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Les répercussions sont aussi économiques. « Après le 7 Octobre, une grande enseigne occidentale de vêtements, aujourd’hui honnie, m’a proposé un contrat de plusieurs milliers de dinars jordaniens, rembobine Hiba Abou Chawareb encore émue. Avant, je l’aurai accepté sans réfléchir ! C’était le contrat de mes rêves. Mais j’ai refusé. » Un engagement moral pas forcément suivi par tout le monde, d’autant que « les marques ont augmenté les montants des partenariats avec les influenceurs pour redorer leur image », assure l'influenceuse.
Mais la reconversion en militant n’est pas sans risque. Face au succès de sa vidéo sur le boycott, Hiba Abou Chawareb s’est vue attaquée en justice pour diffamation par les entreprises pointées du doigt. « J’avais montré leur logo, sans citer leur nom, se défend-elle. Mais ce type de vidéo n’est pas autorisée en Jordanie. Je dois bientôt me rendre au tribunal. Toutes ces entreprises nous mettent la pression. À vrai dire, je fais davantage attention à ce que je dis depuis. »
« J’ai refusé le contrat de mes rêves »
Les répercussions sont aussi économiques. « Après le 7 Octobre, une grande enseigne occidentale de vêtements, aujourd’hui honnie, m’a proposé un contrat de plusieurs milliers de dinars jordaniens, rembobine Hiba Abou Chawareb encore émue. Avant, je l’aurai accepté sans réfléchir ! C’était le contrat de mes rêves. Mais j’ai refusé. » Un engagement moral pas forcément suivi par tout le monde, d’autant que « les marques ont augmenté les montants des partenariats avec les influenceurs pour redorer leur image », assure l'influenceuse.
Certains sont allés plus loin. Grâce à des associations humanitaires, les fers de lance de l’influence jordanienne en ligne, comme Deya Elayyan (2,2 millions d’abonnés) ou Tamer Bessiso (un million), se sont rendus sur place pour filmer au plus près les ravages de la guerre. Une stratégie qui a décuplé leur audience, leurs « reportages » au milieu des ruines de Gaza dépassant tous le million de vues. « Il y a une autre guerre qui se déroule en ce moment sur les réseaux sociaux pour montrer la vérité. Ils sont les meilleurs outils pour partager ses opinions », analyse Alaa Bouchnaq.
En Jordanie, les vlogueurs ou humoristes les plus populaires sur Internet ont changé leur ligne éditoriale. Soutenus par des millions de followers, ils évoquent le conflit en relayant notamment les images terribles de victimes et de l’enclave bombardée. « Quand la guerre a commencé, j’étais très triste. Je savais que j’avais des abonnés français, américains, anglais…, se rappelle Alaa Bouchnaq, 32 ans, étudiante en journalisme d'origine palestinienne et suivie par 600 000 abonnés sur Instagram. Je voulais montrer que nous n’étions pas des terroristes, contrairement à ce que disent les médias occidentaux. J’ai essayé de rappeler le contexte de la guerre en anglais. D’autres influenceurs ont aussi partagé des vidéos dans plusieurs langues pour parler au plus grand nombre. »
Dès les premiers bombardements israéliens, « tous les influenceurs se sont mobilisés pour montrer ce qui était en train de se passer ». Pour Hiba Abou Chawareb, consultante en entreprise née à Gaza, Instagram n’est plus seulement une plateforme où partager sa passion de l’économie. Le réseau social est devenu le moyen de sensibiliser à la cause palestinienne. « Au début de la guerre, j’ai fait une vidéo sur la liste des marques occidentales à boycotter car elles soutiennent Israël. Elle est devenue virale, avec près de huit millions de vues. »
La mer Morte en fin de vie
Son niveau recule d’un mètre chaque année et sa superficie a chuté d’un tiers en cinquante ans : la mer Morte, partagée entre Jordaniens, Israéliens et Palestiniens, est en voie d’extinction. À cette vitesse, les scientifiques estiment qu’un autre tiers pourrait disparaître d’ici à 2050, jusqu’à ce que le mythique lac salé soit complètement asséché en 2100. Plusieurs facteurs concourent à ce tarissement dramatique, que rien ne semble pouvoir freiner. En premier lieu, le débit du Jourdain est de plus en plus faible. Le fleuve prend sa source au Liban, puis traverse la Syrie et partage la Jordanie et Israël. Chacun s’y sert, et à son arrivée dans la mer Morte, il n’en reste qu’un filet. Le réchauffement climatique a également entraîné une baisse des précipitations de deux tiers en Jordanie depuis les années 1970. Le projet du canal de la mer Morte, qui devait y acheminer de l’eau de la mer Rouge, suscitant de grands espoirs, a finalement été abandonné en 2021.