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En Jordanie, 12 % du PIB dépend du tourisme, et plus de 90 % des visiteurs sont occidentaux. © Mina Peltier

Des sons étranges retentissent. Tina Halaw, 24 ans, vient de frapper les cordes d’un merz ponder, un instrument tchéchtène de la taille d'un ukulélé. « Malheureusement, il est désaccordé, mais je ne peux pas en jouer de toute façon. On ne trouve pas de tutoriel sur YouTube, on apprend grâce aux autres », regrette-t-elle. Comme sa mère, elle est née en Jordanie et se définit « Jordanienne-Tchétchène ». Ils sont une dizaine de milliers de leur communauté à vivre dans ce pays. « Je n'ai pas choisi de venir ici, mais je suis très reconnaissante de ce que nous avons aujourd’hui », reconnaît Jumana, 50 ans, consciente de ce que leurs ancêtres ont traversé. Mère et fille sont fières de tout ce qui fait partie de leur origine : la langue, la cuisine, mais aussi les danses et la musique.

En 1944, le grand-père de Jumana fuit la Tchétchénie avec sa famille pour la Jordanie alors que Staline ordonne la déportation vers l’Asie centrale de ce peuple du Caucase. « En URSS, les musulmans n'étaient pas autorisés à prier », raconte Jumana. Libre de pratiquer son culte sur le territoire jordanien, leur aïeul a préservé les traditions de sa communauté. Près d’un siècle plus tard, Jumana continue de transmettre cet héritage tchétchène à ses trois enfants. « C’est l’essentiel de mon identité », clame Tina, sa fille aînée.

« Malgré les horreurs auxquelles font face nos proches en Palestine, nous nous unissons pour accueillir des talents palestiniens et arabes. Ce soir, nous affirmons notre droit d’exister, de résister et de partager nos histoires au monde », lit-on avant qu’une minute d’hommage ne s’engage. Un silence avant le rire. Une chanson pour la « liberté de la Palestine » aussi.

D’origine tchétchène, Tina Halaw et Jumana Arslan ont toujours vécu en Jordanie. Même si elles s’y sentent chez elles, les deux femmes cherchent à préserver les traditions de leur communauté. 

« Pétra, c’était les Champs-Élysées »

Les Occidentaux présents depuis les années 1920 se sont longtemps concentrés sur leurs périodes de prédilection, l’Antiquité romaine et la période biblique. Les Jordaniens ont, eux, tendance à se tourner vers les vestiges de la période islamique (VIIe-XIIIe siècles), seulement étudiée à partir des années 1990. Aujourd’hui, ils sont des centaines chaque week-end à arpenter le château médiéval d’Ajloun, au nord d'Amman. Les plus de 100 000 sites archéologiques de Jordanie sont une manne touristique pour le pays, dont 12 % du PIB dépend directement. Plus de 90 % des visiteurs sont occidentaux, attirés autant par la merveille qu’est Pétra que par les témoignages de l’occupation romaine et chrétienne de ces territoires bibliques.

Puis, ça enchaîne. La première partie, Ghalia Twal, ne s’embarrasse pas de politesses, et en vient vite au sujet de la guerre. « Est-ce qu’il y a des étrangers dans la salle ? » Malheur au groupe d’Américains qui se fait rapidement remarquer, la punchline est prête à l’emploi : « Vos taxes financent Israël et un génocide mais vos places de ce soir sont pour la bonne cause, donc je vous remercie ! » lâche la comédienne au ton cynique. Le tant attendu et acclamé Mo Amer arrive alors, moins offensif. À Amman, il se sent « un peu chez [lui] ». Émotion oblige, l’humoriste se confie… à sa manière : « J’ai dédié toute ma carrière à qui je suis. Bon, peut-être qu’après le 11 Septembre, j’ai été Italien pendant deux mois. » Pour le reste, beaucoup de classiques, peu de politique. L’accouchement de sa femme et les cris au moment des contractions « qu’on entend que sur National Geographic » ; les taxes en Jordanie ; la circulation au Caire. Ça rit, ça siffle, ça applaudit sans retenue.

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Les Jeux olympiques seront la dernière occasion d'aller chercher une médaille pour Julyana Al-Sadeq. © Océane Caillat

Occidentaux et jordaniens travaillent ensemble. © Mina Peltier

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Sur les sites de recherche, les scientifiques sont confrontés au pillage des trouvailles. © Mina Peltier

Qui sont les personnes les plus affectées ?

Parmi mes patients, ceux qui ont de la famille ou des amis à Gaza ont été les plus affectés. Ceux qui ne sont pas au cœur des événements sont aussi touchés, mais pour beaucoup par le biais des informations relayées par les médias. Et ça touche même des personnes en dehors du Moyen-Orient. Même si elles ne sont pas directement concernées, leur santé mentale est affectée.

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