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Oser parler avec les marionnettes

11 octobre 2018

Depuis le 10 octobre, un atelier marionnettes est organisé chaque mercredi au 40, rue de la Doller, à la Cité de l'Ill. L'atelier est animé par l'Escale, le centre social et culturel de la Robertsau. Il a réuni une quinzaine d'enfants, avec leurs mamans.

Vidéo tournée le mercredi 10 octobre au 40, rue de la Doller, Cité de l'Ill. (Les mamans ne souhaitaient pas que leur visage ou celui de leurs enfants soit visible.)

« Il s'appelle Hugo ! » « Je peux avoir les ciseaux ? » « Avec les marionnettes, on peut changer de personnalité ! » Les exclamations fusent, au premier étage de l'Escale, le centre social et culturel de la Robertsau-Cité de l'Ill. Ce mercredi, l'animation du dernier trimestre de l'année 2018 a commencé : elle sera centrée sur les marionnettes. Pour l'heure, celles-ci sont encore à l'état d'ébauche. Leurs concepteurs et conceptrices colorient et découpent, se concentrent et s'amusent. Rapidement, le fruit de leur imagination se concrétise, fait de papier crépon et de couleurs chatoyantes.

Ces marionnettes sont spéciales. C’est ce qu’aime faire remarquer l'animateur, surnommé Mister Zo : « Dans marionnette, on entend ‘’marre’’ car ici on se marre, et ‘’honnête’’ car ici on est honnête ! » Et il ajoute : « Tout ce qui se dit ici, ça reste entre nous. » Comprendre qu’ici, les préjugés n’ont pas droit de cité. La preuve : les enfants jouent ensemble tout naturellement. Gwen, la référente famille de l’Escale, précise : « Un enfant ne comprend pas les préjugés. Ici, on se parle malgré les différences, sans se juger. On se trouve des points communs. » Pour cette première séance pleine de découverte, les mamans d’origine tchadienne et celles d’origine maghrébine restent souvent entre elles, bien qu’elles nettoient la salle ensemble à la fin de l’activité : aller vers l’autre se fait petit à petit, et il leur reste encore neuf mercredis pour se rencontrer.

Les artistes en herbe, qui ont entre 5 à 13 ans, ne sont pas seuls à avoir le droit de prendre la parole sans contrainte : « Je m’appelle Mohammed ! – Ah, comme moi ! » Les mamans peuvent les accompagner, et elles aussi bénéficient de cette libération de la parole. Gwen, l’animatrice, décrit ces moments comme « leur appartenant exclusivement à elles et à leurs enfants : elles n’ont pas besoin de penser à autre chose pendant les deux heures de l’atelier. » La parole entre les mères et leur progéniture peut ainsi être plus complice, plus intime aussi, que ce soit en français, en arabe ou en tchadien.

Les deux heures de l’atelier passent plutôt vite. À la fin, il y a des perles un peu partout, quelques tubes de colle se sont échappés sous les tables. Mister Zo est très content : « On vous remercie d’être venus… mais faut continuer à venir ! » Gwen est heureuse elle-aussi, même si elle aimerait que les enfants aient autant d’entrain à ranger le matériel et les fournitures qu’ils en ont eu à les utiliser.

L’animatrice trouve cette activité « fédératrice, et permettant de faire quelque chose de valorisant ». Pour en découvrir les fruits, rendez-vous le 19 décembre à la tour Schwab pour le spectacle de Noël de ces marionnettes. Mamans et enfants y livreront les créations colorées et les jolies histoires mises au point au cours des dix séances hebdomadaires consacrées à cette activité.

 

Vincent Ballester

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