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Le Congrès des Etats-Unis ne votera pas, ou du moins pas tout de suite, sur l'autorisation demandée par le président Obama d'intervenir militairement en Syrie. A Washington, sous le Capitole, les débats étaient vifs tant la question divise les parlementaires, entre les élus favorables au recours à la force et les opposants. Rien d'étonnant : le conflit entre isolation et intervention est une longue histoire aux Etats-Unis.

Dès 1796, le premier président des Etats-Unis, George Washington, déclarait que « la meilleure solution pour entretenir des relations avec des nations étrangères, c'est d'étendre les relations commerciales et d'avoir le moins de relations politiques possibles. » Cette vision était reprise et développée en 1823 par la « doctrine Monroe » . Le président James Monroe tient alors un discours devant le Congrès, fixant les principes de la politique étrangère des Etats-Unis. Il constate l'existence de deux sphères politiques, le continent américain d'un côté, le reste du monde de l'autre. « Nous devrions considérer toute tentative de la part d'autres pays d'étendre leur politique à toute partie de cet hémisphère comme dangereuse pour la paix et la sécurité de notre pays », estime-t-il. Si un état visait à coloniser un territoire du continent américain, inclus l'Amérique du Sud et les îles américaines, les Etats-Unis le prendront comme acte d'hostilité, voire d'agression. « Les continents américains, qui sont libres et indépendants, ne doivent pas faire l'objet de colonisation future de la part d'aucune puissance européenne », affirme Monroe. En fait les Etats-Unis redoutaient une recolonisation française et britannique de leur continent. En revanche, les Etats-Unis s'abstiennent de toute intervention militaire ou politique en Europe. Le seul élément liant l'Amérique avec le reste du monde doit être le commerce.

Le conflit de Cuba est l'occasion de changer d'attitude. L'insurrection de l'île, qui était encore une colonie espagnole en 1898, s'est terminée avec l'occupation du pays jusqu'à son indépendance en 1902. Cette guerre, menée par le président William McKinley, est la première intervention pour défendre les intérêts des Etats-Unis en dehors du continent américain. Ils considèrent que leur mission est de propager la liberté dans le monde. Leur neutralité concernant le continent européen se termine avec l'entrée en guerre contre l'Allemagne en 1917. Les années 20 sont une période de retour à l'isolationnisme. Les Etats-Unis refusent de joindre la Société des Nations. La population, après avoir appris les coûts de la Première guerre mondiale, voulait à tout prix éviter une nouvelle guerre et considère les pays européens comme une source de conflits. Selon Warren Harding, président en 1920  : « le présent de l'Amérique n'a pas besoin de héros, mais de repos ; pas de révolution, mais de restauration, pas d'immersion dans l'internationalité, mais de maintien de la nationalité triomphante. »

Mais la politique d'isolationnisme américaine est définitivement remis en cause par l'attaque de Pearl Harbor en 1941 et le début de la Seconde guerre mondiale. La victoire de 1945 et la maîtrise de la bombe nucléaire donnent la possibilité aux Etats-Unis de s'établir en tant que puissance mondiale, menant une politique globale.

Depuis, les Etats-Unis suivent une politique d'intervention. De la Corée au Vietnam et l'Angola, contre l'expansion de la sphère soviétique, ils essaient de répandre leur système social, économique et politique dans le monde entier, au nom de la protection de la démocratie. Après une courte pause suite à la chute du communisme, les attentats du 11 septembre renouvellent la politique d'intervention, justifiant la l'expédition contre l'Irak. Après les échecs au Vietnam, en Afghanistan et en Irak, le peuple américain semble se méfier de futures interventions. L'Irak notamment a provoqué un changement dans la politique, avec l'arrivée de Barack Obama comme nouveau président.

Obama a tenté de convaincre son peuple d'agir contre Bachar Al-Assad, avec les arguments de principes, faisant appel à la « mission » des Etats-Unis dans le monde : « Ce n'était pas seulement une attaque directe sur la dignité humaine, mais une menace à notre sécurité nationale », annonce-t-il le 7 septembre. « En tant que leader de la plus ancienne démocratie constitutionnelle du monde, je sais que notre pays va être plus fort et nos actions plus efficaces si nous agissons ensemble. (…) Ceci ne va pas être un autre Irak ou Afghanistan », continue-t-il. Poursuivant : « mais nous sommes les Etats Unis d'Amérique. Nous pouvons pas fermer les yeux sur les images que nous voyons en Syrie. » Si le spectre des bombardements s'éloigne de la Syrie, nul doute que les Américains devront trancher dans ce débat entre isolationnisme et interventionnisme. Peut-être dès l'an prochain à propos de l'Iran ?

Larissa Rausch