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José Manuel Fernandes (PPE, droite) tempère : « C'est une première étape vers un fonds de souveraineté. Mettre en place un fonds comme celui-là prend du temps, c'est pour cela que nous avons créé cette sorte de projet pilote 2024-2027 ». Marc Giget, économiste et président de l’European Institute for Creative Strategies and Innovation, garde également confiance : « La dépense européenne en Recherche et Développement n'a jamais été très importante car c'est une dépense qui est généralement du domaine national. Mais les financements actés donnent le ton et préparent les coopérations entre entreprises futures. STEP va dans le bon sens ». La Commission européenne sera chargée d’évaluer les résultats de la plateforme dès l’année prochaine.

Mélissa Le Roy et Élodie Niclass

Les indications géographiques (IG) mieux encadrées

Mercredi 28 février, le Parlement a adopté (à 520 voix pour, 19 contre et 64 abstentions) un nouveau règlement relatif aux indications géographiques pour les vins, les boissons spiritueuses et les produits agricoles. « Cette réforme est là pour épauler le secteur agroalimentaire, pour qu’il soit plus durable et plus résilient », affirme l’eurodéputé Paolo De Castro (S&D, sociaux-démocrates).

Les indications géographiques protègent les produits dont les caractéristiques uniques sont liées à leur provenance. Elles permettent aux producteurs de faire valoir la qualité de leurs produits et de proposer des prix équitables. Pourtant, des faiblesses dans l’application de leur législation, notamment en ligne, ont été mises en évidence par la Commission. Un manque de clarté aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs. 

La nouvelle disposition prévoit un alignement de tous les secteurs sur un cadre juridique unique afin de simplifier les procédures administratives, d’augmenter la durabilité des produits protégés et de veiller à leur protection en ligne. Afin de mieux informer les consommateurs, les producteurs devront maintenant faire apparaître leur nom sur les étiquettes et rédiger un rapport sur la durabilité environnementale, sociale et sur le bien-être animal. 

Dans un contexte de colère des agriculteurs, la législation veut permettre aux exploitants de réaffirmer leur position dans la chaîne de valeur et de promouvoir la qualité de leurs produits. « Nous donnons aux producteurs un outil puissant pour défendre leurs intérêts », affirme Mairead McGuinness, membre de la Commission.

Léa Oudoire

 

« L'objectif avec STEP c'est d'avoir une Europe forte, puissante, verte et autonome », s’enthousiasme l’eurodéputé José Manuel Fernandes (PPE, droite). Derrière cette grande ambition affichée, certains eurodéputés ne cachent pas leur déception.

Le programme STEP se voulait une réponse au plan américain pour la transition énergétique, l'Inflation Reduction Act (IRA). Mais les mesures finalement adoptées peinent à être à la hauteur de la concurrence. Même avec un effet de levier optimal, la plateforme resterait loin des 370 milliards de dollars mis sur la table par les Etats-Unis. « Le fonds de souveraineté promis n’est plus qu’un tripatouillage budgétaire, un saupoudrage archi limité », assène l'eurodéputée Nora Mebarek (S&D, sociaux-démocrates).

Made in Europe

La plateforme STEP doit soutenir l’innovation européenne, en finançant les nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle, la 5G et la production de semi-conducteurs, indispensables à la fabrication des smartphones et ordinateurs. Elle dispose d'un financement propre de 1.5 milliard d'euros et s’appuie aussi sur les fonds de programmes déjà existants, comme InvestUE et Horizon Europe. L’objectif est d'atteindre jusqu'à 160 milliards d’investissements. Pour donner confiance aux financeurs, les entreprises bénéficieront d’un label de souveraineté, gage de qualité.

La liberté de la presse en question avec l’extradition de Julian Assange

Le Parlement européen s’est à nouveau emparé du cas de Julian Assange ce mercredi 28 février. Les répercussions de la possible extradition du lanceur d’alerte sur la liberté de la presse étaient au cœur des discussions. « Il y a une véritable menace à la liberté d’expression et au pluralisme. Le silence de l’Union européenne est synonyme d’hypocrisie », a dénoncé l’eurodéputé João Pimenta Lopes (The Left, extrême-gauche). 

