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En réaction aux lois anti-homosexuelles adoptées par l'Ouganda et le Nigeria, Strasbourg demande la suspension des accords de Cotonou avec Kampala et Abuja. La Commission a annoncé que l'aide au développement accordée aux deux pays était de fait gelée. Les parlementaires souhaitent que l'aide future soit redirigée vers ONG des deux pays.
A quelques semaines de l'ouverture de la campagne électorale, le Parlement européen porte de lourdes accusations sur le manque de légitimité et de transparence de la troïka (FMI, BCE et Commission) et sur le bilan de son action en Grèce, en Irlande, à Chypre et au Portugal. Il a adopté jeudi avec une large majorité deux rapports critiques sur son activité et son rôle.
« Opacité », « conflit d'intérêt », « absence de légitimité démocratique » et bilan social « négatif», les termes employés par les responsables de deux rapports sont durs, même si ces textes adoptés à une large majorité par les eurodéputés reconnaissent que l'action de la troïka a évité le pire à court terme face à la gravité de la crise financière.
Le premier, centré sur son fonctionnement et son rôle de pilotage du sauvetage des pays en faillite, relève d'un compromis entre le conservateur allemand Othmar Karas et le progressiste français Liem Hoang Ngoc. Il soulève d'abord des interrogations sur sa légitimité.
D'ordre démocratique d'une part : les prescriptions de la troïka n'ont fait l'objet d'aucune délibération au sein du Parlement européen. « C'est au sein de l'Eurogroupe, instance informelle où la voix de l'Allemagne est prédominante, que les décisions les plus importantes furent prises », condamne Liem Hoang Ngoc.
D'ordre institutionnel ensuite : La BCE et la Commission, deux institutions issues des traités de l'UE, exercent au sein de la troïka des missions qui ne sont pas inscrites dans ces traités. Ces missions relèvent du traité sur le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), un accord entre quelques Etats membres. Le rapport évoque donc des conflits d'intérêt entre ces deux types de missions. « La Commission n'a pas été garante de l'acquis communautaire, relève Liem Hoang Ngoc, elle n'a rien dit lorsque l'Eurogroupe a proposé de taxer les petits déposants alors qu'il existe une directive garantissant les dépôts en dessous de 100 000 euros. »
D'ordre organisationnel encore: . "Les trois institutions de la Troïka disposaient d'une distribution des responsabilités inégales entre elles, avec différents mandats, structures et modes de négociation et de prise de décisions ainsi que différents niveaux de responsabilité, avec pour conséquence un manque de contrôle démocratique approprié", souligne le texte
Enfin d'ordre politique : si gouvernements et parlements nationaux des pays sous programme d'ajustement ont bien endossé dans les formes les plans de réforme soumis par la troïka, c'est « avec un pistolet sous la tempe », considère le rapporteur français.
« Tsunami social »
Le second rapport s'est attaché à examiner les conséquences sociales des politiques formulées par la troïka. Le rapporteur Alejandro Cercas concède qu’il était nécessaire d’agir, mais conclut à un bilan très négatif. « Il y a une banqueroute sociale, un tsunami social, personne ne peut dire le contraire », a-t-il lancé lors d'une conférence de presse.
Pour lui, « les espoirs d’un retour à la croissance ne sont pas concrétisés » et les politiques dictées par la troïka en contrepartie d'une aide financière massive pour les quatre pays en faillite ont «débouché sur une hausse du chômage et des destructions d’emplois ». Le taux de chômage des jeunes, par exemple, atteint presque 60% en Grèce et plus de 50% au Portugal et en Irlande.
Il souligne que les effets des coupes budgétaires pratiquées dans le domaine de la santé et des médicaments (près de 4 milliards d’euros en Grèce par exemple) sont contraire aux droits sociaux reconnues par la Charte des droits fondamentaux de l'UE.
Alejandro Cercas demande la « disparition » du « monstre injuste et inefficace » qu'est la troïka. Il invite l’UE a apporter son aide aux quatre pays et recommande de considérer avant tout les dépenses de santé et d’éducation comme des investissements. Pour lui, un sauvetage ne se conçoit pas « sans politique de relance ».
Pour leur part, Othmar Karas et Liem Hoang Ngoc prônent un effacement progressif de la troïka au profit d'une « communautarisation du MES en un Fonds monétaire européen ». Cette normalisation permettrait, selon eux, au Parlement européen d'avoir un droit de regard sur les politiques d'ajustement mises en place, et de garantir ainsi transparence et débat démocratique.
Quentin Cezard et baptiste mathon
DEVELOPPEMENT « Si d'un côté nous engageons les pays du Sud à développer une agriculture vivrière, nous ne pouvons pas réussir, si, de l'autre côté, nous les encourageons à produire de plus en plus de matières végétales destinées à couvrir nos besoins énergétique » s'est inquiété Charles Goerens, eurodéputé luxembourgeois. Pour remédier à ce genre de problèmes, le Parlement européen propose que le président de la Commission tranche en cas de contradiction entre les politiques de l'Union et ses engagements en terme d'aide au développement.
