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Selon Donald Trump, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) est « dirigée par une bande de fous extrémistes ». Par décret, l’USAID est presque réduite à néant dès ce vendredi soir. Les ONG et associations françaises souffrent des conséquences.

L’administration Trump veut réduire le nombre de personnels de l’USAID à moins de 300 personnes contre plus de 10 000 actuellement, soit une coupe 97%, a rapporté ce vendredi 7 février le New York Times. Les responsables de l’USAID ont également été informés qu’environ 800 programmes et contrats administrés par l’agence étaient annulés, a ajouté le quotidien.

Quelques jours après son investiture le 20 janvier, le président américain avait déjà signé un décret par lequel il gelait pratiquement toute l’aide internationale pour 90 jours. Ce lundi 3 février, Elon Musk, chargé par Donald Trump de réduire les dépenses du gouvernement fédéral, a pris la décision de mettre tous les employés de l’USAID en congé administratif à partir de vendredi 23h59 (heure locale), à l'exception des employés occupant des postes indispensables et de ceux travaillant sur des programmes spécifiques.

USAID financeur capital de deux grandes ONG françaises

La France s’engage fortement dans la coopération internationale au développement. De nombreux programmes sont coordonnés ou cofinancés par des partenariats avec l'USAID. Selon France Inter, « près d’un tiers du financement de deux grandes ONG françaises, qui ne veulent pas être citées », est réalisé par l’USAID. Le soutien financier de l'ONG humanitaire Solidarités International par l’Agence américaine pour le développement est également réduit d'un tiers, relève France Inter.

Concrètement, ce sont surtout les programmes en Afrique qui sont touchés. En République démocratique du Congo, USAID représente 70 % de l'aide humanitaire. Au Cameroun, au Kenya et au Nigeria, les agents de santé ont dû stopper leur travail. Les chaînes d’approvisionnement de médicaments contre le paludisme ont été interrompues, rapporte France24. Dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la lutte contre la pauvreté, des organisations ou des ONG sont contraintes de réduire ou de cesser leur travail.

La France a réduit de 34% son financement de l’aide cette année

Médecins sans frontières (MSF) ne reçoit pas de financements de l'USAID et n’est pas directement affectée par le gel de ces aides. Cependant, un porte-parole de MSF prévient que des besoins de santé et humanitaires seront « encore plus grands et des carences supplémentaires dans l’assistance » verront le jour, suite à la suppression de l’Agence américaine pour le développement. De plus, « certains projets de MSF pourraient être directement impactés, avec par exemple une pénurie d’intrants », tel que les médicaments, indiqués pour traiter l’infection de VIH, traitements nutritionnels ou antipaludéens.

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Pour MSF, « cette suspension de USAID révèle la fragilité du système international d’aide, et sa dépendance aux financements américains. Il ne faut pas s’attendre à ce que d’autres bailleurs pourvoient au manque de manière significative – la France ayant réduit son financement de l’aide de 34% cette année et la tendance étant aussi au désengagement en Europe. »

Shawn-Orric Dreyer avec AFP

Édité par Tristan Vanuxem 

Une campagne axée sur des enjeux agricoles propres au Sud-Ouest

“Ce qui nous intéresse, c’est l’effet boomerang”, faisait savoir Serge Bousquet-Cassagne, avant l’annonce des premiers résultats. Pour ravir des départements à l’alliance FNSEA-JA, la CR a misé, pendant sa campagne, sur des territoires aux singularités locales fortes. 

Dans le Gers, la grippe aviaire a particulièrement frappé la filière avicole en 2024. A l’été, les négociations autour du taux de remboursement par l’Etat de la vaccination des canards ont attisé la colère des éleveurs. Et ce sont les “bonnets jaunes” , par la voix du président de la CR du Gers, Lionel Candelon, qui ont porté le combat par des actions ciblant directement le gouvernement et “ses promesses non tenues”. Une occasion également de cibler leur concurrent direct, la FNSEA, qu’ils accusent de “co-gestion”, soit d’être trop proche de l’agro-industrie et des gouvernements successifs. 

