean-François Lefevre.
Fabienne Hurst et Marion Lippmann