C’est la famille politique dont la bonne foi dans le domaine européen ne saurait être remise en cause. Mais je ne m’attaquerai pas à mes adversaires. Michel Barnier m’a dit un jour qu’il avait construit toute sa carrière politique en ne parlant jamais de ses concurrents, mais de ce qu’il veut faire. Je veux m’en tenir à cette ligne là aussi et ne pas me montrer agressif vis-à-vis des autres. Je veux que les affrontements aient lieu sur les idées, sur les projets.
Vous n’avez pas peur que cet engagement politique vous soit reproché ?
Il y a des gens qui disent que quand on est journaliste, on n’a pas le droit de devenir candidat à une élection. Je ne vois pas pourquoi il s’appliquerait aux journalistes cet interdit qui ne frappe que les militaires de carrière. Dans tous les autres pays européens, il y a beaucoup de journalistes qui vont une carrière en politique. Au Parlement il doit bien y en avoir une quinzaine. C’est vrai qu’en France, le milieu politique et le milieu médiatique se connaissent extrêmement bien, se côtoient constamment, mais la frontière entre les deux n’est pas poreuse, contrairement à tous les autres pays européens. C’est une question de culture nationale. Je pense qu’en France, on a voulu faire la césure après la seconde guerre mondiale à cause de la propagande. Le nom des journalistes qui ont franchi ce pas depuis trente ans, ils sont extrêmement peu nombreux, on les connait : Jean-Marie Cavada, Noël Mamëre, Dominique Baudis et François Sauvadet. Ça ne fait pas beaucoup de monde, mais ce n’est pas une raison pour ne pas y aller ! Mais tant que je ne suis pas élu, je continue d’être journaliste. Je n’ai pas rendu ma carte de presse. Et d’ailleurs, c’est encore en la présentant que je rentre au Parlement européen. »
Propos recueillis par Julien Bigard
Durant toute la campagne, Quentin Dickinson continuera d'officier pour Radio France, mais sera privé d'antenne. S'il est élu, cet amateur de rugby prendra alors exemple sur Jean-Marie Cavada ou Dominique Baudis, journalistes devenus eurodéputés. Sinon, il gardera sa carte de presse et continuera son travail, « tout à fait normalement ».
Julien Bigard
« Quentin Dickinson, qu’est ce qui vous a poussé à vous présenter aux élections Européennes ?
Ce qui m’a décidé, c’est cette campagne et ces élections qui ne ressemblent en rien à ce qu’on a connu jusqu’ici. Avant le débat en France c’était en gros « Bisounours europhiles » contre abstention. Aujourd’hui c’est autre chose. C’est plus brutal, ce sera plus court à cause des municipales. Et pour la première fois, ce sont les fondements paneuropéens de solidarité mis en place après la seconde guerre mondiale qui sont en train d’être remis en cause. C’est très grave. C’est le fait des extrêmes et des professionnels de la politique, qui pour des raisons à très courtes vues, sont tentés d’adopter quelques arguments de l’extrême droite ou de l’extrême gauche. C’est pour cela que j’ai voulu m’engager. Pour le dénoncer. Je ne peux pas supporter d’être simplement témoin, un journaliste racontant ce qu’il voit et ce qu’il sait, alors que je vois des gens habiles construire, avec succès, leur fond de commerce sur la haine, la peur de la mondialisation, le rejet d’autrui, la méfiance vis-à-vis de l’étranger et la fin de toute solidarité. Je ne peux pas laisser dire et faire ça. C’est un engagement citoyen, pas politique.
Ce n’est pas la première fois que vous aviez été approché par un parti politique ?
C’est vrai que tous les cinq ans, des gens bien attentionnés me prédisent un formidable avenir de député européen (il sourit). Comme je ne suis fâché avec personne et poli avec tout le monde, j’ai reçu des appels du pied plus ou moins appuyés au cours des quinze dernières années de trois familles politiques différentes.
Le journaliste de Radio France Quentin Dickinson a décidé de passer de l’autre côté du micro et de se présenter aux élections européennes sur la liste Modem/UDI dans la région Grand-Est.
Quentin Dickinson est une figure parmi les journalistes couvrant les affaires européennes, ou plutôt une voix. Une voix chaude, aisément reconnaissable, que l'on peut entendre depuis plus de trente ans sur les ondes. Mais à 64 ans, il a décidé de passer de l’autre côté du micro et de se présenter aux européennes.
Le monsieur Europe de Radio France est quelqu'un de connu et de respecté, de Strasbourg à Bruxelles. Les rouages des institutions de l'UE n'ont pas de secret pour lui. Il faut dire que cet ancien journaliste de la télévision luxembourgeoise RTL couvre les élections européennes depuis 1979.
Cette Europe qu'il connait, qu'il affectionne, qu'il soutient souvent ouvertement derrière son micro, il peut en parler pendant des heures dans son bureau. Toujours de manière posée, sans hausser le ton, dans un costume impeccable, souvent avec une écharpe sur les épaules, et des cravates et boutons de manchettes à motifs, comme des Vespas ou de ballons de football. « J'aime bien être un peu original, porter des choses qui sortent un peu de l'ordinaire, de l'ennui », confie-t-il avec un sourire, ses yeux bleu plein de malice. Il a donc décidé de faire le grand saut, de passer de l'autre côté de la frontière qui sépare son métier de celui d'homme politique, et de se présenter aux prochaines élections européennes pour l'alliance Modem/UDI, en numéro 2 sur la liste dans la zone Grand Est.