En Gironde et dans le Lot-et-Garonne, départements producteurs de légumes, la concurrence espagnole a été mobilisée comme argument de campagne. En novembre, la CR a bloqué l’autoroute A9, près de la frontière espagnole, “fleuve de fruits et légumes qui arrivent d’Espagne”, dénonçait Serge Bousquet-Cassagne, qui voulait “provoquer un chaos et une pénurie alimentaire”. 

A l’inverse, alors que les exploitants laitiers sont peu présents dans le Sud-Ouest, des régions dominées par l’élevage de vaches laitières, comme la Bretagne ou les départements producteurs de fromage (Vosges, Haute-Savoie, Savoie, Haute-Saône, Doubs, Haute-Loire), sont restées sous le giron de la FNSEA. Lors des crispations autour de la collecte de lait avec la multinationale Lactalis, en septembre, le syndicat présidé par Arnaud Rousseau était en première ligne.

Le Sud-Ouest, berceau des colères agricoles

Sans remonter jusqu’à la révolte des Croquants, révolte paysanne du Sud-Ouest au XVIIe siècle, la “révolte des gueux” du Midi en 1907, est un exemple d’une tradition insurrectionnelle propre au Sud-Ouest. Secoué par une crise de surproduction, les viticulteurs s’étaient mobilisés pour dénoncer la concurrence du vin algérien et la dégradation de leur production en organisant des manifestations et des actions directes. 

De la même manière, en février 1980, pour protester contre la baisse des prix agricoles, provoquée notamment par la concurrence de l'agriculture espagnole, les paysans du Languedoc-Roussillon avaient incendié et pillé des camions en provenance d’Espagne. Aujourd’hui, la CR s’inscrit dans la lignée de ces mobilisations, radicales et sensationnelles, faisant des “bonnets jaunes” le syndicat ayant le plus tiré profit de la crise agricole.
 

Ismérie Vergne

Edité par Yanis Drouin

[ Plein écran ]

Elon Musk a pris la décision de mettre tous les employés de l’USAID en congé administratif à partir de vendredi 23h59. Photo Wikipedia Commons

L’adjointe est rapidement coupée, interpellée par des mères qui pointent que “des logements vacants sont là, juste en face de l’école”. Hülliya Turan répond que ceux-ci appartiennent aux bailleurs sociaux et non à la mairie, mais évoque une réunion la semaine passée avec ces interlocuteurs. Une manifestante s’indigne : “On est obligés de se mobiliser pour avoir des informations, sinon on a l’impression d’être seuls.” Alors la réflexion s’oriente sur la suite du mouvement : “Qu’est-ce qu’on doit faire pour que l’Etat réagisse ?”, demande une parent d’élève à l’élue. Question qui n’aura pas de réponse.

Un mouvement national pour l’hébergement des élèves à la rue

Sans réaction de la préfecture, les mobilisés se sentent impuissants. Mais ils ne sont pas seuls : les actions se multiplient dans les établissements scolaires de Strasbourg. Les parents d’élèves du collège Lezay-Marnésia, dans le quartier de la Meinau, sont mobilisés depuis le début de l’année. Ils ont obtenu l’hébergement de 17 enfants par la mairie. Le matin de ce 6 février, le collège Kléber organisait aussi un rassemblement. Et d’autres écoles l’ont fait ces dernières semaines : l’école primaire Saint-Jean, la maternelle Albert-Le-Grand…

Pour Emmanuelle Antiguebieille, co-présidente de l’association de parents d’élèves APEPA jointe par téléphone, “les cas vont encore se multiplier”. Elle évoque cinq ou six établissements scolaires de Strasbourg qui se préparent à monter au créneau. La représentante des parents d’élèves estime que ce n’est pas tant le succès à Lezay-Marnésia que le nombre croissant d’enfants à la rue dans la capitale alsacienne qui entraîne ce mouvement. Elle met enfin en avant le caractère national de ces mobilisations : un réseau nommé Élèves sans toit a vu le jour en 2022, pour porter cette problématique dans toute la France. Le collectif a récemment édité un guide pour aider les parents d’élèves et enseignants à mener des actions : le Toitoriel.

