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Cette fois, la demande est portée par Transformons la place d’Ostwald (TPO). Créée par des habitants vivant aux abords de la place, l’association regroupe de jeunes cadres avec enfants nouvellement arrivés et des retraités qui y résident depuis des décennies. Installé depuis deux ans à la Montagne-Verte, Guillaume Durousseau est devenu un pilier de TPO. "On aimerait que ça soit un espace un peu modulaire pour accueillir des manifestations culturelles, les fêtes de quartiers, tout ce que veulent faire les associations de riverains", précise-t-il.

Réduire la circulation routière

L’initiative portée par TPO figure parmi les 80 propositions inscrites dans un projet de territoire lancé par la Ville il y a deux ans dans le but d’améliorer la vie du quartier. Hamid Loubardi, l’élu référent de la Montagne-Verte, est favorable à un réaménagement. Il y voit la possibilité de "végétaliser la place et de la protéger des voitures qui circulent", et aussi l’occasion "d’apporter une certaine sérénité". Cependant, le projet se heurte à un obstacle de taille : la circulation sur la route de Schirmeck, un axe emprunté chaque jour par plus de 20 000 véhicules. Nadine, secrétaire du cabinet vétérinaire situé sur la place, exprime de gros doutes : "Avec toutes ces voitures, je ne vois pas qui aurait envie de s’asseoir là."

Outre le Nid de cigognes, d’autres maisons et monuments sont typiques du style glacis à la Montagne-verte. Parmi eux, seul l’ensemble paroissial Saint-Arbogast est classé monument historique.  ©Arthur Besnard et Tom Soriano

"Mon fils a déjà la nationalité française. Je demande maintenant à l’avoir, peut-être que ça sera plus facile si je progresse en français", imagine-t-elle. Depuis l’adoption de la loi immigration en janvier 2024, l’administration exige que le demandeur de carte de résident ait une maîtrise de la langue suffisante (niveau intermédiaire B1).

"On n'a pas d'espace commun"

Quand l’heure vient de tout remballer, l’endroit redevient un parking, et le restera jusqu’au prochain marché hebdomadaire. Car la place d’Ostwald n’a de "place" que le nom. "On a envie de l’occuper cette place !", assure pourtant François Portal, le référent de la vie de quartier du centre socioculturel (CSC) :  "C’est le seul et unique endroit central de ce quartier dans lequel il n’y a nulle part pour organiser des événements." Katia Frank souligne :  "On n'a pas d’espace commun, on n’a que des gens qui se croisent dans la rue."

Motivés par l’envie de combler ce manque, certains habitants réclament le réaménagement de la place d’Ostwald. Leur idée : la transformer en un lieu de vie fédérateur au cœur du quartier. Ce désir est ancien. En 1990, un article des Dernières Nouvelles d'Alsace évoquait déjà cette volonté citoyenne : "Les associations de la Montagne-Verte souhaitent autre chose, s’attendent à mieux : une véritable place de quartier." Trois décennies plus tard, la question reste entière.

En pénétrant dans le centre socioculturel (CSC) de la Montagne-Verte ce mardi 19 novembre au soir, on entend des rires provenant de l’étage. Comme souvent après l’école, certains collégiens du quartier se retrouvent là pour prendre le goûter. Du rez-de-chaussée, Kévin Canavy, coordinateur jeunesse depuis onze ans, lance un "Babyfoot ?" enthousiaste. Des pas précipités dévalent l’escalier en PVC jaune. Un garçon d’une dizaine d'années au large sourire apparaît. Au creux de ses mains : trois perles de coco qu’il tend à l’animateur.

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Les poutres en bois et les colombages sont typiques de l'architecture du glacis. © Alizée Grides

Dans le quartier de la Montagne-Verte, l’ennui semble habiter certains jeunes au point de les pousser à troubler la tranquillité des lieux. Le manque de budget qui leur est dédié et la carence en espaces publics sont au cœur du problème. 

L’ambiance tranche avec l'effervescence des marchés du boulevard de la Marne ou de la halle de Neudorf. Pourtant les choses n’ont pas toujours été ainsi. Un fidèle de la place d’Ostwald se remémore un temps révolu : "Il y avait plus de clients avant, mais la moyenne d’âge a terriblement augmenté." "Il n’y a pratiquement que des retraités", déplore le vendeur de la ferme Mischler. "Par le passé, il y avait une vingtaine ou une trentaine de stands", se rappelle Katia Frank, une habitante de longue date.

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