Après un mois, la grève des avocats se poursuit au Tribunal de grande instance à Strasbourg. Une situation difficile pour les justiciables en comparution immédiate.
Les jeunes étudiants avocats présents au Tribunal de grande instance à Strasbourg n’ont pas vu plaider à la barre leurs futurs confrères et consoeurs. Au lendemain de la manifestation nationale contre la réforme des retraites, ce mardi 4 février, la grève des avocats se poursuit. « Souhaitez-vous être jugé aujourd’hui ? Vous devrez vous défendre tout seul en raison de la grève des avocats », rappelle le président. Le premier prévenu acquiesce. Comme les cinq suivants, il se défendra seul, sans avocat commis d’office, non sans difficultés.
« Vous êtes des sales bougnoules »
Vêtu d’un survêtement bleu aux rayures blanches, l’homme de 48 ans est habitué des tribunaux. Condamné à 15 reprises dont sept fois pour outrage, il est accusé d’avoir agressé un sapeur pompier. Samedi 1 février à 23h22, les pompiers reçoivent un appel, un homme semble inconscient dans le tramway. À leur arrivée, il se réveille, assène un coup de poing dans la mâchoire du secouriste, selon l’accusation. « Pourquoi avez-vous simulé un malaise ? », demande le juge. Le prévenu, sous traitement au Subutex, médicament prescrit pour soigner la toxicomanie, tente de se défendre. « J’étais complètement bourré, ce que je faisais n’était pas clair, mais je n’ai pas touché le pompier », déclare-t-il d’une voix rauque. L’homme sans emploi, comparaît également pour outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique. « Vous avez dit aux policiers : "vous êtes des sales bougnoules, des sales merdes comme les pompiers" », lit-le juge. L’homme ne nie pas ces faits. « J’ai insulté les policiers car ils m’ont frappé, j’ai des hématomes partout », dit-il.
Six mois de prison
« Vous êtes tous dans le même lot, j’ai du racisme envers les Français, je suis manouche moi » : c’est par ces mots que le quadragénaire conclut son semblant de plaidoirie. Le procureur requiert une peine de prison de huit mois ferme. La décision judiciaire est légèrement plus clémente, il écope de six mois avec mandat de dépôt. En grève, les conseils des quatre victimes ne plaident pas. L’ accord sur les dommages et intérêts à verser aux victimes est renvoyé en mai.
Maxime Arnoult