Devant l’école Léonard-de-Vinci, les parents évoquent une dernière raison à la mobilisation massive dans les écoles de Strasbourg : celle de l’arrivée des vacances. Une enseignante glisse : “C’est la dernière occasion de nous faire entendre avant ces deux semaines, que ces enfants vont passer dehors, dans le froid…”

Yves Poulain

Édité par François Bertrand

De nombreuses chambres d'agriculture du Sud-Ouest ont basculé dans l'escarcelle de la Coordination rurale, à l’issue des élections professionnelles de janvier. Webex fait le point sur la stratégie du syndicat contestataire, à la conquête de la Nouvelle-Aquitaine. 

Les grilles s’ouvrent et laissent sortir des centaines d’enfants, pressés de rentrer chez eux après une journée d’école, excités à l’approche des vacances. Si la majorité des familles partent vite, refroidies par la température de ce jeudi 6 février, un attroupement d’une quarantaine de parents d’élèves se forme devant l’enceinte de l’école Léonard-de-Vinci, dans le quartier de l’Elsau à Strasbourg. Des banderoles sont sorties, quelques écoliers scandent spontanément : “Plus d’enfants à la rue ! Plus d’enfants sans maison !”

Cinq familles dont les enfants sont scolarisés dans l’établissement, en maternelle ou en primaire, dorment à la rue. Dans des voitures, des tentes ou des halls d’immeuble. Quand les enseignants ont entendu parler de cette situation, ils ont été révoltés. “On demande à des enfants de résoudre des calculs alors qu’ils ont passé la nuit sous une tente ?, s’indigne une enseignante. On n’arrive pas à s’y résoudre.” Des lettres ont été envoyées au rectorat et à la mairie pour proposer l’utilisation du gymnase municipal, restées sans réponse selon les manifestants. Pour avoir plus d’impact, les parents d’élèves ont donc décidé de se mobiliser.

“Il y a des problèmes sociaux et sanitaires très graves”

“Ça me scandalise, il fait un froid de canard, tonne Nadia, une mère d’élève, en frissonnant. Je n’arrive pas à imaginer qu’un enfant de cet âge reste dehors plus de 25 minutes.” Une autre femme renchérit : “Pour les nôtres, une récré c’est déjà très long…” Ces mères en ont parlé à leurs enfants, “mais en gardant l’anonymat des familles. On sait qu’entre eux, ils ne sont pas toujours très gentils.” 

C’est l’heure du goûter, des dattes circulent dans l’assistance, pendant qu’un enfant lit le communiqué du collectif. Un texte qui vise surtout la Communauté européenne d’Alsace, la mairie et le rectorat. “Au niveau associatif et social, cette mairie est une catastrophe, déplore Soumia Yahyaoui, présidente du centre social et culturel de l’Elsau. On ne parle que d’écologie alors qu’il y a des problèmes sociaux et sanitaires très graves.”

“Qu’est-ce qu’on doit faire pour que l’Etat réagisse ?”

Le communiqué va obtenir une réponse directe : Hülliya Turan, adjointe à la mairie de Strasbourg chargée de l’éducation, est venue échanger avec les manifestants. Elle commence par adresser “un grand merci aux personnes présentes”, avant de rappeler que “le droit au logement est un droit fondamental”. L’élue met en avant l’ouverture de 600 places d’hébergement par la municipalité depuis 2020. Elle renvoie la responsabilité de l’hébergement des familles à l’État dont c’est la compétence, et qu’elle accuse de ne pas agir pour dégoûter les personnes issues de l’immigration.

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