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Quatorze ans plus tard, les jeunes qui fréquentent désormais le centre n’ont rien connu des incidents de 2010, pourtant, Kévin l’assure : "Je sens encore les tensions." Pour lui, le ressentiment se transmet de génération en génération. Il estime que même si "on fait beaucoup pour eux, on sait pas s’ils pourront oublier le mal qu’on leur a fait à l’époque".
Contrairement au projet annoncé, les 1200 m² prévus sont divisés entre le social et le médical et l'espace jeune se trouve relégué dans un local étroit. "C’est dans le couloir qui mène aux toilettes", lâche Kévin avec amertume. Les ados du quartier avaient pourtant été consultés afin de schématiser leurs attentes à propos du futur lieu. "Les jeunes ils y croient quand ils posent leurs dessins", regrette l’animateur. Leur déception est d’autant plus grande qu’ils "pensaient que tous les étages seraient à eux". Dès l’ouverture du centre, des tensions se manifestent entre les responsables et les jeunes du quartier. "Ça a été un ascenseur émotionnel pour les ados de l’époque. Ça a suffi pour qu’ils pètent les plombs."
À la croisée des chemins de l'Eurométropole, la Montagne-Verte subit les contraintes d'un quartier de transit. Bouchons, pollutions et insécurité routière pèsent sur le quotidien de ses habitants, humains ou non.
L'ensemble paroissial Saint-Arbogast : seul monument historique du quartier
Dans le quartier de la Montagne-Verte, seuls l’église Saint-Arbogast et son foyer, construits dans le style glacis en 1910, sont classés monument historique depuis 2022. Les démarches de classement ont été initiées par le président du foyer, Jean-Paul Meyer. Le prêtre, Jean-Philippe Rendler, confie y voir, a posteriori, "plus d’inconvénients que d’avantages". Les monuments historiques doivent être rénovés par des artisans spécialisés en respectant un cahier des charges exigeant. Bien que déductibles fiscalement, d’onéreuses avances de frais sont faites sur les deniers de la paroisse.
Arthur Besnard et Tom Soriano
Au numéro 10 de la rue, le CSC a eu des difficultés à voir le jour. En 1979 naissait chez les membres de l’association socioculturelle l’idée de construire un lieu d’accueil et de rencontre pour les habitants du quartier. Un bâtiment provisoire était alors érigé pour cinq ans. Mais les changements de maires successifs avaient peu à peu conduit à l’abandon du projet. En 2006, les préfabriqués étaient détruits, laissant derrière eux un terrain vague. C’est le retour du maire socialiste Roland Ries qui a finalement permis la signature du projet de construction. Le 9 octobre 2010, le centre tant attendu est inauguré.
Des débuts difficiles
Mahault de Fontainieu et Esther Sarazin
La bonne ambiance qui règne à l’intérieur du centre contraste avec les vitres brisées de la façade. "Ça, c’est des jeunes qui s’ennuient", déplore Kévin en pointant les dégâts. Plus bas dans la rue d’Ostwald, à deux pas de l’arrêt de bus Elmerforst, Abdel, 19 ans, tire sur son joint, bouteille d’Oasis à la main : "J’aime pas Montagne-Verte. Y’a rien ici, c’est vide." Le jeune homme n’a pas toujours été critique à propos du quartier. "Il y a huit-neuf ans, on allait à Europa-Park avec le CSC. Maintenant y’a plus de budget pour faire des meilleures sorties." Abdel se désole de voir certains jeunes de son quartier "cramer des trucs", mais il estime que "s’ils dealent, c’est de l’ennui, parce que leur frigo il est pas vide."