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La Cité pleure sa boulangerie

11 octobre 2013

(Crédit C.L. / CUEJ)

Demain, cela fera deux semaines que la boulangerie de la Cité de l'Ill a baissé son rideau. La fermeture a surpris tout le monde et il est désormais difficile de trouver du pain bon marché. Pis, c'est comme un bout de l'âme du quartier qui semble avoir disparu.

 

Sur le parvis gris de la cité de l'Ill, malgré la froide pluie d'automne, de nombreux Roberstauviens discutent autour des quelques commerces. La place, avec son épicerie arabe, sa pharmacie ou encore sa boucherie où les enfants achètent des bonbons au kilo, est le lieu de rencontre des habitants. Mais depuis deux semaines, l'ambiance n'est plus vraiment la même. À l'emplacement de la boulangerie « Au pain d'or », les deux rideaux de fer sont baissés et personne ne peut dire quand le lieu rouvrira.

 

« Ils ont fermé à cause de problèmes économiques. Liquidation judiciaire. On dit aussi que le patron jouait trop, mais ça... ». Dans le bureau de poste voisin, des fonctionnaires aux clients, tout le monde veut donner son avis sur la fermeture. « Pour moi, c'est plutôt à cause de la propreté du lieu. L'intérieur était sale, et le pain était vraiment mauvais depuis l'arrivée des nouveaux propriétaires ». Mélanie, jeune maman enceinte de 5 mois, ne semble pas tellement étonnée de voir le rideau baissé. « Maintenant ce que j'espère c'est qu'une nouvelle boulangerie va vite ouvrir. Ça manque déjà. »

 

« Un petit drame au niveau local »

 

Seule boulangerie au milieu des 1700 logements, le Pain d'or a laissé un vide sensible. « Maintenant, à 18h ça devient difficile de trouver du pain dans le quartier ! Bien sûr, ils en vendent au tabac et à l'épicerie « Market-Market » mais c'est du dépannage, ils ne peuvent pas vendre pour tous les habitants de la cité ! » Fabrice, une petite quarantaine, achète son pain au tabac-presse du parvis. « Et puis il y a le prix aussi : à la boulangerie, on avait 5 baguettes pour 2 euros... » (2,20 euros selon le site internet de la boulangerie). Comme en écho à ces déclarations, un vieil homme à la peau tannée s'exclame : « Il est bien cher ici le pain ! ». Le gérant du tabac hausse les épaules. Sa baguette, une banette fournie par un boulanger de la Robertsau, est vendue à 1,10 euro.

 

Mais avec la fermeture de la boulangerie, c'est surtout un lieu emblématique du quartier qui disparaît. Au pain d'or, on venait autant pour boire un café, se rencontrer et discuter, que pour acheter une baguette à 55 centimes. À l'intérieur en hiver, ou sur la terrasse lors des beaux jours, les personnes âgées de la cité avaient fait de la boulangerie leur quartier général. « C'était surtout les habitués qui occupaient le lieu. Ils se réunissaient là depuis des années, c'est pour eux que ça va manquer le plus. » regrette Fabrice.  Yves Le Tallec, conseiller général de la Robertsau, parle de « petit drame au niveau local ». « Bien sûr que les gens ne vont pas mourir de faim parce qu'il n'y a plus de boulangerie ! Mais c'est une véritable perte pour le lien social de la cité. »

 

Sur le parvis, le local vide de la boulangerie est venu s'ajouter à celui de l'ancienne Coop, à quelques mètres de là. Pour l'heure, personne ne sait ni quand ni comment ces locaux seront réhabilités.

 

Clémence Lesacq

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