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Mohamed Zailioui devra toutefois s’armer de patience. Après un premier rendez-vous avec la Drac en mars 2024, le propriétaire doit désormais constituer un dossier justifiant l’intérêt patrimonial de l’édifice. La commission régionale du patrimoine et de l’architecture rendra ensuite plusieurs avis sur l’utilité de poursuivre ou non les démarches. Bénédicte Mathey estime que la durée totale du parcours pourrait prendre quatre à cinq ans. "On est très sollicités sur la région Alsace", justifie-t-elle. Le propriétaire et son ami tempèrent : "On est sur une pente douce. Et si ça ne se fait pas demain, on va continuer à notre rythme."

"On a même pensé à appeler Stéphane Bern" 

Quelques rénovations seront nécessaires pour maximiser les chances de voir l’édifice classé. Les matériaux qui dénaturent l’architecture traditionnelle du bâtiment peuvent freiner le processus. "Les fenêtres en PVC, le carrelage, le plafond…" : autant d’éléments que Mohamed Zailioui souhaite changer pour les rendre plus authentiques.

"On a même pensé à appeler Stéphane Bern, à lui proposer de venir faire un Rapido pour financer les travaux", ironisent-ils.

Un quartier peu valorisé au niveau du patrimoine

Début 2024, le propriétaire entame les démarches avec la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) du Grand Est, rattachée au ministère de la Culture. C’est cette administration qui instruira la demande de classement. Bénédicte Mathey, chargée de protection des monuments historiques à la Drac, suit le dossier depuis le départ. Un aspect de sa mission consiste à s’assurer que le motif principal de la démarche soit plus patrimonial que fiscal.

Les propriétaires d’un bâtiment classé peuvent en effet bénéficier d’une déduction d’impôts allant jusqu’à 100% des frais engagés pour la rénovation du lieu. À ses yeux, l’histoire du bar est intéressante, d’autant plus qu’il est situé dans un "quartier peu valorisé au niveau du patrimoine".

Accoudé au comptoir, entre la machine à café et les tickets à gratter, Mohamed Zailioui narre l’histoire du lieu. Il rachète le Nid de cigognes en 2016 après le décès de Nicole Teutsch, l’ancienne propriétaire. "Je lui ai rendu pas mal de services, j'ai toujours été là pour elle. Et un jour, elle m’a dit : c’est toi qui va reprendre l’affaire !", se souvient-il.

Un assemblage de colombages en forme de rosaces, des dizaines de fenêtres de tailles hétéroclites, une tourelle unique aux allures de donjon médiéval… Sur les bords de la route de Schirmeck, le bar-PMU Au Nid de cigognes détonne avec les maisons voisines.

Les cours de lecture du Coran et de religion relèvent quant à eux du centre Salam, du même nom que la mosquée située maintenant sur la place d'Ostwald. Ici, toutes ces activités cohabitent. Yannis, 8 ans, enchaîne son cours d’anglais avec le cours de lecture du Coran. Pour une centaine d’euros à l’année, 500 enfants et 90 adultes suivent les formations proposées tous les jours de la semaine, dans les quatre petites salles de cours décorées d'affiches éducatives et de dessins.

Faire lien, renouer avec ses origines 

Malika, résidente du Murhof, se promenait le long des berges quand elle a poussé pour la première fois les portes du centre. L’endroit lui a tout de suite plu. Aujourd’hui elle y enseigne la lecture du Coran et l’arabe aux enfants. Elle confie : "Quand les enfants viennent le soir, ils sont un peu fatigués, mais toujours heureux d’être là." "J’aime bien venir parce qu’on fait les devoirs et quand on a fini on peut faire des jeux de société", indique un garçon âgé de 8 ans gigotant sur sa chaise.

Moins qu’une gare, une halte. L’arrêt Strasbourg-Roethig est un tronçon de voie ferrée, à peine aménagé. Ses quais étroits sont disposés de part et d’autre du passage à niveau, faute de place pour les mettre face à face. Deux abris anti-pluie, un panneau d’affichage défectueux, une borne à tickets, un parking à vélos, "et même pas de banc pour s’asseoir", ajoute Patricia, pilier de gare depuis 2017.

Niché dans une petite maison sur les berges de l’Ill, le centre Salam propose à quelques 500 enfants et 90 adultes des cours de langue et de religion. Cet endroit, affilié à la mosquée Salam, répond à des besoins de transmission de la communauté musulmane et rythme également la vie de tout le quartier.

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