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Ihsan Khader, 33 ans, originaire de Naplouse : « J’ai senti comme une boule de feu »

Quatre voitures sont lavées chaque week-end

L'eau devient une charge mentale

Muhammad Abedabho a encore l'espoir de revenir sur ses terres palestiniennes. © Jean Lebreton

Costume bleu marine et moustache blanche taillée à la Brassens, le style élégant de Muhammad tranche avec son histoire familiale douloureuse. La Nakba, il l’a vécue en fil rouge toute sa vie. Le quasi octogénaire est arrivé en Jordanie en 1948, à 2 ans, avec son père et son frère. Après des années dans une terrible précarité, leur sort s’est amélioré petit à petit. « Sans l’aide de l’Office de secours de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, nous n’aurions pas survécu, raconte-t-il. Ils nous ont fourni des écoles et de l’aide alimentaire. »

Malgré la mort tragique de son frère, emporté par la rougeole, ­Muhammad et son père ont continué leur reconstruction. Ils ont tous les deux été naturalisés Jordaniens comme tous les Palestiniens de Cisjordanie arrivés lors de la Nakba. Malgré son âge, il a encore l’espoir de revenir sur ses terres palestiniennes. « Je pourrais habiter dans une tente ou même un petit nid », rigole-t-il. En attendant, il tient à transmettre son amour de la Palestine à toute sa descendance. « Je leur apprends à aimer notre terre au quotidien, en paix. Mais je ne suis pas dupe. Je leur raconte aussi les douleurs et les souffrances endurées par notre peuple. Ils doivent comprendre que nous avons perdu notre terre ! » 

Jean Lebreton

"On ne veut pas payer une eau qui nous appartient !" À Azraq, dans le nord-est de la Jordanie, de nombreux fermiers creusent des puits qu'ils ne déclarent pas pour irriguer leurs plants.

© Thomas Bonnet

Muhammad Abedabho, 78 ans, a vécu la Nakba : « J’apprends à mes descendants à aimer notre terre au quotidien, en paix »

En tant que Gazaoui, Jamal n’a pas été naturalisé comme le sont la plupart des Cisjordaniens en Jordanie. © Jean Lebreton

Ces pannes obligent les habitants à adapter leur consommation en piochant dans leur réserve. Pour les plus petites fuites, charge à Mohamed Sammer de les réparer avec les moyens du bord. Quand ce n’est pas possible, il contacte le gouvernement « mais le problème, c’est que ça met souvent du temps », déplore-t-il.

Jamal s’assoit pour discuter avec Yassine, son voisin octogénaire. Il a quitté il y a dix ans la bande de Gaza, laissant sa mère, ses frères et ses oncles. L’homme de 30 ans s’est installé près de l’artère principale du camp de Jabal Al-Hussein, pour vendre quelques antiquités. « De la camelote », ­ironise Yassine. En tant que Gazaoui, Jamal n’a pas été naturalisé comme le sont la plupart des Cisjordaniens en Jordanie.

Il n’a pas le droit de posséder un commerce. Dans sa main, une pièce à l’effigie du roi Hussein. « Tout ce que je possède est dans cette poche. À part ça et Dieu, je n’ai rien. » Le vendeur est aussi contraint de renouveler son laissez-passer tous les deux ans. « Les Cisjordaniens peuvent aller à l’étranger. Nous, nous avons l’interdiction de voyager, sauf autorisation spéciale. Le monde entier ne nous voit que comme des réfugiés... Mais nous voulons être bien plus considérés. »

Jean Lebreton

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