Le Neuhof en chiffres
(Sources : Eurométropole / INSEE 2009)
Infos pratiques
Mairie de quartier
165a, avenue du Neuhof
Tél. 03 88 60 95 27.
Espace culturel Django Reinhardt
4, impasse Kiefer
Tél. 03 88 79 86 69.
Centre socio-culturel
11, rue Antoine Becker
Tél. 03 88 39 09 00.
Mercredi 10 octobre
20h : Reverie + Gavlyn, à l'espace Django Reinhardt
Jeudi 11 octobre
13h30 - 16h : sortie au Musée alsacien avec les seniors avec le CSC
Vendredi 12 octobre
14h : séance de méditation pour tous, association cité-santé et CSC
17h30 à 22h : Sortie Caracalla avec le Centre Social et Culturel, départ en bus à l'arrêt de bus, rue de la Klebsau. Tarif : 13€
20h30 : Altin Gün + Anatolia, à l'espace Django Reinhardt
Samedi 13 octobre
14h30 - 16h30 : tournoi de jeux vidéos à la Médiathèque du Neuhof
Mercredi 17 octobre
14h - 17h : Visite de la Fabrique de théâtre dans le cadre des semaines de l'égalité et des discriminations avec le CSC
Samedi 20 octobre
14h à 17h30 : Balade en forêt familiale « Sortie Chataîgne » avec le CSC. Inscriptions au 03.88.43.07.52
20h30 : Tim Dup, à l'espace Django Reinhardt
26 septembre 2014
L’adaptation au cinéma de l’autobiographie du rappeur originaire du Neuhof, Abd Al Malik, intitulée Qu’Allah bénisse la France, sortira en salles en fin d’année. Un condensé en noir et blanc des histoires de son quartier, évoquées dans les textes de ses albums solos. Le Neuhof sous la plume de Régis Fayette-Mikano, alias Abd Al Malik.
« Je suis aveuglé par des murailles de tours, je me dis, il ne peut rien y avoir derrière ces remparts » (La gravité, album Gibraltar). Difficulté à sortir du quartier, à se projeter en-dehors des barres d'immeuble : cettte réalité, que partage nombre de jeunes du Neuhof, Abd Al Malik la raconte en musique depuis plus de quinze ans. Il l'a également retranscrite dans son autobiographie Qu’Allah bénisse la France, adaptée au cinéma cette année (sortie prévue le 10 décembre 2014). Grâce à ses résultats scolaires, lui a pu s’en sortir. Il n’a pas effectué sa scolarité comme les autres jeunes du Neuhof. Il a été envoyé dans des établissements privés, le collège Sainte-Anne à Neudorf, puis le lycée Notre-Dame- des-Mineurs, dans le quartier de la Gare. Un parcours néanmoins semé d’embûches. Le week-end, il retournait « travailler » dans son quartier : deal de shit et vols en tout genre. « J’étais voleur, et avant d’aller voler, je priais (…), je demandais à Dieu de ne pas me faire attraper (…) qu’à la fin de la journée, le liquide déborde de mes poches » (Les autres, Gibraltar).
Toujours, au pied des tours, la tentation de l’argent facile : flamber plutôt que travailler. Le rappeur reste tiraillé entre deux mondes, entre études et économie parallèle. Une dichotomie qui le poursuivra jusqu’à l’âge adulte. Plus tard, après avoir embrassé l’Islam, ce sera la question de ce qui est licite (hallal), de ce qui ne l’est pas (haram) et donc de la place du rap dans cette opposition. Et même sur sa première vision de l’Islam, vision répandue dans le quartier, il porte un regard critique, la juge réductrice. « Du jour au lendemain j’ai viré prêcheur, promettant des flammes aux pécheurs, des femmes aux bons adorateurs (…) je continuais ma parodie, mon escroquerie spirituelle » (Les autres, Gibraltar). Son autobiographie, il a choisi de la filmer en noir et blanc. Peut-être une façon d’illustrer les contradictions d’Abd Al Malik, le nom qu’il a choisi au moment de sa conversion.
Parmi ses camarades d’infortune, beaucoup ne sont plus là. Adolescent il a vu « le destin nous descendre un par un, morts par overdoses, par armes à feu, par arme blanche ou par pendaison » (Soldat de plomb, Gibraltar). L’arrivée de l’héroïne dans les années 80 a marqué l’esprit de Régis Fayette-Mikano. À l’époque, l’icône s’appelait Tony Montana, le héros du film de Brian de Palma, Scarface. Elle a succédé à l’ennemi public numéro 1, Jacques Mesrine. « Il connaît toutes les répliques du film Scarface (…) il vend de la CC [cocaïne], il joue les barons, le duc de la cité » (Roméo et Juliette, Dante). Comme son idole, la jeunesse du quartier n’en ressort pas indemne. « Nous étions dans cette cave, et tout notre escadron s’est mis à sniffer de la came (…) des copines que j’avais connues belles, s’étaient changées en loques humaines, à cause de l’héroïne qu’elles s’étaient injectées dans les veines » (Soldat de Plomb, Gibraltar). Une sorte de Paradis artificiel auquel le musicien n’a jamais voulu accéder. Avec la conscience des risques, mais par amour propre avant tout.
Difficile d’échapper à la tentation. Certains tentent de s'en sortir par le biais du verbe. Le rap ou la religion. Abd al Malik, comme son frère Bilal, a choisi les deux. La musique pour mettre des mots sur la réalité du quartier, et l’Islam, pour renaître. Avant sa carrière solo, Abd Al Malik a fait ses premières armes au sein du groupe NAP (New African Poets). Un moyen de parler des mauvais, mais aussi des bons côtés du quartier. Des repas familiaux avec les cousins du «bled» aux échanges entre communautés, en passant par les figures exemplaires, « maman qui nous a élevé toute seule, nous réveillait pour l’école » ou bien « le père de Majid, qui a travaillé toutes ces années de ses mains, dehors, sans jamais se plaindre » (C’est du lourd, Dante).
Même après une carrière de plus de vingt ans, qui l’a fait voyager aux Etats-Unis, comme au Maroc, Abd Al Malik reste « le gars de téci [cité], le mec de banlieue qui aurait pu finir shooté à l’héroïne, pendu dans une cellule ou rempli de colère, salissant la belle religion qu’est l’Islam, en ne pensant qu’à détruire » (HLM Tango, Dante).
Bande annonce du film Qu'Allah bénisse la France
Alexis Boyer et Julien Pruvost