09 mai 2025
Les eurodéputés ont débattu ce mercredi 7 mai de la façon de résoudre durablement le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Divisés, les Européens ont du mal à se faire entendre face aux États-Unis.
Alors que les États-Unis négocient actuellement un accord de paix avec l’Ukraine et la Russie, les eurodéputés cherchaient ce mercredi 7 mai à peser sur cet accord dont l’UE est exclue. "Nous devons prendre toute notre place car Donald Trump ne connaît rien à l’Ukraine et ne connaît rien à l’Europe", assurait l'eurodéputée du groupe des libéraux Renew Nathalie Loiseau. Déterminé à résoudre le conflit le plus rapidement possible, le président des Etats-Unis a en effet pris le parti de la Russie dans les pourparlers. Il se dit prêt à accepter la paix à n’importe quelle condition, quitte à ce que la ligne rouge fixée par le président Zelensky et l’UE soit franchie : abandonner les terres ukrainiennes occupées aux Russes. En plus de la Crimée annexée en 2014, les troupes russes occupent aujourd’hui cinq régions du Sud et de l’Est de l’Ukraine, ce qui représente en tout 20 % de son territoire.
Des divisions sur la question de l’intégrité territoriale de l’Ukraine
Depuis le début du conflit, l’Union européenne a toujours affiché son soutien total à l’Ukraine et à la préservation de l’intégrité de son territoire. Pour la cheffe du bureau italien du Centre de politique européenne, Dr Eleonora Poli, le Parlement a un rôle à jouer, même si ce n’est pas dans la prise de décision : "Ce sont toujours les gouvernements nationaux qui vont diriger l’Europe en termes de relations internationales. Les institutions européennes ont néanmoins le rôle de lancer la discussion ."
La majorité des députés s’accordent sur la position de l’UE et du président Zelensky à l’exception de l’extrême droite. Dans l’hémicycle, les groupes Patriotes pour l’Europe (PfE, extrême-droite) et Europe des nations souveraines (ESN, extrême-droite) ont manifesté leur soutien aux positions américaines : "La résistance acharnée de l’Ukraine relève du miracle. Il serait désastreux que le miracle, quand bien même entaché d’une amputation territoriale insupportable se termine en désastre", a appuyé le député PfE Pierre-Romain Thionnet. En 2014 déjà, des membres d’extrême droite, certains non inscrits et d’autres du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, n’avaient d’ailleurs pas soutenu la résolution du Parlement européen condamnant l’annexion de la Crimée par la Russie.
La paix en Ukraine : "à tout prix" ou "pas à n'importe quel prix" ? © Valentine Lécayon
Une difficulté à faire front uni
La montée de l’extrême droite pro-russe brouille le message de l’Union européenne sur l’Ukraine. C’est notamment le cas avec les députés bulgares du parti national Revival (affilié au groupe ESN), qui ont signé un accord de coopération avec le parti de Vladimir Poutine, Russie unie. Un accord dénoncé par la présidente du groupe Renew Valérie Hayer : "Il s’agit d’attaques flagrantes à nos valeurs communes ! Mais aussi à l’intégrité et à la réputation du Parlement". Elle a demandé l’ouverture d’une enquête visant à déterminer si le parti Russie unie a versé de l’argent aux députés bulgares afin d’influencer leur travail parlementaire. Elle a également insisté pour s’assurer que les eurodéputés présents au défilé du 9 mai à Moscou ne fassent pas le déplacement aux frais du Parlement.
Quentin Baraja et Valentine Lécayon
L'UE reconduit la suspension des droits de douane pour l'Ukraine
L’Ukraine va pouvoir continuer à exporter ses ressources en Europe librement. Ce jeudi 8 mai, les eurodéputés ont voté le renouvellement de la suspension des droits de douanes et des quotas sur les produits en provenance de l’Ukraine, en particulier le fer et l’acier. Renouvelée pour la quatrième fois, cette mesure vise à dynamiser le commerce du pays en période de guerre et à lui permettre d’augmenter ses recettes commerciales. Avec un résultat de 29 pour, huit contre et deux abstentions, la facilitation du commerce entre l’Ukraine et l’UE est assurée jusqu’en 2028. Parmi les votes contre, cinq étaient issus de l’extrême droite.