À l’approche de la Saint-Valentin, le Service de santé universitaire de Strasbourg a mis en place, ce jeudi, plusieurs animations attrayantes pour informer les étudiants sur la santé sexuelle et leur permettre de se faire dépister gratuitement des IST.
Sur les barres de la rampe qui mène à l’entrée du Service de santé universitaire de Strasbourg (SSU), une affiche contraste avec le gris austère du bâtiment situé quartier de l’Esplanade. Un préservatif rose en forme de cœur y trône sur un fond turquoise accompagné d’un « Faites-vous dépister ! » À l’approche de la Saint-Valentin, le SSU a organisé, ce 10 février, une journée consacrée à la santé sexuelle. Au programme, préventions et dépistage gratuit des infections sexuellement transmissibles (IST) au laboratoire ou par TROD avec l’association SOS Hépatites. Pour mieux attirer les étudiants, Lisa, 20 ans, en service civique à la fédération des étudiants d'Alsace (L’Afges), a pimenté le planning par une animation : le jeu « Sexe & Chocolat ». Le plateau du jeu égaie la salle d’attente d’une ambiance bonne enfant. Imhotep, 24 ans, le co-anime avec Lisa. C’est lui qui accueille les étudiants intrigués dans la salle en leur tendant un gros dé orange. « Vous voulez jouer ? »
« Un rapport sexuel non protégé, c’est comme une boîte de chocolat… On ne sait jamais sur quoi on va tomber ! »
Le titre évocateur en a alléché certains : Len-yuam, Agathe et Elena, trois étudiants en langues de 18 ans, admettent ainsi être venus pour découvrir ce qui se cachait derrière ce jeu. L’occasion pour eux de faire de cette situation pesante et angoissante, le dépistage, un bon moment entre amis. Ils acceptent la proposition d’Imhotep avec plaisir. Elena lance le dé la première, en visant une des cases au sol, ornée d’une image de chocolat.
Le dé tombe sur la ligne « Transmission » : « Quatre ! ». Lisa dégaine l’affichette qui correspond à la case : « Vrai ou faux ? On peut avoir une IST en étant vierge…» Grosse hésitation dans la salle, avant un petit « faux » hésitant lancé par Len-yuam. “Eh non, c’était vrai : il existe d’autres moyens de transmission, comme la transfusion, la transmission foeto-marternelle, etc.”
À mesure que la partie s’allonge, les joueurs, grâce aux réponses données par Lisa, deviennent de plus en plus experts dans les cinq familles de questions : les IST, la prévention, les symptômes, la transmission et le plaisir. Et à chaque fois que le dé tombe sur une case, le plateau se remplit de mots qui forment cette maxime au dénouement de la partie : « Un rapport sexuel non protégé, c’est comme une boîte de chocolat… On ne sait jamais sur quoi on va tomber ! »
Faire de la prévention avec fun
Pour Catherine, la trentaine, sociologue intervenante, le but de cette journée n’est pas seulement de prévenir des risques de la sexualité, mais aussi de promouvoir son épanouissement. D’où le fait d’associer « risques » et « plaisir » dans les jeux. Elle a fait le choix d’accueillir les étudiants en individuel et non plus en groupe, pour une conversation plus intimiste. Avec une couronne de préservatif sur l’oreille, elle propose aux jeunes assis dans la salle d’attente de faire une partie de « cocotte ». Ce petit jouet de papier plié dans lequel se cachent des messages à chaque pliure, rappelle des souvenirs d’enfance qui facilitent la première discussion avec les étudiants. « Après douze ans de prévention des IST et tous les vents que je me suis pris dans mes tentatives, j’ai appris une chose : il faut le faire avec fun. Grâce aux jeux notamment, où à des détails comme les préservatifs que j’ai sur l’oreille, ça permet d’accrocher et de mettre à l’aise les étudiants sur ces sujets stressants ».
Les préservatifs, Yannis et Baptiste, la vingtaine, les ont enfilés sur le corps. Déguisés en capote géante, ils ont fait le tour du campus pour sensibiliser au sujet des IST et pour distribuer des moyens de contraceptions.
Ces initiatives répondent à un besoin urgent, celui de ramener les 15-25 ans à l’habitude du dépistage des IST. Alors que chaque année en France, 6 000 personnes découvrent leur séropositivité, dont 13% âgées de moins de 25 ans. Selon, la Dr Julie Nguyen-Soenen, médecin en charge de l’événement, près de la moitié des jeunes ont arrêté de venir se faire dépister au SSU à cause de la pandémie de Covid-19 : ils étaient 1 800 en 2019, ils ne sont plus que 1 000 en 2021. « Il y a le VIH, mais aussi des IST comme la Chlamydia qui touche particulièrement les jeunes, et peut, quand elle n’est pas traitée, rendre stérile », alerte-t-elle.
Rafaël Andraud
Edité par Lorela Prifti