Julian Assange est poursuivi par les États-Unis pour espionnage. Le fondateur de WikiLeaks encourt 175 ans de prison pour avoir publié sur son site des centaines de milliers de documents confidentiels à partir de 2010. Des informations classifiées qui portent notamment sur des violations des droits humains de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Incarcéré depuis 2019 dans une prison britannique, Julian Assange risque l’extradition vers les États-Unis et a déposé ce mois-ci son dernier recours devant la justice londonienne.

La Commission européenne, appelée lors du débat à s’opposer à cette extradition, a une fois encore refusé de se prononcer contre et a réaffirmé sa confiance dans la justice britannique. Des eurodéputés se sont indignés de ces déclarations.

Pour Markéta Gregorová (Les Verts, écologistes), Julian Assange est un « véritable David qui s’oppose à des Goliath, malgré les risques encourus ». Elle dénonce le deux poids deux mesures des États membres, qui ont soutenu Alexeï Navalny et ses révélations d'abus de pouvoir en Russie. « Ou bien nous sommes aux côtés de tous les lanceurs d’alerte, ou bien nous n’en soutenons aucun. »

Lucie Campoy

 

Des ambitions revues à la baisse

« Il manque le plus important, c'est-à-dire l'argent », déplore l’eurodéputée Maria Poptcheva (Renew, libéraux). Alors que la Commission et le Parlement européen demandaient respectivement 10 et 13 milliards d'euros, STEP n’en recevra finalement que 1,5 milliard après négociations avec les États membres. Les conditions ne sont pas réunies pour atteindre l’autonomie voulue, selon les eurodéputés. La plateforme manquerait d’ambition. « Ce qu’on demande, c’est un fonds de solidarité doté en conséquence, avec des ressources propres », précise Henrike Hahn (Les Verts, écologistes).

Face à la montée des régimes autoritaires, des préconisations pour défendre les droits de l’homme en 2024 

« La promotion des droits de l’homme n’est pas une option, c’est une obligation juridique inscrite dans les traités de l’Union européenne », rappelle l’eurodéputé Nacho Sanchez Amor (S&D, sociaux-démocrates). Le rapport annuel sur les droits de l’homme et la démocratie a été adopté par les eurodéputés, mercredi 28 février. Produit par le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, le texte rappelle le devoir qui incombe à l’UE de défendre les droits de l’homme et la démocratie dans le monde, et alerte sur des tendances inquiétantes.

Au centre des préoccupations, une progression des régimes illibéraux et autoritaires et un recul de plus en plus marqué de la liberté des femmes, victimes de violences systémiques et bridées dans leur quotidien. Les États membres sont aussi exhortés à mieux protéger les journalistes et les défenseurs des droits humains, de plus en plus la cible d’attaques, et à sanctionner fermement toute atteinte aux droits fondamentaux.

Le rapport a été adopté à une large majorité par les eurodéputés. Seule l’extrême droite qui dénonce un texte idéologique s’y est massivement opposée. Les autres groupes partagent malgré tout des désaccords. En plein conflit à Gaza, des membres de The Left et des Verts dénoncent le soutien de l’Union européenne à Israël. « Est-ce que nous allons faire semblant que l’Union s’intéresse vraiment aux droits de l’homme après 4 mois de complicité avec le régime israélien ? », s’est indigné l’eurodéputé Mick Wallace (The Left, extrême-gauche).

Kenza Lalouni

 

Lors de son discours au Parlement le 28 février, Ioulia Navalnaïa a rendu hommage à son défunt mari, l’opposant russe Alexeï Navalny. © Camille Fraioli

Rentrer dans la course aux nouvelles technologies. C’est l’ambition de l'Union européenne qui s'est mise au pas en créant une plateforme de technologies stratégiques pour l’Europe (STEP). Alors que la pandémie de Covid-19 a révélé sa dépendance technologique par rapport à des pays tiers comme la Chine ou les États-Unis, elle compte sur cette plateforme pour atteindre une autonomie stratégique. Trois domaines sont priorisés : l'innovation deeptech, les technologies numériques propres et économes en ressources et les biotechnologies. Il s’agit d’éviter aux États européens de nouvelles pénuries sur des matériaux stratégiques.

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